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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Necroblaspheme

XXVI: The Deeper, The Better

LabelSeason of Mist/Deeper & Sons
styleDeath Metal
formatAlbum
paysFrance
sortieavril 2012
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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Pour être tout à fait honnête, de Necroblaspheme, je ne connaissais pas grand-chose, et n’en attendais pas plus. Du moins, si la formation issue de la grande couronne Parigotte avait su me titiller les tympans avec leur solidement bâti, Destination : Nulle Part, l’impatience d’entendre du nouveau matériel était relative. Content de renouer avec un peu d’agressivité brute de décoffrage, sans l’attendre comme l’arrivée du Messie. J'attendais surtout que les parisiens transforment l'essai posé par Destination : Nulle Part : un Death bien dégagé derrière les oreilles, mais pas dénué de groove ni d'atmosphères poisseuses, mais qui devait aller plus loin dans la démarche pour marquer l'auditeur.
Puis un extrait de l’EP XXVI: The Deeper, The Better a été diffusé, et là, l’expectative modérée s’est muée en un vif intérêt. Intérêt d’autant plus légitime que la sortie de la rondelle a été conditionnée par divers déboires, qui ont poussé Necroblaspheme à batailler pour que son bébé pousse enfin son premier cri, sous l’aile bienveillante de Deeper & Sons, structure fondée par le groupe après la mort de son précédente tuteur polonais Agonia.

Et le voilà donc ce XXVI: The Deeper, The Better, l’artwork flashy dans les mains, le glaviot dans le mange disque, et la certitude qu’il est en passe de faire couler beaucoup d’encre. Nulle besoin de partir dans pléthores de circonvolutions pour aller à l’essentiel, Necroblaspheme a trouvé sa voie, son univers, cet EP est l’avènement de l’émancipation d’un groupe qui a beaucoup à offrir, beaucoup de ressources sous la godasse, de la créativité à revendre et des couilles qui touchent le parquet.

Necroblaspheme, non content d’avoir réussi à me réconcilier avec un genre que je n’affectionne pourtant pas particulièrement avec Destination : Nulle Part, est parvenu sur XXVI: The Deeper, The Better à s’éloigner davantage encore du giron Brutal Death pour y adjoindre une touche de personnalité supplémentaire, une touche de folie dévastatrice et salutaire. La violence est exacerbée mais sans être trop démonstrative, la démarche est sincère, la spontanéité des morceaux contraste avec la recherche de cohésion et la science de composition. La construction des titres est explosive, d’une richesse bluffante, nantie de subtilités que l’on saisi au vol et à mesure que l’on multiplie les écoutes. Moins immédiat que ne le laisserait penser la mise en bouche Seated To The Left Of The Sick, qui exhale des relents de She Said Destroy et atomise la gueule de l’auditeur après son engagement rampant et obscur, XXVI: The Deeper, The Better trouve rapidement son rythme et ses marques.

Mâtinées de brutal black, de relents stoner gras à t’en faire frissonner, sur fil rouge de Death Metal bien belliqueux, les velléités de Necroblaspheme sont exprimées avec nuances et de contre-pieds, l’EP n’est pas calibré dans la routine qui défouraille pour le plaisir de défourailler, les montagnes russes ne font qu’exacerber l’impact retentissant d’une musique décidément époustouflante de cohérence. L’enchaînement inattendu entre Vautour et le morceau titre vient conclure de la manière la plus représentative qui soit un EP qui mérite d’être connu, pondu par un groupe qui a su s’extirper d’un carcan trop étroit pour sa créativité foisonnante, servie par un son tout simplement monumental, qui a su doser un équilibre fragile entre distorsion étouffante et audibilité presque aérienne des instruments. Le résultat est atomique, surprenant aussi, une reprise de Simon & Garfunkel s’est glissée dans les 6 morceaux du titre sans que l’on puisse s’en apercevoir immédiatement, preuve tangible du potentiel créatif des bougres Parisiens.

Necroblaspheme navigue désormais en solo, ne souffre plus de comparaison, et ne peut plus être étiqueté comme autrefois, finalement seul son nom laisserait à penser que l'on se trouve face à un groupe de Brutal Death bas du front. En remodelant son Death Metal, en esquivant avec une aisance presque insolente l'écueil d'une redite faite par des aficionados pour des aficionados, Necroblaspheme a réussi à élargir son panel d'expression, injecte beaucoup d'émotions dans son songwritting, tout en conservant son intégrité, sa ligne de conduite. La sensibilité dans la retenue, enveloppée dans l’agressivité à t'en péter les cervicales et t'en faire saigner les feuilles, c'est un peu ça XXVI: The Deeper, The Better.

Le genre de livraison qui enrichit les horizons Death Metalliques, par sa diversité, qui témoigne que le genre à encore beaucoup à offrir, qu'il est encore capable d'évolutions et qui laisse présager du meilleur pour la suite. Une putain de leçon de Death Metal moderne, et, plus prosaïquement, l'une de mes grosses baffes 2012. J'en reprendrais bien pour des heures.

Bien joué, les gars.

1. Seated at the Left of the Sick
2. Human vs Humans : Last Exit
3. I, Shemale
4. The Sound of Silence
5. Vautour
6. XXVI : The Great Dead Moose

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