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samedi 3 février 2018

Volahn + B.H.L. + Arizmenda + Dolorvotre @Lyon

Rock'n'Eat - Lyon

S.

Connaissez-vous le Black Twilight Circle ? Peut-être pas. Il s’agit d’un groupuscule originaire de Californie, gravitant autour de quelques individus appartenant à une multitude de groupes, où l’on retrouve d’ailleurs souvent les mêmes membres. D’origine mexicaine, ces derniers ont comme concept musical les civilisations précolombiennes et en particulier les Aztèques. On peut les considérer comme le pendant de nos formations scandinaves en Europe, avec la mythologie nordique. Leurs différentes productions sont toutes réunies sur le label Crepusculo Negro. Parmi ces projets, certains sortent du lot, je pense notamment à Volahn et Arizmenda.

Les Américains ont entrepris une tournée européenne de seize dates entre le 18 janvier et le 3 février. Parmi elles, trois rendez-vous en France sont programmés : Lyon, Paris et Bordeaux. On peut dire que voir ces formations se produire dans la capitale des Gaules n’est pas un événement qui va arriver tous les quatre matins, alors pas d’hésitation à avoir et direction l’autel de cérémonie : le Rock’n’Eat.

C’est pour ma part la première fois que je me rends dans cette salle, au sein du neuvième arrondissement, en rive droite de la Saône. C’est d’ailleurs assez normal puisqu’elle est assez récente. Il s’agit d’un bar avec un espace dédié aux manifestations live, le tout au sous-sol.

Le plateau de ce soir est organisé par Ytormis Productions, petite association qui, tranquillement, monte en puissance dans la région.

 

Avec une ponctualité appréciable, les hostilités commencent peu avant 21 heures, avec Dolorvotre. La formation ne possède à ce jour qu’un seul album, sorti en 2011. Cinq titres vont nous être interprétés, dont deux vraisemblablement inédits (« Abomination of Purity », et « VON »). Sous des spots bleus fixes et un ensemble de bougies et d’ossements, le quatuor va plutôt mal commencer, la faute à un son très médiocre, avec une batterie qui écrase tous les instruments, y compris la voix, assez peu discernable dans cette bouillie sonore. Tout cela va peu à peu s’arranger durant le set, mais on ne peut pas dire que leur Black Metal m’ait convaincu, trop quelconque, trop linéaire, trop le capharnaüm. Je commence à m’inquiéter par la suite : est-ce l’exiguïté de la salle qui impacte la qualité sonore, ou pas ?

Setlist :
D.M.T.
Carrion of Immorality
Abomination of Purity
VON
Worship Black Twilight

 

 

Des quatre formations présentes ce soir, c’est surtout Arizmenda qui m’intéresse. C’est assez logique, puisque dans le Black Twilight Circle, c’est sûrement ce projet qui retranscrit un Black Metal sous sa forme la plus occulte. Les riffs d’un « Scabbed Knees, Rope and Vaseline » (Stillbirth in the Temple of Venus) me hantent encore l’esprit alors que le groupe se prépare. Préparer est d’ailleurs un bien grand mot, puisqu’on assiste à un jeu de chaises musicales : le batteur du groupe précédent, Juan Cabello, devient frontman vocaliste-bassiste ; l’ancien chanteur, Eduardo Ramírez, passe à la guitare ; l’ex-guitariste se positionne à la batterie, etc (à quelques exceptions près, c’était ainsi durant toute la soirée).

Cette fois, plus d’éclairage artificiel, seules les nombreuses bougies disposées un peu partout sur la scène permettront de se plonger dans l’atmosphère d’Arizmenda. D’entrée le groupe frappe fort avec « Embrace Beauty in your Arms... and Slit Her Throat ». Les riffs aussi assassins que cosmiques mettent peu de temps à me transcender, surtout avec la prestation vocale de haute volée de mister Cabello, des lamentations et cris possédés, déshumanisés. Toutefois, les deux titres suivants vont un peu me faire retomber dans mon extase, ayant du mal à me retenir dans la haute sphère transcendantale, la faute à ce son trop brut lié au live et à la configuration de la salle, qui dénature ce qu’on peut trouver sur album. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis déçu, mais on ne va pas se mentir, je m’attendais à mieux. Ceci dit, ce premier titre a fait ma soirée.

Setlist :
Embrace Beauty in your Arms... and Slit Her Throat
Poison yourself with Thought
Voices in my bed

 

 

On s’échange de nouveaux les instruments et les places. Ah non, voici une tête inconnue jusqu’alors, pour la partie vocale. C’est au tour de B.H.L., diminutif de Blue Hummingbird on the Left, traduction de Huitzilopochtli, divinité de la guerre et du Soleil chez les Aztèques. On s’inscrit donc pleinement dans le concept du Black Twilight Circle évoquée en introduction à ce live-report. Musicalement, c’est probablement B.H.L. qui va le plus retranscrire cette ambiance précolombienne ce soir. Malgré une influence clairement tournée vers le Black / Death sud-américain, les quatre individus vont se démarquer avec leur vocaliste, présentant un jeu assez varié et plutôt exotique pour nous autres Européens. Celui-ci intègre ci et là quelques incantations shamaniques et des instruments à vent peu communs, l’un reproduisant le cri d’un rapace et l’autre quelque chose d’indéterminé (le vent ? un animal sauvage ?). Malgré cette originalité, le groupe va peu à peu me faire entrer dans la lassitude, les morceaux me paraissant assez similaires les uns des autres. En plus, il y a toujours ce son qui me dérange, avec cette batterie un peu trop présente à mon goût.

Setlist :
Sun
Warclub
Hail Huitzilopochtli
Camino de Guerra
Rain
Campaign
Storm
Life death Rebirth
Debajo del Simbolo del Sol
Southern rules Supreme
Moon

 

 

On enchaine avec la tête d’affiche de la soirée : Volahn. Comme dit plus haut, il s’agit en quelque sorte du porte-étendard du Black Twilight Circle et l’une des formations les plus anciennes également. Bien que la discographie ne soit pas si riche qu’on peut le penser avec seulement deux albums longue durée, le projet d’Eduardo Ramírez a pondu quelques perles intéressantes ci et là, je pense notamment aux titres « Quetzalcoatl » ou encore « Chamalcan », avec un style singulier. Certains des membres (Juan Cabello en particulier si je ne m’abuse) enchaînent ce soir leur quatrième set d’affilée, soit déjà deux heures de jeu dans les pattes. On peut déjà saluer la performance physique, surtout que le registre est loin d’être de tout repos.
Toujours uniquement éclairé par des bougies, Volahn va nous proposer six titres de leur répertoire, pour environ trois quarts d’heure de prestation. Le style diverge assez peu des formations précédentes, avec un Black Metal très typé sud-américain, une musique crue et sans fioriture, même si des solos sont distillés par ci par là. L’atmosphère se veut toujours aussi oppressante sous le martèlement des fûts, avec quelques nuances dans le rythme par moment. Mais encore une fois, l’acoustique a quelque peu entaché leur set. Une musique aussi brutale et rapide nécessite un minimum de clarté dans la restitution. Heureusement, les morceaux les plus mélodiques ont su se démarquer. Je pense en particulier à « Chamalcan » qui, avec son ambiance western, est le véritable point d’orgue de la soirée, la seconde moitié du set manquant selon moi de saveur et de diversité.

Setlist :
Trascendencia del Espacio y tiempo
Gods of Pandemonium
Chamalcan
Narche
Uno con Kaos
Halhi K'ohba

 

 

Malgré une certaine gêne vis-à-vis du son, sans doute liée à la configuration de la salle, on peut dire que la soirée est une réussite, attirant quelques dizaines de passionnés d’un plateau très spécialisé. Merci à tous les acteurs de cet événement.

Revivez une partie de la soirée avec six vidéos :

Photos