Chronique Retour

Album

22 mars 2016 - Di Sab

Church of Misery

And Then There Were None

LabelRise Above Records
styleStoner/Doom
formatAlbum
paysJapon/USA
sortiemars 2016
La note de
Di Sab
6/10


Di Sab

En 2014, un an après avoir accouché d’un Thy Kingdom Scum de plutôt bonne facture et peu de peu de temps après avoir mis le Motocultor littéralement à feu et à sang, Church of Misery nous a fait une Emmure : les  ¾ du line up ont dégagé subitement. Ne reste donc que Tatsu Mikami, ses jeans à pattes d’ephs et sa Rickenbaker qu’il porte au niveau des genoux… Quel micmac !

 2015 marque la reconstitution du line up : exit les Nippons, Tatsu s’entoure exclusivement d’Américains dont Scott Carlson de Repulsion. Forcément,  Internet et les prix nobels qui peuvent s’y exprimer s’en sont donnés à cœur joie : d’aucuns aimait l’idée que Church of Misery était un groupe japonais (en général, ce sont les mêmes cons qui martèlent qu’Inquisition sont Colombiens car c’est tellement plus exotique d’écouter du Black provenant de Colombie plutôt que des US) tandis que d’autres se plaignaient qu’un mec provenant d’un groupe de grind officie dans un groupe de doom. Au-delà de la connerie de ces propos, l’inquiétude quant au devenir d’un groupe qui change radicalement de peau peut sembler légitime. D’autant plus que le stoner doom de Church of Misery est, somme toute, assez traditionnel et n’est que peu porté sur l’expérimentation.

The Hell Benders place le disque sous les meilleurs auspices possibles : montées de gammes, tempo ralenti à l’excès et surtout cette façon de faire tourner le riff en boucle sans le moindre changement enfermant l’auditeur dans une dance macabre groovy qui semble sans fin. La délivrance s’obtient  avec les vocaux de Carslon : moins extrêmes et moins rapides que dans Repulsion, on retrouve néanmoins son timbre rocailleux qui fait sens avec l’instru anxiogène et devraient rassurer les septiques. Mais malheureusement, les compositions ne sont pas toutes  au niveau de The Hell Benders, comme toujours chez Church of Misery d’ailleurs, qui nous habitue à de vastes écarts de qualité au sein d’un album (un titre comme Confessions of an Embittered Soul ne laisse pas un souvenir impérissable par exemple).

Malgré ses petites longueurs (relativement préjudiciables tout de même quand ton album ne fait que 5 titres + un interlude), il convient de souligner que And Then, they were None est un album plutôt intelligent. Comme souligné précédemment, Church of Misery évoluent dans un registre plutôt traditionnel, néanmoins, ils s’étaient constitué une identité propre grâce aux thèmes de leurs chansons (avec le fameux nom du serial killer évoqué entre parenthèses en complément du titre de la piste) et aux vocaux versatiles où Hideki Fukasawa passait de la douleur à l’agressivité et par conséquent incarnait alternativement la victime et le tueur (notamment sur les deux derniers albums). Or tout cela n’est plus possible avec Carlson, sa voix plus grave et le fait qu’il se charge, cette fois, de l’écriture des paroles. Cependant, au lieu d’opérer un virage à 180°, le groupe reste dans cette thématique macabre mais la traite de manière tout de même différente. Cela se traduit par trois choses : La suppression de tous les bruitages que rajoutaient Fukasawa entre ses parties vocales, le son est beaucoup plus brut, moins noyé sous les effets. Deuxièmement, les vocaux sont plus vicieux mais plus monotones. Et enfin, Church of Misery a abandonné presque tous ses plans monolithiques (vous savez, tout l’aspect Electric Wizard-like) pour un rendu beaucoup plus bluesy. Et au final, on se retrouve avec un album assez  imagé, qui arrive bien à développer son ambiance poisseuse de Redneck-Movie.

 Church of Misery n’a pas sorti un album parfait, loin de là mais on pouvait s’attendre à largement pire. Malgré ses passages ennuyeux et ses hommages lourdingues à Black Sabbath (le pont de Dr Death qui est une cover pure et simple de celui d’Into the Void pour ne citer que le plus grossier) on ne passe pas un mauvais moment. A mettre entre les mains des fans de The Devil’s Rejects, Texas Chainsaw Massacres ou autres 2 000 Maniacs, à déguster avec des fèves au beurre et un excellent Chianti et en attendant une tournée, domaine dans lequel le groupe plus si nippon que ça excelle.    

Tracklist : 

1. The Hell Benders
2. Make Them Die Slowly
3. Doctor Death
4. River Demon
5. Confessions of an Embittered Soul
6. Suicide Journey
7. Murderfreak Blues

Les autres chroniques