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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Evergrey

Torn

LabelSPV
styleHeavy Dark
formatAlbum
paysSuède
sortieseptembre 2008
La note de
U-Zine
7/10


U-Zine

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Si l'on voulait faire dans la métaphore filée, on pourrait facilement dire que les Suédois d'Evergrey ont déchiré le cœur de leurs fans de la première heure en sortant Monday Morning Apocalypse, album moyen et décevant au vu des efforts précédents. Ils se sont retrouvés alors le cul entre deux chaises : leurs racines heavy et power métal d'un côté et cette nouvelle tendance plus mélo dans tous les sens du termes. Bien sûr Tom Englund, le chanteur-leader du groupe est un homme à l'écoute et sa défense sans grande conviction de cet album nous avait bien fait sentir qu'il s'agissait là d'un faux pas dans l'évolution du groupe et qu'il serait corrigé avec le suivant. Voilà dans quel contexte arrive Torn, qui attire tout de suite par sa pochette fouillée et intrigante. On verse presque dans le style manga, assez chargé, avec de nombreux détails et une couleur pas forcément très bien choisie. On sait qu'Evergrey développe des concepts fouillés autour de thèmes pas joyeux pour un sou : la manipulation mentale, l'attirance de certaines personnes pour les petits garçons. Mais là, on cherche sans vraiment trouver de fil rouge, si ce n'est ce côté « gris », sombre et triste dans l'ambiance, qui caractérise le groupe.

Deuxième trait reconnaissable : le son. Il n'a pas vraiment changé depuis Recreation Day et il semble représenter parfaitement ce que le groupe cherche à mettre en valeur dans sa musique. La tête pensante du groupe est aussi le chanteur-guitariste, donc rien d'étonnant à retrouver ces deux postes à l'avant de ce son. Au niveau du fond, Torn commence sur deux titres qui ne vont pas rassurer les fans. Broken Wings et Soaked sont deux incarnations du Evergrey que l'on voudrait voir disparaître : les riffs, tout comme les mélodies, sont pauvres et, si elles accrochent l'oreille, brillent aussi par leurs platitude. Faux départ. De plus on a la fâcheuse impression qu'Englund cherche à se mettre en avant et c'est bien cela que l'on pouvait lui reprocher : le manque d'esprit d'équipe. Certes c'est son groupe, mais ce n'est pas Malmsteen non plus !

Et puis vient Fear, et là l'ambiance change, les guitares se font acérées et le riff plus puissant et précis. On quitte la simplicité et la guimauve et on retrouve la machine Evergrey qui avance d'un pas, des voix doublées, un piano discret mais judicieusement placé, une basse qui sonne bien et surtout un côté métal puissant. Le tout sans laisser de côté la tristesse sous-jacente qui anime la formation. La suite de l'album va osciller entre retour vers la source, moment de faiblesse et quelques essais sur une nouvelle branche, plus power.

Si l'on prend l'exemple de Still Walk Alone, on sent encore la composition hésiter entre un gros riff implacable et des refrains un peu stériles où la voix légèrement geignarde d'Englund ne fait pas forcément de merveille. Quant à la doublette Numb et Torn, on sent que l'expérimentation est toujours une des composantes d'Evergrey : plus power, on sentirait presque une pointe de Nevermore dans le riff de départ. Il subsistent quelques réglages au niveau des couplets mais le résultat est assez convaincant. Le tout est assortie de maints soli, qui sont là aussi empreints de la patte du groupe, avec une guitare qui parfois traîne un peu, histoire de créer un côté dramatique. Le cas Torn est plus subtil est se limite à quelques parties qui semblent glaner quelques idées du côté de groupe comme Katatonia, mais l'argument est discutable car certains critiques ont détecté cet aspect doom depuis fort longtemps.

En fait, Evergrey a voulu faire oublier l'épisode Monday Morning Apocalypseavec Torn, et se remettre sur les rails de leurs albums précédents. Ils sont revenus vers un son plus bruts et des compositions plus directes sans négliger leur aspect sombre. Ils réussiront sans peine à regrouper les brebis égarées par leur performance passée et les remettre sur le droit chemin. Cela dit, ils devront encore travailler sur l'émotion, car sans elle la puissance n'est rien, comme ils ont su le prouver avec brio sur le majestueux The Inner Circle. Les quelques restes de leur période guimauve devront fondre et laisser place à une musique plus centrée sur des sons qui touchent l'auditeur. Ils ont réussi à le renverser, maintenant ils faut l'émouvoir. L'essai se doit d'être transformé si Evergrey veut ressortir du trou qu'ils se sont eux mêmes creusé. Le plus dur est fait, l'attention est captée.

1. Broken Wings
2. Soaked
3. Fear
4. When Kingdoms Fall
5. In Confidence
6. Fail
7. Numb
8. Torn
9. Nothing Is Erased
10. Still Walk Alone
11. These Scars

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