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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Totalselfhatred

Totalselfhatred

LabelOrdo Decimus Peccatum
styleBlack Metal Dépressif
formatAlbum
paysFinlande
sortiejuillet 2008
La note de
U-Zine
10/10


U-Zine

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Les pays nordiques sont des zones de dépressifs, c'est bien connu. Mais que font les plus sombres des habitants de ces pays lorsqu'ils veulent faire part de leur amertume ? Et bien, ils font un album, tout simplement. C'est ainsi qu'est né le black dépressif, une musique cherchant à provoquer un malaise et une haine chez l'auditeur, tout en visant à propager leur maladie et en faisant le nécessaire pour marquer l'auditeur en le bouleversant à jamais. Une bien noble cause. Mais voilà, avec un tel cahier des charges, il y a d'énormes échecs, des albums juste passable, d'autres où l'on reste totalement impassible...Mais ce genre métallique peut aussi fournir les plus belles perles du milieu que nous chérissons tous, le métal. C'est donc à ceux là que nous nous intéressons, et ce premier album des Finlandais en est un des plus fidèles représentants.

Cet album, c'est la mélancolie à l'état pur. Les quelques notes de piano du premier et splendide morceau de cet album laisse entrevoir une porte grande ouverte pour entrer dans l'univers onirique et accablant de ce chef d'oeuvre qui traversera les temps en restant encré dans la mémoire de chacun. Voilà de quoi utiliser à bon escient le temps fournit par la retraite, au lieu de raconter des histoires aux petits enfants, mieux vaut transmettre les mémoires de cette représentation imaginaire d'un monde enneigé, où l'on est seul, où l'on marche dans cette matière blanche tombé de cieux complètement noirs. Une voix sortant directement d'un subconscient suicidaire, des guitares d'une beauté incommensurable, une basse accomplissant son rôle à merveille, plaçant chaque note parfaitement au poil de cul...Et puis, le tout est orchestré d'une manière tellement unique et magistrale...Mais bordel, qui oserait y résister ? Cette homogénéité dans les morceaux, cette nappe de poignards criants de se jeter dessus...Qu'on m'indique la voie à suivre pour m'en remettre. Ici, TotalSelfHatred pourrait rajouté un banjo ou un harmonica, tout le monde trouverait ça complètement sensationnel. On pourrait entendre un long larsen pendant de longues minutes, on interprèterait ceci par un plongeon funèbre dans les entrailles de la terre. Ces mecs là, ils ont tout compris.

Mais voilà, même s'il est indéniable que TotalSelfHatred est un groupe de black, il s'écarte totalement de l'esprit et la musicalité du milieu. Les mélodies, les quelques claviers très ambiants, tout est orchestré d'une manière absolument unique n'appartenant qu'à eux seuls. Et puis voilà, même à l'intérieur d'un style aussi fermé que le black métal dépressif, ceux là brisent les limites de cette sombre secte. Là ou un groupe comme Shining donnerait envie de tuer tous les gens qui nous entoure et de se suicider après, TotalSelfHatred ferait plutôt afficher une lubie soudaine pour crier son désespoir par la fenêtre, tout en sautant bien évidemment après (bah oui, forcément).

Des morceaux plutôt longs, des rythmiques tantôt incisives et tantôt oniriques, un feeling résolument nordique, et bien sûr, histoire de ne pas s'endormir, de la double un peut partout, tous ces éléments sont les armes visibles et chroniquables de cet album, mais il est bien évident que quelque chose se cache derrière tout ça...TotalSelfHatred fait partit de ces groupes ayant réussi le pari de crée un univers à eux, un véritable hiver éternel. La victime principale de cette douce mais piquante tentative de meurtre n'est pas vos oreilles, votre cerveau, mais bien votre âme, entament un long voyage dans une neige bleutée et profonde.

Quel groupe porte mieux son nom ? Le sentiment de total haine de soi même est parfaitement maîtrisé, plongeant l'auditeur dans son imagination, projetant un film dans son esprit. Une haine parfaitement menée de bout en bout, en partie grâce aux vocaux de A et C, avec leurs cris délirants, hystériques et captivants. Sur cet opus, on a l'impression que chaque note a été travaillée dans le moindre détail, bien souvent humainement inaudible. Mais quel est la recette magique pour produire nous aussi un monde entier ? Quel est le secret pour invoquer l'éternité appelée par ces prouesses musicales inhumaines ? Mieux vaut qu'ils gardent seuls cet ésotérique secret, cela pourrait tomber entre de mauvaises mains (comment ça une impression de déjà vu ?!).

Chaque morceau est un coup de coeur, chaque note est une révélation. Pourtant, la diversité n'est pas absente de cet album. En effet, les mélodies mélancoliques et froides et de Enlightment ou de Ruoska sont aussi contrebalancés par les riffs tranchants de Sledge-Hammered Heart ou Mighty Black Dimensions pour apporter un certain équilibre à ce mythe. Un mythe, car le temps ne produira sur lui absolument aucun effet néfaste, un mythe car rien ni personne ne peut ne serait-ce que prétendre résister à cette journée du délire le plus jouissif scellé en cette galette. Pourquoi attendre et rester sur cette page à méditer sur ma chronique ? Allez, trêve de bavardage, allez prendre votre billet pour le voyage le plus désorganisé et mémorable de votre brève existence.

1. Enlightment
2. Ruoska
3. Sledge-Hammered Heart
4. Spirituelles Equilibrium
5. Mighty Black Dimensions
6. Carving
7. Total Self-Hatred

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