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dimanche 22 mai 2016

Nocturnal Depression + Ergotism + Stortregn + Natus Deprosis

Ampérage - Grenoble

S.

En ce vendredi 20 mai, j’attaque mon quatrième concert en moins d’un mois, signe que la scène locale se porte plutôt bien. Me voici donc ce soir à l’Ampérage de Grenoble, pour un événement 100% Black Metal organisé par Mormegil Productions. Quatre groupes y sont programmés et on peut dire que l’association a eu un gros coup de pression quelques jours seulement avant la date fatidique, puisqu’une des têtes d’affiche a dû déclarer forfait suite à la blessure de son batteur. Il s’agissait des Italiens de Darkend. Il fallait donc vite trouver un remplaçant pour compléter les Nocturnal Depression, Ergotism et Stortregn.

Natus Deprosis

A ma grande satisfaction, l’invité de dernière minute se nomme Natus Deprosis, qui a pu se rendre disponible aujourd’hui. Avant même que les premières notes résonnent, je savais que cette obscure formation était une valeur sûre, pour les avoir vu il y a quatre ans au Dock, non loin d’ici. Je me souviens encore très bien de la claque reçue ce jour-là. Le quintet n’a pourtant à son actif qu’une démo et un EP, mais nous allons avoir droit ce soir à de nombreux inédits, extraits d’un album à paraître ultérieurement. Visuellement, lorsque les musiciens montent sur scène, on sent tout de suite le côté rigoriste de leur Black Metal, proportionnel à la longueur des clous aux bras du vocaliste. Durant une cinquantaine de minutes, Natus Deprosis va nous asséner sept morceaux assassins, d’obédience occulte et aux relents profondément asphyxiants, en jouant sur des passages rapides et hypnotiques, répondant aux instants beaucoup plus lents et pesants. L’atmosphère est distillée par des riffs putrides, un son de guitare corrosif et surtout par un frontman complètement possédé, soignant son style jusqu’au noir de ses pupilles. Sa voix est profonde et écorchée, mise d’ailleurs en valeur sur l’interlude « Tristissima exta », discours en latin sur fond d’ambiant caverneux…glacial au possible.
Cela fait plaisir de voir que Grenoble possède d’excellents projets de BM Orthodoxe, je pense tout particulièrement à Supplicium et Sinister Oath. Natus Deprosis vient fièrement compléter ce podium et semble promis à devenir un acteur incontournable par ici, même si à ce jour il est loin d’avoir la reconnaissance qu’il mérite, et c’est fort regrettable. Super show, total support !

 

Setlist :
Adhyatma Sannayasi
In Desperationem Excelsus
Obscuranzia Suprema
Litania Sancta Hierophanica
Interlude: Tristissima Exta
Norma Regnuum Temporis
Pro Expiacione Corpus

 

Stortregn

Au tour des Suisses de Stortregn de fouler les planches de l’Ampérage. Cette formation m’est totalement inconnue, à peine m’a-t-on dit qu’il s’agissait d’un disciple de Dissection. En effet dès les premières minutes on reconnaît le riffing particulier inspiré par le légendaire projet de feu Jon Nödtveidt, à savoir un Black/Death où les mélodies au niveau des guitares sont légions. C’est curieux que je ne les connaisse pas, eux qui ont déjà dix années d’activité et plusieurs réalisations au compteur, auxquelles il faut ajouter leur nouvel album à paraître dans quelques jours (« Singularity », sous la bannière de Non Serviam Records), dont une bonne partie du set est issue ce soir. Si au début je trouve leur prestation plaisante, je décroche assez rapidement, à cause d’une sensation de redondance, jusqu’à en perdre totalement le fil. Pourtant les musiciens mettent du cœur à l’ouvrage, notamment le chanteur, non sans lâcher quelques doigts et insultes au public. On laissera l’offuscation aux plus fragiles, moi ça m’indiffère totalement. Un peu comme leur musique au final, dans laquelle je n’ai jamais pu m’immiscer totalement, trop de technique au détriment de l’atmosphère, peut-être ? C’est dommage.

 

Setlist :
Enlighten Salvation
Acosmic Ascendant
So Much Dust...
Crimson Depths
Negative Theology
Inner Black Flame
Vertigo
Neverending Singularity
Evocation of Light
Moonshade

 

Ergotism

Place maintenant aux Chambériens d’Ergotism, avec des têtes qui me sont familières, reconnaissant des membres de Physiology of Darkness et Allobrogia. La jeune formation a été créée il y a peu, et compte un unique album paru l’année dernière (« Notre terre, nos aïeux, notre fils et nos morts…»). Un nom d’opus qui n’est pas sans rappeler un certain « Chants d'hier, Chants de guerre, Chants de la Terre... » des camarades d’Himinbjorg. La comparaison, peut-être fortuite, n’est pourtant pas anodine, puisque Ergotism produit un Pagan Black Metal dans la veine du projet de Zahaah, à la nuance près qu’il s’agit d’une musique plus doomy et mélancolique. Assiste-t-on là à une forme de résurrection de Elhaz, ancien projet de deux des membres d’Ergotism ? Quoiqu’il en soit, bien que le quatuor joue sur deux tableaux, ils s’en sortent plutôt bien, les passages nostalgiques sont captivants et les instants Pagan plutôt convaincants, me faisant penser, l’espace de quelques secondes à du Isengard ou de vieux Kampfar. Ceci dit, un point négatif que j’ai constaté dans de nombreuses performances live, c’est le chant clair très approximatif, pour ne pas dire totalement faux. Malgré cela, le set fut fort agréable, et s’est d’ailleurs conclu sur une convaincante reprise de Shining Lat Oss Ta Allt Fran Varandra »).

 

Setlist :
Intro
Vinctus de Morte
Mane Humilis !!
Lux Divina
Victoria & Honorem
Liberare Agros Nostros
Ultionem a Populo
Lat Oss Ta Allt Fran Varandra (Shining cover)

 

Nocturnal Depression

Le public, jusqu’alors clairsemé, se densifie à l’approche du set de Nocturnal Depression. Et pour cause, ils jouent à domicile. Il y a même un petit « fan club » qui s’est amassé au-devant de la scène. Il faut dire que la réputation des Grenoblois n’est plus à faire. Personnellement, cela va faire la quatrième fois que je les vois en l’espace d’un an et demi seulement. Autant dire que je ne m’attends pas à être surpris, à chaque fois leur prestation a été énorme. Ah, si, une différence à noter tout de même, elle se situe au niveau du line-up, avec un changement du guitariste, remplaçant d’un soir, l’habituel étant pris sur une autre date.
Sur le plan musical, je risque fort de me répéter par rapport à mes précédents live-reports, puisque Nocturnal Depression a délivré une nouvelle fois un set impeccable, puisé dans les tripes, en produisant un Black Metal à la fois puissant et ravageur, alternant avec des instants profondément mélancoliques, tels les cultissimes « Spring » et « Nostalgia », où des titres plus récents comme la seconde partie de « Méditation Grisâtre ». Connaissant le côté chauvin de Lord Lokhraed, le public scande des « ici c’est Grenoble », ce qui fait bien sourire le principal intéressé, lequel rajoute une couche en dénigrant le public étranger, c’est de bonne guerre !
Il se passe vraiment quelque chose lorsque Nocturnal Depression monte sur scène, une aura, un feeling, que bien des groupes aimeraient avoir. Le quatuor a encore mis tout le monde d’accord ce soir, seule la qualité du son, moyenne sur l’ensemble des prestations, empêche d’atteindre le niveau parfait.

 

Setlist :
Elégie
L’isolement
Acédie
Her Ghost Haunts These Walls
Spring
Winter
Méditation Grisâtre
They
Nostalgia
Dead Children

 

Pour conclure, d’un point de vue personnel, Natus Deprosis a délivré le meilleur show de la soirée, talonné de près il est vrai par Nocturnal Depression. Merci aux différents groupes, merci à l’asso Mormegil Productions pour cet événement et à très bientôt pour de nouvelles dates Black Metal dans la cité alpine.

Revivez la soirée avec 8 vidéos des différents groupes :

Photos