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Album

28 juin 2017 - ZSK

Mountaineer

Sirens & Slumber

LabelLifeforce Records
stylePost-Metalgaze
formatAlbum
paysUSA
sortiemai 2017
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

En ces temps un peu difficiles, on doit malheureusement newser le split d’un groupe de moyenne voire grande importance à peu près une fois par mois. Ce qui est toujours profondément triste quand il s’agit d’un de nos groupes favoris. La vie, les « divergences artistiques », tout ça… ou le départ d’un membre trop important pour que le groupe puisse se relever et continuer. C’est ce dernier motif qui a été choisi par le groupe américain Secrets Of The Sky pour annoncer sa séparation en février 2016. Le départ du vocaliste volubile Garett Gazay a eu raison des Secrets du Ciel après seulement six ans d’existence et deux albums. Ce qui est fort dommage. Parti de presque rien, à savoir aucune démo ni EP et un premier album (To Sail Black Waters, 2013) assez bancal et un peu noyé dans la seconde division, l’ex-quintette aura pourtant connu une progression assez fulgurante. Un deuxième opus, Pathway (2015), repéré par Metal Blade aura transformé Secrets Of The Sky en révélation. Il faut dire que leur spectre d’action était assez large, entre Post-Metal, Sludge, Black, Death, Doom, prog, atmo… tout ça à la fois dans un ensemble assez chiadé et maîtrisé, qui avait fait de Pathway un album excellent et passionnant. Capable de faire tout type de vocaux, excellant dans le registre extrême comme le registre clair, Garett Gazay comptait pour beaucoup dans la réussite de Secrets Of The Sky mais l’arrêt de ses activités a donc hélas sonné le glas. Les musiciens assuraient néanmoins son backing avec brio, on aurait donc imaginé une nouvelle formation de leur part ou tout simplement la suite de Secrets Of The Sky avec un nouveau chanteur et un nouveau nom histoire d’être clean, mais non. Pour l’instant, seul le guitariste Clayton Bartholomew a fondé un nouveau groupe du nom de Mountaineer. Et bien qu’existant depuis fin 2015, ce nouveau combo va bel et bien assurer une partie de l’héritage de Secrets Of The Sky. Histoire de se remettre de leur split plus vite que prévu...

Clayton a donc recruté le chanteur Miguel Meza (ex-Ashes Of American Flags) ainsi que 3 membres du groupe de Metal cinématique Lament Cityscape et voici Mountaineer signé chez Lifeforce Records après un EP 2 titres éponyme sorti l’été dernier. Après l’intro "Foam", Sirens & Slumber va montrer qu’il n’y a pas de la tromperie sur la marchandise dès "Coma Fever" : on retrouve immédiatement le son de gratte et les riffs appuyés qui faisaient le charme de Secrets Of The Sky. Mountaineer malgré un line-up différent aux 4/5èmes semble bien vouloir succéder à l’art de Secrets Of The Sky. Mais en partie seulement. Mountaineer a en effet mis de côté tout ce qui était extrême chez Secrets Of The Sky pour se concentrer sur un pur Post-Metal, avec quelques moments légèrement Sludge/Doom mais on se rapproche plus d’un Shoegaze revendiqué que des traces de Black et de Doom/Death. Le chant est uniquement clair (même s’il subsiste quelques lignes criées, sur "Womb" et "Adrift") et est d’ailleurs assez proche de celui de Garett Gazay. Bref, Mountaineer ça sera du Secrets Of The Sky en plus lumineux et cotonneux, si l’on veut faire un raccourci facile mais assez parlant. Riffs durs comme mélodies et même la plupart des ambiances à la gratte, on retrouve donc le touché de Clayton qui distinguait son ancien groupe. Sirens & Slumber ne va donc surprendre à aucun moment, et même pris tel quel il n’y a rien de révolutionnaire pour du Post-Metal, mais si on cherchait quelque chose qui assurerait la suite de Secrets Of The Sky et ce même un minimum, on sera servi et c’est déjà l’essentiel. Mais Mountaineer va aussi réussir son coup car Clayton et ses nouveaux compères ont du bagage pour nous livrer du Post-Metal de qualité. Secrets Of The Sky n’est plus mais son inspiration et une partie de son essence se retrouvent dans cet album de 42 minutes.

On constate toutes les qualités du (nouveau) quintette dès "Coma Fever" qui nous propose un Post-Metal très enivrant, que ce soit pour ces riffs abrasifs, ces mélodies envoûtantes ou ce chant très touchant et maîtrisé. Il faut aimer un minimum le Shoegaze pour accrocher à l’univers de Mountaineer, mais le Metal est présent même dans un versant très atmosphérique. On se laisse ensuite emporter par les riffs et les mélodies d’un "Measured Breaths", et le reste de Sirens & Slumber sera dans cette lignée, il est vrai d’une façon un peu linéaire et redondante même si l’on remarquera la première partie très acoustique et aérienne d’un "Pull the Blinds", le final plus épique et varié "Goodnight" (avec notamment des variations de chant) et surtout les riffs à nouveau bien mordants de "Adrift". Mountaineer ne va certes pas chercher très loin avec un Post-Metalgaze très classique mais bien fichu. On en attendait pas moins d’un ex-Secrets Of The Sky qui fait ici perdurer une partie des composantes musicales du regretté groupe californien. Exit le Black/Doom, les grosses voix et les progressions, place à quelque chose de plus doux mais qui ménage tout de même quelques compos graisseuses. Un beau départ car Mountaineer peut encore faire mieux et plus original, des tubes potentiels sont déjà là mais cette formation a probablement les moyens d’aller encore plus loin, de passer la frontière qui sépare le Post-Metal de l’extrême, comme Secrets Of The Sky avait su le faire. Mountaineer ne pondra cependant jamais un nouveau Pathway car ce n’est certainement pas leur but, mais on peut y croire. En attendant, s’il doit faire simplement office de « Secrets Of The Sky en plus calme » et de nous faire un peu oublier le split de ces derniers, Sirens & Slumber remplit aisément le contrat, et reste un bien bon disque de Post-Metal bien que peu singulier dans le domaine.

 

Tracklist de Sirens & Slumber :

1. Foam (2:18)
2. Coma Fever (5:41)
3. Measured Breaths (3:56)
4. Womb (4:47)
5. Pull the Blinds (4:02)
6. Siren Song (5:01)
7. Fog and Distant Light (5:42)
8. Adrift (3:39)
9. Goodnight (6:57)

 

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