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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Keep Of Kalessin

Kolossus

LabelIndie Recordings
styleExtrem Epic Metal
formatAlbum
paysNorvège
sortiejuin 2008
La note de
U-Zine
9.5/10


U-Zine

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Keep of kalessin a marqué les esprit dès son premier méfait, le fabuleux Through times of war (sorti en 1997) très influencé par l’époque tant au niveau de la production que du style mais qui laissait pantois devant tant de talent affiché pour un tout jeune groupe, la période ayant pourtant été fructueuse en terme de disque aujourd’hui devenus cultes. Son successeur, paru deux ans plus tard - Agnen - faisait montre des velléités d’originalité du groupe tant dans le son que dans l’apparition d’éléments progressif, compte tenu du style pratiqué (production très propre, breaks de batteries, éléments épiques [déjà]) … ce qui hélas conduira le groupe à exploser en vol, du fait des traditionnelles divergences musicales, alors que la renommée lui tendait les bras. Obsidian Claw (compositeur du groupe et guitariste) assurant dès lors les guitares live pour Satyricon, c’est au cours d’une tournée que Frost, ayant écouté les morceaux composés pour un éventuel retour de Keep of Kalessin, proposa ses services et ce n'est ensuite rien de moins que le grand Attila qui allait quant à lui assurer les vocaux de l’impressionnant Reclaim.

Suite à cette expérience heureuse et au renouveau du groupe, Obsidian C. songea qu’il fallait mettre sur pied un groupe stable et s’enquit alors des personnes aptes à figurer dans un groupe ambitieux : Vyl regagna son poste de batteur, quitté le temps de l’intermède Frost, et deux autres membres se joignirent au duo ( Thebon aux voix et Wizziac au poste de bassiste ) afin de constituer l’ Armada qui débarqua en 2006, le couteau entre les dents. Après des interrogations légitimes quant à la teneur de son successeur voici enfin venu le temps du verdict.

Alors que le précédent opus avait une couleur chaude et automnale (à l’image de la pochette qui voyait des silhouette menaçantes apparaître dans le jour naissant), la troupe est désormais bien établie et les couleurs pâles et fraîches du visuel dépouillé sont annonciatrices d’une œuvre épurée, toute en nuance. Passé ce premier contact visuel, le temps est venu de prendre connaissance du contenu musical de Kolossus, sans une certaine appréhension compte tenu du niveau du prédécesseur. La première impression est la grande qualité et la pureté du son : chaque instrument est parfaitement audible indépendamment des autres, ce qui est confirmé par la basse qui apparaît dans une partition distincte des guitares et permet d’apprécier cet instrument trop souvent relégué au rang de simple soutient rythmique. Le travail du son de la batterie est une heureuse combinaison entre un son des toms naturel et une double plus synthétique, ce qui produit plus de netteté et d’efficacité dans les parties de double et les blast-beats - à défriser un caniche par temps humide - ainsi que lors de passages plus posés auxquels Vyl nous avait habitué et au cours desquels il fait une fois de plus preuve de son talent. La voix de Thebon est impressionnante de maturité : alors que dans le précédent album il paraissait parfois chercher la démonstration en lieux et place de l’émotion (il n’est certes pas évident de succéder à Attila), cet écueil est ici évité puisque chaque passage est souligné par le ton juste qu’il soit déclamatoire, hautain, agressif, téméraire ou plaintif. Les tournées, nombreuses, ont eu un impact évident sur ses cordes vocales puisque la texture de sa voix est beaucoup plus rauque que sur l’album précédent et ses intonations sont bien mieux maîtrisées.

L’album possède une cohésion remarquable qui peux s’expliquer par le fait que chacun des morceaux ait été enregistré dans les conditions du live, d’une traite, sans que n’intervienne de retouches informatiques ou du recalage, ce qui certes conduit à laisser passer quelques pains mais n’en souligne que d'autant le côté organique et humain, bien éloigné de certaines productions aseptisées actuelles, insufflant également une dynamique palpable à chaque titre. L’expérience scénique du combo ne doit pas y être étrangère et a certainement son importance dans la cohésion de Kolossus : aucun temps mort, les changements de tableaux s’opérant sans à-coups, même lors de brusques changements de tempos. On ressent qu’il s’agît là du fruit du travail d’une équipe soudée et non plus de la collaboration de mercenaires, certes de talent, auxquels il manquait une certaine osmose pour ne pas dire une âme. Kolossus pourrait être décrit comme un album de metal extrême et épique «cinémascope » tant le groupe happe l’auditeur réceptif et l’emmène dans un voyage au delà du temps et des réalités, où toute la palette des sentiments humains est passée au crible : de la colère à la résignation, de la mélancolie à la révolte, du mépris à la compassion, de la détermination à une joyeuse et insouciante légèreté.

Là où Armada impressionnait, Kolossus séduit, là où Armada détruisait tout sur son passage, Kolossus construit des ambiances, là où Armada s’imposait, Kolossus nécessite d’être apprivoisé : la touche épique des compositions de Keep of Kalessin demeure mais est ici exprimée d’une manière différente, peut être plus subtile et évite ainsi le piège trop fréquent de la redite tout en conservant la griffe reconnaissable entre mille d’ Obsidian C. Ce Kolosse là, loin d’avoir des pieds d’argile, est rivé au sol par des appuis solides et a le regard sereinement porté vers un avenir qui s’annonce radieux pour lui puisqu'ayant réussi à toucher du doigt une perfection que certain ne peuvent approcher, même en songe.

1. Origin
2. A New Empire’s Birth
3. Against The Gods
4. The Rising Sun
5. Warmonger
6. Escape The Union
7. The Mark Of Power
8. Kolossus
9. Ascendant

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