Interviews Retour
dimanche 26 juillet 2015

Khaos-Dei

Patrick (chant, guitare) et Fabrice (basse)

Schifeul

Dans l'équipe car il était là avant.

Khaos-Dei a sorti avec son premier album Tell Them Lucifer Was Here une des meilleurs sorties de cette première partie d'année 2015. Horns Up a donc été poser quelques questions à la formation que personne n'attendait et qui risque bien de faire parler d'elle à l'avenir.

 

1/ Salut à vous ! Khaos Dei est un nouveau groupe qui a sorti cette année son premier album, pouvez-vous nous présenter votre groupe ?

Patrick : Bonsoir, effectivement, KHAOS-DEI est un nouveau groupe né en novembre 2013 suite à une rencontre entre Fabrice et moi. Au départ nous avons été présentés par un ami en commun pour composer ensemble sur un nouveau projet avec Damian à la batterie, que nous ne connaissions pas. On ne savait pas nous-mêmes que nous allions faire un groupe, encore moins un album et ainsi de suite. C’était d’abord une rencontre, puis on a commencé par composer un titre que nous avons envoyé à Damian, et quelques jours après, ce dernier nous a envoyé ses parties batterie. C’est là qu’on a senti qu’il allait se passer quelque chose et qu’on allait s’impliquer totalement pour bâtir ce qui au final manquait pleinement à nos vies. C’était exactement ce que nous voulions.

2/ Tell Them Lucifer Was Here est donc sorti en avril, que pouvez-vous nous dire sur cet album ?

Patrick : Il est assez personnel et reflète ce que nous pensons d’un point de vue artistique et idéologique depuis tellement de temps. Trop d’ailleurs. C’est un album assez direct et qui doit s’écouter du premier au dernier morceau sans interruption. Une sorte d’expérience. Sortir l’album a été une sacrée aventure, une implication plus que personnelle.

3/ Comment s'est déroulé le processus de composition et son enregistrement ?

Fabrice : Un processus assez particulier, on est allés très loin! Le meilleur et le plus sombre de nous on va dire. Nos propres émotions dans chaque riff, un tout pour que tout soit parfait à notre sens, enfin ça fait prétentieux mais nous sommes loin de ça… Juste ce que nous aimons avec nos tripes…

Patrick : Exactement. Nous savions que KHAOS-DEI allait refléter nos vies, nos pensées. Partant de ce principe on a plongé dans une sorte de spirale jusqu’à la fin. De la rétrospection, du vécu, du présent... La composition s’est faite chez Fabrice à deux. Damian a composé et enregistré ses batteries chez lui et nous n’avions absolument aucune remarque à lui faire. L’enregistrement global s’est fait en deux fois. Les instruments chez Fabrice de novembre 2013 à février 2014. Les voix au VAMACARA studio six mois après, puis le mix et le mastering dans ce même studio et là aussi dans une ambiance très singulière.

4/ Vous êtes signés chez Osmose Productions, comment avez-vous réussi à décrocher un deal chez eux ?

Fabrice : La persévérance ! Et un contact humain, enfin un vrai ! Bien loin de toute l’industrie musicale actuelle… Hervé est un homme simple et vrai… Ca passe ou ça casse ! Ou des fois ça passe bien !

Patrick : Fabrice a envoyé un morceau à Osmoseet ils nous ont demandé le reste de l’album, de stopper les envois aux autres labels. Visiblement eux comme nous fonctionnons au coup de cœur. J’ai eu Hervé (Label Manager) au téléphone il y a une semaine et il ne savait même pas dans quel groupe nous jouions avant et nous n’avons pas communiqué là-dessus, ni au label, ni dans la biographie du groupe. On voulait sortir de tout ça. Reprendre nos vrais prénoms et arrêter la mascarade. Tout le monde peut signer sur un label, pas seulement les artistes qui montent un énième projet plus ou moins vendeur, ou un groupe mort qui tel le Phénix qui essaie de renaître difficilement. Vous connaissez l’histoire d’Osmose…nous aussi.

5/ Quels ont été les retours au niveau de la presse et des auditeurs de l’album ?

Fabrice : L’album est bien passé partout en Europe comme dans le reste du monde. Je pense notamment en Turquie, Allemagne, Autriche, Portugal, Norvège, Suède, Brésil…. Mais je crois que la France ne fait plus attention à ses propres groupes…pourtant on note une vague émergente en ce moment avec de gros potentiels.

Patrick : A notre grande surprise, gros silence en France jusqu’à Horns Up et quelques rares. Il y a des choses qui se passent dans l’Hexagone avec des groupes sincères que j’apprécie particulièrement et qui sont freinés par des gros labels qui veulent polir notre milieu. Mais ce n’est pas ça qui va nous empêcher d’évoluer comme nous avons décidé de la faire.

6/ D'ailleurs j'ai l'impression que l'album a l'air de mieux fonctionner à l'étranger qu'en France, c'est quelque chose que vous ressentez ?

Fabrice : Voilà, rien à rajouter…

Patrick : Oui on le ressent. On a beaucoup de retours positifs de l’étranger et qui ont bien compris ce que nous faisons. On a aussi un drapeau français sur le format slipcase du CD, ce qui a peut-être emmené les gens inconsciemment à se pencher sur un produit français. En France, dès que tu portes ton pays dans ton cœur tu es tout de suite qualifié de je ne sais quoi alors que « nos représentants politiques » n’on jamais autant prôné « l’unité » dans tout et n’importe quoi depuis janvier 2015…surtout dans la division.

7/Patrick, tu as été guitariste/chanteur dans Seth de 2001 à 2003, pourquoi cet éloignement de la scène pendant dix ans ?

Patrick : C’est le milieu complet que j’ai quitté, j’ai tout arrêté. Je n’ai pas gratté une corde en huit ans. Je devais m’investir dans ma vie professionnelle, déménager, partir loin et creuser le fossé. Avec le recul et la maturité ça n’était pas un mal. Ca a l’air de bien se passer pour Seth et j’en suis ravi pour eux, sincèrement. Le groupe m’avait beaucoup apporté à l’époque.

8/ J'ai ouï dire que certains dans le groupe étaient militaires ou étaient passés par l'armée, qu'en est-il ?

Fabrice : Oui effectivement. Certains le sont toujours, d’autres non. Voilà par exemple pourquoi l’album a été fait avec un intervalle important entre l’enregistrement des instruments et celui de la voix. On doit jongler avec ça aussi.

9/ Est-ce que ce type d’expérience a influencé votre musique ?

Fabrice : Totalement me concernant. Nous avons vécu des choses que très peu de personnes ont pu connaître ou ressentir, voire même concevoir… La haine est sur l’album, notre vécu et notre manière de voir les choses aussi.

Patrick : Notre musique évidement et notre façon de travailler aussi. Ca demande beaucoup de temps et d’organisation.

10/ Pour rester dans le militaire, par deux fois on peut entendre des extraits de chants militaires dans vos morceaux, pourquoi le choix de ce type d’utilisations ?

Patrick : Ils collaient parfaitement à KHAOS-DEI et j’avais secrètement déjà ça en tête. Mixer les deux était pour moi une évidence. Ces chants font partie du quotidien quand tu évolues dans ce type de métier.

11/ On retrouve donc « Le Chant des Marais » et « La Strasbourgeoise ». Pourquoi ces deux choix en particulier ?

Patrick : La Strasbourgeoise est un chant qui date de la guerre franco-prussienne de 1870. Il va totalement dans le sens que nous pensons, celui de la non-soumission. De ne pas tendre la main à celui que nous haïssons. Il clôture en quelque sorte l’album. Tout ça pour en arriver là. C’est pour moi un des chants les plus évocateurs. Concernant le Chant des Marais, c’est en réalité le chant des déportés. Ceux qui allaient vers l’inconnu…affronter la mort. Vous connaissez là aussi l’histoire. Ce que vous entendez sur l’album est une adaptation en français du chant allemand composé en 1933 par des prisonniers du camp de concentration, pour détenus politiques, de Börgermoor, dans le Pays de l'Ems, en Basse-Saxe. Il n’y a à mon sens, pas plus sombre. Ces deux chants sont encore chantés aujourd’hui dans les régiments français lors de déplacements en ordre serré. On ne peut que saluer et c’est un honneur, indirectement pour nous, qu’ils figurent sur notre album.

12/ En plus de ce coté militaire, l’album est très teinté de religion, où situez-vous vos croyances ?

Patrick : Nous sommes unis par la conviction que KHAOS-DEI est la raison pour laquelle nous avons dû nous rencontrer, c'est notre cause divine et tout cela crée un environnement que certains pourraient qualifier de culte, de croyance. C’est bien évidemment le cas. Les murs de notre temple sont très épais et très hauts, et nous ne nous soucions que fort peu de ce qui se déroule à l'extérieur de ceux-ci. Au contraire, nous consacrons notre vie au travail à accomplir à l'intérieur de ces murs, et continuons à travailler pour que la flamme noire perdure dans l’éternité représentée par le chaos. C’est une fraternité assumée. On ne fréquente pas beaucoup de monde en dehors des gens que nous connaissons réellement.

13/ “Tell them Lucifer was Here” sonne comme un avertissement, un message à faire passer… D’après vous, quelle est la preuve que Lucifer est sur terre, quelles sont ses actions visibles ?

Patrick : Les gens commencent à s’en rendre compte malgré les manipulations de masses…aussi bien religieuses que médiatiques soutenues par des siècles et des siècles de trahison. Les gens se perdent, on leur avait dit et pourtant…Il n’y a plus d’excuse. Le but du message est de les éclairer et de les inviter à choisir par eux-mêmes, de retrouver clairement la meute à laquelle ils doivent appartenir, et évoluer vers autre chose que ce que le « bien » leur impose tous les jours. Il est là notre Lucifer. Après chacun est libre d’interpréter sa philosophie des choses mais pour nous l’évolution n’est possible que d’une certaine façon.

Fabrice : Comptez sur nous pour vous faire passer le message.

14/ Si Khaos Dei avait un message à faire passer, quel serait-il ?

Fabrice : Pas de soumission, aucune… Soyez vous-mêmes ! Ne laissez jamais personne choisir pour vous ou dicter vos vies ! Et Lucifer est là pour le rappeler…

Patrick : « Ici, je n’entrerai jamais ». C’est ce que nous disons dans l’Office du Divin. Ce titre parle de la soumission, de l’office du Divin où le Christ donnait afin de faire plaisir et manipuler plus facilement. Exactement ce qu’il se passe en ce moment en France ou partout dans le monde. KHAOS-DEI c’est la petite fille assise sur les marches de l’escalier qui refuse de tendre la main à l’ennemi qui lui a arraché son père. Notre étendard est noir, ne vous trompez pas.

15/ Vous étiez récemment à la recherche de musiciens live, avez-vous réussi à compléter le line-up et doit-on s’attendre à vous voir jouer bientôt ?

Patrick : Oui ça y est. Ce n’était pas non plus une mince affaire. On a dû essayer du monde, trouver des solutions à un souci qui ne nous semblait pas en être un au départ. Il n’y a pas que le line-up que nous avons dû compléter. On a dû s’entourer de gens qui y croyaient encore et qui avaient envie de vivre l’aventure. On a une sacrée équipe de champions derrière qui pousse et qui en veut autant que nous.

Fabrice : Tout à fait, le chaos arrive…

16/ Pouvoir jouer votre musique en live est-il un cap primordial pour vous ? A quoi peut-on s’attendre sur scène ?

Patrick : Non, je dirai une continuité. Je respecte la démarche de groupes comme Abigor mais nous avions déjà en tête de jouer en live avant de sortir l’album. A quoi vous attendre sur scène ? Nous, avec notre envie et notre message. Certains qui auront fait le déplacement y trouveront leur compte, quoi qu’il en soit ça sera un vrai rituel pour nous. Et un rituel primordial effectivement.

Fabrice : Un déchainement de haine et de violence …

17/ Les paroles sont toutes en Français. Même si l’usage de notre langue se démocratise de plus en plus aujourd’hui, pourquoi avoir fait ce choix ?

Patrick : C’était une évidence pour moi. J’ai commencé à écrire les textes, en Français, qui devaient être chantés par un autre puis au final j’avais vraiment envie de le faire. J’ai demandé aux autres membres de la trinité s’ils y voyaient un inconvénient et au final je l’ai fait en Français. J’avais des doutes… pas sur les paroles mais sur ma voix. Mon chant est différent de ce que j’avais pu faire avant en studio. J’avais déjà chanté en français mais je ne savais pas ce que ça donnerait douze ans après. Mais c’est sorti comme ça et ça fonctionne pour nous. Le Français a été délaissé pour des paroles bancales en Anglais pour certains groupes. Je ne voulais pas de ça… impossible d’assumer l’écueil d’un chant fade sous prétexte qu’il faille sonner « international ». L’Anglais dans KHAOS-DEI n’aurait pas eu le même impact que le Français et le VAMACARA studio, entouré de son équipe, m’ont suivi et soutenu dans ce sens. Au résultat le groupe était satisfait.

18/ On peut entrer par moment dans l’intimité de l’enregistrement par la présence d’interventions parlées, pourquoi avoir choisi ce genre d’interludes et quel genre d’ambiance souhaitez vous installer avec ce genre de procédés ?

Patrick : Je vois ce que tu veux dire. Les autres membres du groupe n’étaient pas avec moi pour l’enregistrement des voix. Je suis allé seul au studio et je voulais inconsciemment les faire participer. Leur dire que nous étions en train de mettre la touche finale et me faire le déroulement dans ma tête. On savait qu’on allait le faire, mais on ne savait pas ce que ça allait donner concrètement. Durant les fameux six mois on avait imaginé beaucoup de choses, attendu auprès de certains aussi, puis au final on a tout fait tout seul. Le chant pour moi marquait la fin du processus et la libération. Je n’ai pas pensé à installer d’ambiance particulière, juste faire ce que je voulais à tel et tel moment. En revanche si tu veux nous inviter à une de tes soirées, tu vas voir comme on sait plomber une ambiance.

19/ Pouvez-vous nous dire ce que l'on peut attendre de Khaos Dei dans le futur proche ? Et je vous laisse le mot de la fin pour nos lecteurs.

Patrick : Gardez vos oreilles et vos yeux bien ouverts car des idées, on en a, et les moyens, on va se démerder pour les trouver. On est en train… alors laissez-nous le temps de tout mettre en place. Progresser est primordial. Notre but a toujours été d’explorer notre art, de nous explorer nous-mêmes, et d’explorer l’envers du monde. Contrairement aux autres groupes, nous avons eu la chance de signer un contrat avant de sortir quoi que ce soit. Du coup nous avons été légèrement pris de court mais on va tout faire pour continuer à faire brûler la flamme noire.

Fabrice : De vous voir tous à nos côtés durant nos concerts serait une des choses uniques pour moi… ET NOUS LE RENDRE…