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Album

31 juillet 2015 - DarkMorue

Sentenced

Shadows of the Past

LabelThrash Records
styleDeath Metal Old School
formatAlbum
paysFinlande
sortienovembre 1991
La note de
DarkMorue
9/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Aaaaah la Finlande... Tout le monde parle du Death Suédois comme étant THE référence absolue. Le vieux Death Metal morbide à la prod croustillante, les dieux de Dismember, Entombed, Grave et Unleashed, les classiques qui le sont pas pour rien. Et autant la Norvège c'est le zéro pointé du Death Metal (les deux groupes qui se battent en duel y étant des side-projects de blackeux), autant on oublie toujours nos Finlandais qui ont quand même fourni une réponse bien solide en leurs temps (et désormais un Revival bien bien costaud). Avec un style plus hésitant mais bourré de charme. Le problème, c'est que l'intégralité des groupes du pays est totalement partie en sucette au moment de la crise du Death de 94. La plupart ont splitté, genre tous les Convulse, Funebre, Abhorrence ou Purtenance, d'autres comme Disgrace ou Xysma sont partis en couille, et Sentenced, ici objet de la chronique, nous ont fait une Amorphis, comme on dit dans le jargon. Mais voilà, entre le bien connu "Funeral Album" et la boucherie qui nous intéresse ici, il y a quand même un monde.

Le Death de Finlande se caractérisait par sa petite prise de risque. Avec une bien plus large propension à faire péter les ralentissements un peu atmo et les synthés horrifiques que les Suédois alors bien plus Punks dans l'âme. Mais malgré tout, le son restait bien sale comme il faut, grâce à rien de moins que... Timo Tolkki, ingé son ayant produit pratiquement tous les groupes de cette vague, ce qui le change bien de Stratovarius. Oui oui, ce Timo Tolkki là. Mais bref, si à un moment il faut développer tout cela, ce sera fait dans un dossier bien rangé proprement. En attendant, que nous réserve la bestiole ? Eh bien, si Sentenced s'est fait par la suite remarquer par ses albums de Metal Gothique classieux, à la base il donnait dans un genre beaucoup plus sauvage et a même été aux côtés de Funebre et Abhorrence l'un des tout premiers de son Pays. Et si on retient surtout pour l'heure les albums de Death Mélo un peu Black "North From Here" et "Amok" ayant fait transition entre les deux phases, je me sens obligé de réhabiliter "Shadows of the Past" qui semble bizarrement boudé de partout et considéré comme mineur. Alors que c'est juste un de mes albums préférés du genre entier. Que j'écoute quasi aussi régulièrement que "Like An Everflowing Stream". Si si. Vraiment.

Totalement modeste, sans trop d'originalité. En 1991, les énormes bombes des vétérans sont déjà sorties et ont foutu tout le monde à terre, donc le genre ne se renouvelle déjà presque plus. Mais alors, quelle puissance de feu, quelle efficacité, quelle perfection. Sans vitesse hystérique, on retrouve tout. Les leads qui pleurent, les grosses accélération massives dont le riffing nous fout directement Bolt Thrower en tête mais version Nordique, la rage, et voilà. Plus que tout, cet album est une succession ininterrompue de riffs qui pètent les murs. Rarement un morceau ne m'aura rendu aussi dingue que "When the Moment of Death Arrives" avec son passage pied au plancher qui entrecoupe les leads inoubliables. Carré à en donner envie de découper l'air à la hache, puissant et classieux, porté par le chant arraché efficace et énergique de Miika Tenkula (ce nom quoi), frontman improvisé. Et ça s'arrête pas là. Parce que tout est composé de main de maître, et on voit que le groupe se cherche, les petites touches sauce Finnish relançant constamment l’intérêt, et faisant se suivre ce marathon de 50min avec une fluidité exceptionnelle.

Si j'ai toujours trouvé "Rot to Dead" un peu en-dessous du reste car trop direct et simplet, la totalité des autres compositions mérite d'être citée tant chaque titre renferme son riff mortel qui ferait embarquer dans un tank ou son petit quelque chose de personnel. L'ambiance du tout est on ne peut plus morbide et sombre, mais le côté épique est toujours relancé par des passages bulldozer qui transcendent l'excellence de la production à la fois sale et précise (manquant peut-être un peu de puissance par moments). Le Groove mortel à la Entombed et le break horrifique à la con de "Suffocated Beginning of Life" en font l'un des morceaux phares de l'album, tout comme l'instrumental final "Descending Curtains of Death", mais, hé, les tueries enragées ne manquent pas. La furie absolue de "Beyond Distant Valley" (le morceau le plus furax de l'album) ou cet hymne à la baston dans le pit qu'est "Disengagement" devraient convaincre genre absolument tout le monde, en bon Death Metal rugueux, Old School et gras qui sait montrer les crocs et pas faire de quartiers.

Mais juste... Cet album me rend complètement fou. Je sais qu'on a fait mieux, qu'objectivement d'autres classiques sont meilleurs en tous points, mais rien à faire, c'est un coup de foudre arrivé sur le tard (alors que je l'avais boudé longtemps parce qu'on me l'avait vendu comme pas terrible, comme quoi). Chaque riff me fait bugger, les grosses séquences martiales font mouche à chaque fois. Les montées centrales de "Disengagement" avant le solo guitar hero (un autre des points forts) rendent dingue, tous les gros savatages carrés avec la double pédale à fond donnent envie de tout péter, ça marche à fond en plein dans le mille comme on devrait l'exiger de toute formation. Et si on préfigure l'évolution à venir au détour des notes plus claires et quelques passages acoustiques mignons, l'heure est pour le moment à la castagne. Et juste... Juste merci. Je ne comprendrai jamais pourquoi cet album est si sous-estimé et méconnu, très rarement cité comme une référence alors que ça compose et joue aussi bien que les poids lourds environnant à l'époque. Sûrement sorti un ou deux ans trop tard, ou simplement occulté par ses suites.

Donc voilà. Vous avez compris que cet album est un putain de coup de cœur des années 90. Le genre de truc que là, maintenant, en 2015, on calcule pas vraiment et on voit pas venir mais qui tape fort. Et bien que le groupe ait excellé en différents styles par la suite, tour à tour proche de Dissection puis de Paradise Lost ou même HIM (gneeeeeh), ma préférence va toujours à ce premier panzer. Parce qu'il regroupe tout ce que j'ai envie d'entendre dans un album de Death Metal à l'ancienne. Tout. Le truc sur mesure. Merci encore.

Tracklist :

1. When The Moment Of Death Arrives
2. Rot To Dead
3. Disengagement
4. Rotting Ways To Misery
5. The Truth
6. Suffocated Beginning Of Life
7. Beyond The Distant Valleys
8. Under The Suffer
9. Descending Curtains of Death

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