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Album

01 octobre 2015 - Schifeul

Necroblaspheme

Belleville

LabelIndependent
styleDeath Metal
formatAlbum
paysFrance
sortieseptembre 2015
La note de
Schifeul
8.5/10


Schifeul

Dans l'équipe car il était là avant.

Quatre ans après avoir retourné tout le monde avec leur EP XXVI The Better The Deeper, Necroblaspheme revient en 2015 avec Belleville, son premier album full lenght depuis Destination : Nulle Part sorti lui en 2008.

Necroblaspheme… Pendant longtemps, je me suis demandé comment un nom qui sonnait aussi cliché pouvait être accolé à un groupe avec une identité aussi forte. A commencer par les artworks, que j’ai toujours trouvés super classe passé celui de leur premier album assez stéréotypé. D’ailleurs chose rare, avant un son, c’était une image qui m’avait séduite, celle de la pochette de Destination : Nulle Part. Atypique, forte, sujette à interprétation, elle m’avait poussé à la découverte de la musique des Parisiens qui m’avait étrillé dès la première écoute. Car plus que l’image, Necroblaspheme se reconnaît surtout dans son Death Metal très particulier. Par ses compositions d’abord, mais surtout ce son, dense, puissant et rampant à la fois, qui colle parfaitement tant aux passages rapides qu’aux mid tempo englués. L’atmosphère ainsi dégagée transforme les sons qui nous arrivent dessus en une poix gluante, qui coule sur notre visage en s’insinuant en nous par nos orifices faciaux.

Et c’est là que l’on se rend compte que ce nom, Necroblaspheme, colle parfaitement au groupe et représente pleinement sa musique. Blasphème pour ses vociférations, son message et "necro" pour cette mélasse noire, qui nous apparaît à l’écoute, sorte de necroplasme ambulant cherchant à nous étouffer. Ainsi, nous avons Necroblaspheme pour une insulte envoyée à la mort, rendant vivant ce qui est inerte. La quintessence de cette interprétation se trouve sur ce nouvel album,Belleville. Elle se ressent sur le titre Le Discours Du Bitume, réappropriation du poème d’Emile Goudeau et premier essai d’un texte en français où, à son écoute, il suffit de fermer les yeux pour voir cette entité, mélange d'hydrocarbures, prendre vie et nous raconter ses états d’âme, édifiant. Necroblaspheme est le seul groupe présenté sous la bannière death metal qui me provoque ce genre de chose si intense, qui arrive à créer une ambiance aussi spéciale et ce nouvel album va parfaitement dans ce sens, car il reprend tout ce que le groupe avait déjà apporté, surtout sur XXVI The Deeper, The Better, et va le galvaniser pour l’emmener à un tout autre niveau.

Enregistré en 2013, Belleville arbore une pochette qui représente une superbe armoirie, dont je ne pourrai pas faire d’analyse complète à cause de mes lacunes en héraldique, mais qui dès le premier coup d’œil fait irrémédiablement penser à la chasse et ça sent la France et la forêt. En effet, on trouve en support de chaque côté de l’écu deux animaux ayant une symbolique forte avec la France : un sanglier, qui représente la force et le courage et un coq, symbole de virilité et de bravoure au combat.

Et on va le ressentir ce côté brut, rude de la chasse, car Bellville empeste le sang noir. Celui-ci s’écoute d’une traite, afin que puisse se dégage pleinement l’aura travaillée par les riffs. Les titres s’enchaînent sans pause, avec quelques interludes afin de renforcer son climat. Mais ceux-ci servent aussi à mettre les autres titres en valeur, comme Two Trees (Dead Wood), encadré par deux de ceux-ci. Âpre, par moments épique et par moments écrasant voire étouffant, il est l’une des pièces maitresses d’un album pourtant très homogène.

Au niveau de la voix, Yann nous envoûte encore avec ce chant si particulier, compact et percutant. Il se permet même quelques variations plus mélodiques (Waiting to Exhale) et se retrouve épaulé par Thomas Noël de Bodie venue poser quelques lignes de chant clair afin de terminer l’album sur un Such A Lot plus aérien.

Après une longue attente, Necroblaspheme confirme avec Belleville tout les espoirs qu’on avait placé dans le groupe à la sortie de XXVI The Better The Deeper. On a ici un Death Metal totalement maîtrisé dans son rythme, qui s’éloigne des balises pourtant bien solide du genre pour délivrer quelque chose de réellement intense. Reste à espérer que dorénavant le groupe puisse enchaîner plus rapidement les sorties.

1.Rempart
2.Le discours du bitume    
3.How Did We Get There    
4.Two Trees (DeadWood) 
5.Hyperspace
6.Waiting to Exhale
7.Freed
8.The Grande Boars Haunting          
9.Gouffre         
10. Such a Lot

 

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