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mercredi 30 mars 2016

In Theatrum Denonium

Théâtre Municipal - Denain

AxHell

Cramé de musique depuis 15 ans / cinéphile / retrogamer / vieux con / hater notoire. Ah, et je bosse chez les fous. Je le deviens peut être, à force.



AxHell : S’il faut de tout pour faire un monde, celui de la musique n’est naturellement pas épargné. En effet, et vous n’êtes sûrement pas sans le savoir, on y trouve de tout à tous les niveaux et peut être que c’est ça qui rend la chose aussi magique : sa diversité. Prenons ici le cas des associations : on connaît tous au moins une bannière pourrie sous laquelle se rassemblent systématiquement tous les mauvais groupes du coin. A contrario, certains collectifs arrivent à tirer leur épingle du jeu et à mener leur barque en nous proposant à la fois un contenu de qualité sans pour autant baisser leur froc. Evidemment, faute de quoi cette introduction n’aurait servi à rien, on parlera ici des ch’tis de Nord Forge.

Plantons le décor, si vous le voulez bien. Denain. Oui, j’ai bien dit Denain. Une des cités les plus pauvres et les plus montrées du doigt de nos actuels « Hauts De France ». Le genre de trou dans lequel on aurait eu matière à filmer un « Bienvenue chez les Ch’tis » quinze/vingt minutes avant que ça termine comme dans « C’est Arrivé Près De Chez Vous » vu le niveau. Pourtant, le coin gagne progressivement mon respect depuis qu’une bande de passionnés s’est mis en tête depuis 2009 d’y apporter un peu de culture avec son festival des Metallurgicales. A même pas vingt minutes en bagnole de mon propre bled (au moins aussi paumé), et où le passage de Watcha fut sans mentir le plus gros happening jamais apparu en dix ans, l’équipe de Nord Forge a permis de faire monter sur les planches des groupes comme Paradise Lost, Anthrax, Loudblast ou encore Meshuggah, excusez du peu.

Retour dans le présent, chers lecteurs. Les subventions dégressives et d’autres malencontreux évènements ont progressivement impacté les Metallurgicales, signant un jour leur fin. Comme toutes les bonnes choses, serait-on tentés de dire. Ce que le public ignorait, par contre, c’est que l’asso Nord Forge, loin de se déclarer vaincue, retroussait ses manches et attendait le bon moment pour revenir. Autant couper court au suspense tout de suite : le retour est carrément, mais alors carrément réussi avec ce nouveau festival, baptisé In Theotrum Denonium.
Une affiche éloquente (Deluge, Celeste, Regarde Les Hommes Tomber et Melechesch), un cadre assez atypique…deux des nombreux arguments de cette soirée, à laquelle l’équipe Horns Up était présente. Impressions à froid.

Comme cité plus haut, l’annonce d’une telle affiche était purement et simplement inratable. Le fait d’habiter à quelques vingt minutes était l’argument définitif qui motivait ma venue. L’organisation et moi, ça fait toujours 9999, aussi j’arrive une fois de plus à la bourre mais, une fois sur place, et au vu du monde présent dehors, on a le temps de s’envoyer une bibine dans le bar d’en face. Lorsque nous réintégrons la file d’attente, nous nous rendons compte que l’heure de passage du premier groupe ne sera pas respecté : peut-être que l’orga n’attendait pas autant de monde, toujours est-il que nous sommes beaucoup trop nombreux à attendre dans l’une des deux files qui nous permettent d’accéder au théâtre, l’autre étant réservée aux 14 personnes sur 300 ayant sur eux un billet physique. Je donne peut être l’air de pinailler comme un gros con, mais c’est juste un constat.

Fraîchement débarqués dans le théâtre qu’il est temps de se précipiter pour assister au set de Déluge. Annonce finale de cette programmation du In Theatrum Denonium, la horde française fait un peu office de cerise sur le gâteau, pour ma part. Formé depuis 2013, le groupe mène sa barque et fait résonner les échos de son Post-Hardcore teinté de Black Metal à qui veut l’entendre. Une première démo, « Mélas / Kholé » sort en indé et attire l’attention du fameux label Français Les Acteurs De L’Ombre, chez qui sort un album intitulé « Aether ». Les critiques plutôt dithyrambiques de la galette, dans un contexte où le public est assez friand de ce genre de cross-over musical, leur assure une belle renommée. Ayant déjà survolé l’œuvre via bandcamp, c’est carrément confiant que je me place avec les collègues pour dire de confirmer mes bonnes impressions. Bah bingo, elles furent bien bien confirmées.
Les mecs officient, comme je l’ai dit plus haut, dans un savoureux mélange entre Post-Hardcore et Black Metal. J’aime citer des comparaisons, et je ne serai pas original sous un sou en invoquant Amenra, Celeste ou encore Regarde Les Hommes Tomber, voire même Tang ou Kayan. Si les blasts à foison et les grattes glacées sont de rigueur, des éléments carrément plus aériens encore et atmosphériques pointent aussi le bout de leur nez. Dès le début du set, je suis saisi par le riffing minimaliste et épuré, franc et direct, qui saute à la gorge. Lors des passages plus ambiants, je me prends à rêvasser, le sample utilisé tout au long de l’album (une averse qui s’abat) étant joué sur scène entre chaque morceau. L’accoustique du théâtre, excellentissime au passage, renforce plus que jamais ce sentiment d’immersion.
Pendant un peu plus d’une demi-heure, la tendance est au voyage et à l’émotion. La fêlure, l’écorchure. Les mimiques du chanteur, très screamo dans l’idée, y participent. De dos quand seuls les instruments ont la parole, et semblant prostré, malade quand il s’adresse à nous.
Big up à la parfaite hypocrisie des trve blackeux mongolos que j’aperçois, les yeux fermés et peut être encore plus dans le trip que moi, mais qui pourtant sont les premiers à cracher sur tout ce qui est affilié au Hardcore, au délire « émotionnel » (emo, screamo), à traiter tout ce qui est un peu mêchu de tarlouse et à se gausser sur tout approche un peu « arty » de la musique. Vous ne cessez de me régaler.
Bref, une confirmation live des plus indiscutables pour Déluge, à qui j’espère longue vie.

Schifeul : Y a des samedis, t’as rien de prévu et tu le passes tout seul chez toi comme un chiasseux, à jouer à Skyrim et rager parce que t’arriveras jamais à tout finir avec un seul perso car t’as forcement des quêtes buggées que tu pourras pas finir. Puis t’en as d’autres où t’as 36000 possibilité et au final tu dois faire un choix qui au final te brisera tout de même le coeur… Ce samedi 12 mars était un de ceux-là et après mûre réflexion je décide de me trainer à Denain qui en plus de proposer une affiche de fou avec surtout Regarde Les Hommes Tomber et putain de Celeste, on a droit à un superbe cadre car c’est définitivement pas tout les quatre matins que l’on peut assister à un concert dans un théâtre ! Surtout que le théâtre a vraiment de la gueule, avec ses balcons et sa gravure au plafond ! On commence donc avec Deluge, que je décide de suivre peinard installé sur un siege, qui est d’ailleurs foutrement confortable ! C’est donc bien installé dans la pénombre que je découvre la musique du groupe et je me laisse pleinement absorber par l’ambiance qui en ressort, ou se mêlent émotion et violence, toujours avec ce bruit de pluie en fond qui permet de faire fil conducteur de cette performance de haute volée. Premier groupe, première claque. OK ça commence bien !


AxHell : Comme toujours, pause = bibine. Ce qui me permet d’embrayer un peu plus sur la description des lieux. Admettez que le pari de faire jouer du BM dans un théâtre est un peu fou et curieux. Personne ne me contredira, je pense : la salle est su-blime. Outre l’accoustique de malade qui permet de délivrer un son clair et limpide, c’est surtout le cadre qui laisse sans voix. Ecrasés par tant d’Histoire, les festivaliers bénéficient d’un statut presque privilégié. Comme si le théâtre lui-même était un personnage clé de ce festival, une énorme cerise sur un gâteau déjà bien alléchant. L’ambiance qui y règne semble du coup carrément plus solennelle, inspirée, malfaisante parfois. Les organisateurs ont joué le truc à fond, car de nombreux bénévoles sont habillées de robes et masques blancs, immobiles et silencieux. Imaginez les fameux maîtres du temps de Fort Boyard en bien plus badass, haha !

Quand on y réfléchit, l’affiche semble très thématique, et c’en est presque naturel de voir jouer sous la même bannière Déluge, Celeste et Regarde Les Hommes Tomber. Ces derniers ont tout du groupe qui monte, celui est devenu au fil d’un temps relativement court, incontournable. Formés en 2011 par des membres d’une scène initialement plus urbaine et Punk (Tromatized Youth,pas dégueulasse au passage), Regarde Les Homme Tomber a su charmer son public après seulement deux albums (un éponyme en 2013 et « Exile » sorti dans la seconde moitié de 2015). C’est paradoxalement après s’être séparés de leur ancien chanteur (officiant dans Otargos) que le côté BM du groupe prend encore plus d’ampleur. Le décorum est là pour en témoigner : bougies, encens, lights tamisés par une ambiance quasi-rituelle de rigueur.
Pour ma part, ayant accroché leur musique via bandcamp, j’étais plutôt heureux de les voir en live…d’autant plus que je n’en avais pas encore eu l’occasion. Hélas, je ne verrai qu’une infime partie de leur set, la faute au seul (mais néanmoins présent) point noir du festival : l’organisation bouffe/bibine.
Après une chanson, je décide d’aller boire un coup : peu de monde dans la file mais elle n’avance pas ou peu. Elle se divise ensuite en deux pour séparer le côté bouffe et le celui des boissons, mais manque de bol, je veux aussi un sandwich. C’est que je bosse demain, quoi. J’attends bien 30mn avec tous les autres (rupture de pain), ça commence à servir de la bouffe dans l’autre file…Bref, le temps de commander une bibine et un sandwich, j’arrive pour le dernier morceau du set. Et je pisse pas entre deux. J’ai déjà lu d’autres petites plaintes émanant des autres festivaliers et j’imagine que c’est un détail qui sera certainement traité par l’équipe pour la prochaine fois !
Pour revenir à la performance de RLHT, j’ai apprécié le peu que j’ai vu : un Post Hardcore qui lorgne un peu plus vers le BM en ce moment. Les riffs sont désespérément sombres, chaotiques et lourds. Les vocaux possédés, abrasifs, et vociférés par un individu manifestement en transe. Plus violent encore sur scène que ce à quoi je m’attendais, mais j’attends néanmoins de les revoir en entier pour donner un avis plus définitif.

Schifeul : Deux semaines après Dunkerque, me revoilà à nouveau devant Regarde Les Hommes Tomber sauf que cette fois le groupe a sorti le grand jeu ! Complètement grisé de jouer dans un tel endroit qui correspond totalement à l’esprit du groupe, les Nantais ont rajouté à leur jeu de lumière habituel plusieurs grosses bougies réparties sur la scène ainsi qu’une ligne de petits bougeoirs tout le long du devant de scène, ce qui doit présenter genre 200 ou 300 petites bougies au bas mot. Étant bien calé contre la scène, je dois tout de même avouer que ce petit muret de flammes juste devant la gueule est au départ un poil déstabilisant. Mais on en a vite cure et on retrouve rapidement ses marques pour vivre le concert le plus simplement possible au niveau de nos mouvements. Avec tout ce jeu sur les bougies et les flammes, Regarde Les Hommes Tomber profite donc de pouvoir jouer dans un lieu atypique pour expérimenter sur leur ambiance (et par ailleurs cet ajout de lumière permet un peu de casser le délire de la pénombre après un Déluge peu éclairé et avant un Celeste qui joue dans le noir complet comme chacun sait). Je ne rentrerai pas dans le détail de la performance de ce soir, celle-ci étant très similaire à celle donnée juste avant aux 4 écluses (pour faire vite, une nouvelle tarte dans les gencives), je vais juste mettre quelques points en exergue. En premier lieu, je peux affirmer que l’idée d’utiliser des lumières rouges et de recouvrir de filtre de cette même couleur est définitivement une excellente initiative. Ainsi le côté apocalyptique de la musique de RLHT ressort concrètement et permet une meilleure immersion dans leur musique. D’ailleurs côté immersion, on est servi ce soir ! Le fait de les voir dans un théâtre plus la multitude de bougies et les odeurs d’encens font que le concert de ce soir est celui où les Nantais m’ont le plus transporté. Quelque chose de réellement spirituel est passé par leur musique ce soir et j’ai vécu un de mes meilleurs moments de concert. Ça devait aussi être la même chose pour le groupe, car ils ont l’air de vraiment se faire plaisir ce soir, dans ce lieu, et se permettent des petites impros entre les morceaux, en faisant tourner des riffs pour le plaisir. Après un The Incandescent March toujours aussi dantesque en ultime titre, le public, jusque-là très silencieux, explose et laisse le groupe saluer puis quitter la scène sous des applaudissements nourris et mérités.


AxHell : Cet entracte supplémentaire est pour moi l’occasion de jeter un coup d’œil et/ou de faire quelques emplettes aux stands de merch qui, il faut l’avouer, pratiquent des prix tout à fait corrects. Idem pour le stand officiel du In Theatrum Denonium et des consos, au final. Deux malheureuses boules pour une Gauloise pression, c’est certainement pas moi qui vais m’en plaindre…

Retour sur scène. Avec une affiche telle que je vous l’ai présentée, il n’y a définitivement qu’un groupe qui pouvait manquer à l’appel : il s’agit évidemment des Lyonnais de Celeste. Corrigez-moi si je me trompe, mais si aujourd’hui toute une branche « arty » et émotive du Black Metal s’est créée, délestée de tous les poncifs que l’on connaît, c’est bien leur fait (ou du moins en belle partie). Je diverge, mais le constat est comparable à celui de l’émergence d’une scène Blackgaze survenue après les premiers albums d’Alcest, Français eux aussi. Décidément, comment bouder notre scène ? Toujours est-il qu’après un EP et quatre albums, Celeste se hisse actuellement tout en haut, et grand bien leur fasse.
Côté live, la formation m’avait déjà bien retourné la tête à Dunkerque au Noize Dreamer Zone. C’est peut dire que l’essai est transformé ce soir. La qualité certaine des compos, que j’adore déjà sur skeud, est littéralement transcendée en live. Que dire également de cet enrobage visuel qui nourrit toutes ces critiques ? En effet, le groupe a pour habitude de jouer dans le noir le plus complet, fumigènes au max, tous les membres affublés d’une lampe frontale couleur rouge sang. Niveau ambiance, nous voilà servis. Parce que si avec Déluge et RLHT, tu tutoies les ténèbres, avec Celeste c’est un peu le grand cornu himself qui vient t’aspirer le cerveau avec une paille sans que tu puisses te débattre, ou encore un ancien de la bande à Lovecraft qui vient t’enserrer dans ses tentacules jusqu’à ce que tu sois violet (violé ?).
Dans les faits, Celeste évolue majestueusement dans un Screamo teinté de Black Metal, ou l’inverse. Aux riffs énergiques, dégoulinants de noirceur et suintant la rage d’en découdre viennent s’ajouter cette dimension écorchée, émotionnelle, à fleur de peau qui, elle, évoque plus l’envie d’en finir et de faire le grand saut. Encore une fois la communication avec le public sera inexistante, et morceau après morceau, l’hydre lyonnaise, folle et malade, nous contamine dans la foulée. L’œil qui pique et le nez plein d’encens, c’est maintenant par les oreilles que pénètre cette encre noire, ce poison qui fait le sel de sa musique, opaque, venimeuse et torturée…
Encore une prestation de haute volée pour Celeste qui n’en finit pas de me surprendre. Je ne saurais que trop conseiller aux gens n’ayant pas pu encaisser le parti pris artistique du groupe de passer quand même par la case album. Il n’est pas exclu que vous soyez à l’abri d’une bonne surprise. A ce propos, cela fait trois ans que le dernier est sorti et j’attends désespérément une suite. Vivement.

Schifeul : On passe dans le noir complet cette fois avec les Lyonnais de Celeste qui vont donner un concert transcendantal, où le public naviguera au son de la violence de titres en se laissant flotter sur l’abondante fumée. Stroboscope et points rouges virevoltants seront les seuls phares auxquels se raccrocher durant ce concert donné d’une traite, sans communication, mais avec une maîtrise implacable. Celeste a donné ici un concert parfait et montre encore une fois que le groupe reste définitivement une chose à vivre au moins une fois en concert. Dommage qu’il y ait eu quelques pogos sortis de nulle part qui ont un peu cassé l’immersion. Non mais sérieusement, qui sont les fils à personnes qui se sont dit à un moment que ce serait une bonne idée ou juste kiffant de faire les mariolles sur Celeste ? Enfin, encore un groupe qu’il ne fallait pas rater pour un passage dans ce genre de décors ! Les mes de Nord Forge ont vraiment trouvé l’affiche qui se devait d’être faite dans ce lieu, chapeau bas à eux pour nous permettre de vivre des moments de musique aussi géniaux.



AxHell : Le reste de la soirée se déroule sans accroc. Bibine, vidange, la base quoi. Le temps file et c’est bientôt l’heure d’aller déguster le dessert. Pour le coup, voilà une bien belle cerise sur un gâteau déjà bien garni : en effet, c’est carrément à Melechesh qu’il incombe de terminer cette soirée. De la plus belle des manières ?
Pour être tout à fait franc avec vous, Melechesh est typiquement le groupe qui peut me plaire, la myriade d’influences déployée par le combo y étant pour quelque chose. L’ITD est l’occasion de vérifier si dix ans plus tard, la sauce prend toujours.
C’est presque étonnant de voir Ashmedi et sa bande clore une affiche résolument plus typée « Post » au final. Quoi qu’il en soit, cela devient très difficile de trouver une bonne place tant le public semble s’être déplacé en masse pour soutenir le groupe, et c’est tout à leur honneur.
Petit bémol d’entrée de jeu, je ne sais pas si c’est moi qui suis trop près et/ou si c’est dû aux bouchons de qualité merdique que j’utilise, mais le son de basse me paraît trop élevé. Pas de quoi se réveiller en pleine nuit et les yeux en larmes, mais j’esquisse une petite grimace néanmoins. Ce défaut sera réparé par la suite, le voyage peut bel et bien commencer. Pendant près d’une heure (ou plus ? j’ai perdu la notion du temps), le groupe plombe l’assistance avec ses riffs hostiles et ses ambiances folk arabisantes. C’est presque automatique chez moi, et pas original pour un sou, mais avec toutes ces compos brûlantes, je m’imagine en sueur et fiévreux dans le désert, le cul sur le sable, assistant à la danse du ventre de deux ou trois succubes. Malgré les quelques gerbes de sable qu’ils m’envoient dans la tronche, je n’arrive pas à détourner mes yeux de leur poses et mouvements lascifs, excité et hypnotisé, sans même apercevoir le feu démoniaque qui semble brûler dans leurs yeux, ni même les dagues de cérémonies accrochées à leurs ceinturons avec lesquelles ils comptent me dézinguer dans la minute. Bref, il s’agit de mon interprétation, mais le show de Melechesh retranscrit tout cela à la fois : l’hostilité d’un Black Metal dangereux, teinté d’un mysticisme certain mais non dénué d’une certaine forme de beauté ancestrale, la touche d’exotisme en bonus.
Le groupe est manifestement aux anges et communiquera chaleureusement sa joie à de nombreuses reprises, remerciant le public de Denain et tout particulièrement ses fans français de continuer à les soutenir. Belle preuve d’humilité pour un groupe qui n’a pourtant plus rien à prouver à quiconque. Une confirmation live des plus convaincantes pour un Melechesh dont j’ignorais l’aisance scénique.

Schifeul :Je retourne m’installer oklm dans un des fauteuils du théâtre pour suivre le concert du dernier groupe de la soirée, Melechesh. Seul groupe de la soirée à utiliser des lumières de façade ou plus de deux couleurs pour le light show, ils ne vont pas démériter sur cette affiche, bien au contraire ! Autant le live du Hellfest de l’an dernier était tout pourri,à cause tout particulièrement d’un son super naze, autant ce soir, on a le droit à un excellent concert ! Faut dire déjà que le son est niquel, comme pour tous les groupes de la soirée d’ailleurs, avec une set list qui propose naturellement des titres de leur dernier album Enki, tout en piochant dans toute leur disco, en particulier Emissarie. Melechesh, qui utilise ce soir un line up tout neuf va faire bouger du fion au théâtre de Denain avec ses mélodies du désert. Le groupe a l’air bien content d’être là et n’hésite pas à l’exprimer entre deux titres et quelques youyou venant du public (ahem). Demandant des headbang ou encore de faire les illuminati avec les mains sur Triangular Tattvic Fire, Ashmedi tient dans sa main le public et les nombreux fans présents. Dernière danse du ventre sur l’excellente Rebirth of the Nemesis et Melechesh quitte la scène, cloturant cette première édition du In Theatrum Demonium de fort belle façon. La seule question que je me pose c’est comment ils comptent faire pour surpasser cette édition à l’avenir tant cette première édition est déjà parfaite.

AxHell : C’est pas tout ça, mais j’ai un peu ma gueule au boulot à 6h le lendemain donc je pars sans entamer d’after. Dresser un bilan de cette première édition de l’ITD me paraît pertinent. Outre le choix tout à fait judicieux et éclairé des groupes sélectionnés, ainsi que le quasi sans faute de leurs performances une fois sur les planches, c’est surtout cette volonté de bien faire chez Nord Forge qui m’a satisfait. Cadre sublime, ambiance dépaysante, bières de qualité à des prix ridicules, merch du fest tout aussi accessible, et surtout l’attitude très humaine et avenante des organisateurs, avec lesquels j’ai pu vite fait tailler le bout de gras pendant toute la soirée. Chapeau bas, messieurs, et merci. Vous êtes maintenant attendus au tournant. A l’année prochaine ?

Un grand merci à Nord Forge et au théâtre pour ce cadre, à la prestation des groupes, à Romain Coustenoble et ses bières, au sosie officiel de Claude Skyes présents dans la foule un peu avant le premier concert,et à Fred pour l'accréditation !