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Album

20 avril 2016 - Michael

Otep

Generation Doom

LabelNapalm Records
styleNeo metal
formatAlbum
paysUSA
sortieavril 2016
La note de
Michael
8/10


Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Otep, c’est une partie de mon enfance. Les heures à écouter Sevas Tra en marchant vers le collège. Ce neo metal dégoulinant de haine, de mal-être et d’un je ne sais quoi déprimant. Et puis comme beaucoup j’ai lâché un peu le groupe, en écoutant de très loin leurs dernières sorties, ne retrouvant ni la puissance dudit album ni son atmosphère.

Et c’est là qu’intervient ce Generation Doom, premier album du groupe sur son nouveau label Napalm Records, dôté d'une belle pochette très Mad Max. Et dès la première écoute, on sait que la donne va changer et que l’on est – enfin – en face d’un album susceptible de faire revenir les fans de la première heure qui n’avaient pas été conquis par Hydra ou Atavist notamment. Car autant briser le suspense immédiatement, cet album s’avère l’être l’un des tous meilleurs du groupe. Complet, mieux écrit, particulièrement véhément sur les sujets qui semblent tenir à coeur à Shamaya (sexualité, religion, « races »), cet album est musicalement au-dessus de ce qu’avait pu nous offrir le groupe ces derniers années, avec un retour de ces riffs néo metal groovys (comme sur Lords of War) et des passages aussi bien chantés que criés, voire même rappés !

C’est en effet ce qui caractérise cet album : réussir à rester cohérent en dépit de chansons qui naviguent dans des eaux fondamentalement différentes, tant en matière de rythme et de musique, que pour ce qui est des thèmes abordés. On se retrouve ainsi à écouter à un plaidoyer en rap de Shamaya sur Equal Rights, Equal Lefts, à l’entendre crier sa rage sur un titre plus agressif comme Lords of War ou bien encore dans un registre plus conventionnel sur la très catchy No Color. De même s’agissant des musiques, des plus mélodieuses et pleines d’émotions Lie et In Cold Blood à la plus rapide Feeding Frenzy, le groupe oscille entre les genres.

Certes, on reste toujours dans cette veine neo metal qui pourra déplaire à certains. Cet album n'est ni une révolution, ni l'album de la décennie et ceux qui sont allergiques à ce genre de musique le resteront. Mais il est incontestable qu'un soin particulier a été apporté aux orchestrations, aux effets sonores et d’une manière générale aux compositions et aux paroles. Sur ce dernier point, d’ailleurs, la vie mouvementée de Shamaya semble être une source intarissable d’inspiration. Le résultat étant un album toujours plus personnel pour la chanteuse et dont les paroles sont d’une juste et d’une puissance inégalée depuis The Ascension. Il serait trop long de vous citer de nombreux extraits et je ne puis que vous inviter à vous plonger dedans. Mais cet album est encore une fois un plaidoyer pour la tolérance sous toutes ses formes (on pense notamment à God Is A Gun et sa diatribe contre la religion ou bien encore Equal Rights, Equal Lefts sur la sexualité : « He called me a dyke, I called him an ambulance »).

Outre la reprise très Marylin Mansonesque du titre Royals de Lorde sans grand intérêt et qui casse un peu le rythme de l’album, on pourrait reprocher à l’album un petit passage à vide en toute fin, les titres étant relativement moins inspirés et calqués sur les mêmes structures. Mais, d’une manière générale, ce Generation Doom est un retour sur le devant de la scène qui devrait ravir les fans du groupe et, probablement, attirer quelques curieux. En tout cas, il ne fait que renforcer notre tristesse de ne jamais voir le groupe sur les planches européennes pour une tournée digne de ce nom.

01. Zero
02. Feeding Frenzy
03. Lords Of War
04. Royals (cover de Lorde)
05. In Cold Blood
06. Down
07. God Is A Gun
08. Equal Rights, Equal Lefts
09. No Color
10. Lie
11. Generation Doom
12. On The Shore

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