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Album

04 juillet 2015 - AxHell

Vermin Womb

Permanence

LabelThroatruiner Records
styleBlack/Death/Grind/Sludge
formatEP
paysEtats-Unis
sortiejuillet 2014
La note de
AxHell
8.5/10


AxHell

Cramé de musique depuis 15 ans / cinéphile / retrogamer / vieux con / hater notoire. Ah, et je bosse chez les fous. Je le deviens peut être, à force.

Il y a des groupes comme ça, qui s’approchent de vous sans crier gare et qui se tapissent dans l’ombre pour vous asséner un violent coup de masse sur le coin du museau, et ce en vous laissant des traces indélébiles. Avec le temps je ne compte plus les formations sans réelle substance ni réel intérêt qui croisent ma route et dont je m’enquille les discographies ENTIERES pour déceler cette perle, ce petit quelque chose, cette flamme qui fera vaciller mon petit cœur tout mou et saura récompenser cette monstrueuse attente. Inutile de vous préciser que c’est, hélas, trop rarement le cas.

Continuer cette chronique sans expliciter les circonstances du choc que j’ai reçu me semble impossible. Je pourrais la résumer en un seul mot : Internet…
En effet, depuis mon entrée dans la sacro-sainte équipe d’Horns Up, j’éprouve ce besoin intarissable de faire de nouvelles découvertes. Toujours, toujours plus, et tout le temps. Mais alors, vraiment tout le temps. C’est dans cette optique que j’ai (re)fait connaissance avec une plate-forme littéralement magique : Bandcamp. En effet, je ne compte plus les heures passées chaque jour (3 ou 4 en moyenne, et davantage si j’ai le temps !) sur ce site pour parfaire mes connaissances. Il y a de quoi être perdu dans la masse : on peut aisément y écouter les balbutiements en démo d’un horrible groupe de DSBM Mexicain, en passant par l’album autoproduit d’un groupe de BDM Russe, tout en révisant ses classiques en se faisant passer la disco entière d’un groupe connu et établi, avec un son tout à fait correct et en streaming gratuit. Que demande le peuple ? Alors oui, évidemment, vous connaissez tous ce site depuis des années et n’avez aucunement besoin que je vous explique son mode de fonctionnement, mais je profitais de ce paragraphe, que je n’espère pas trop long, pour en rajouter une couche, le rappeler à vos bons souvenirs, et par la même occasion m’adresser à ceux qui sont comme moi littéralement affamés de (nouvelle ou non) musique à un point quasi pathologique : un voyage non sans heurts mais gratifiant en fin de compte.

Je me permets également d’attirer votre attention sur un label Français qui je l’espère, fait déjà partie de votre paysage musical : Throatruiner Records. Montée par Matthias, brailleur de l’excellent combo Français Calvaiire, la structure, d’obédience Hardcore –mais pas que-bien sentie, nous éructe sa rage au visage depuis de nombreuses années. Avec style. Que ce soit avec le stoner occulte d’Huata, la grandiloquence d’un Quartier Rouge, la maestria d’un The Phantom Carriage ou encore la rage communicative de Nesseria, tout est fait pour nous pilonner la tronche. Et on en redemande.

Ce qui m’amène naturellement au sujet du jour : Vermin Womb. Fraîchement découverte via le bandcamp de Throatruiner (tout se recoupe, donc), le gang américain compte en son sein trois vieux briscards à qui on ne la fait pas, ou plus : regroupant des membres de formations telles que Drought, Clinging to the trees of a forest fire ou encore Primitive Man (autre signature chez Throatruiner !), nous savons d’avance que le résultat ne donnera pas dans le progressif symphonique. Le groupe entame sa discographie par un EP, intitulé "Permanence", constitué de cinq petites chansons pour une petite vingtaine de minutes.

Autant annoncer la couleur tout de suite, vous avez déjà pris connaissance de la note du skeud : y’a bon. Y'a bon parce-qu’entamer un titre sur des chapeaux de roues, en ayant « piqué » les riffs d’Immolation (période "Closed To A World Below") tout en y injectant une rage à la Converge ça a tendance à me parler. C’est désespérément sombre, sale, gras, asphyxiant. J’en veux pour preuve avec "You Know Nothing" qui démarre l’écoute de la meilleure des manières possibles. Cette alternance entre blast-beats ultra brutaux et sautillements punk est salvatrice, car tu ne vois pas la prochaine mandale se préparer et se déposer sur ton nez. J’ai parlé de Converge, mais ça sent bon aussi le Calvaiire et le Nesseria tout ça : ça urge, ça cogne et ça rend fou. Les vocaux, que je trouve un poil monocordes, retranscrivent néanmoins fort bien toute cette haine suintante que je cherche à vous communiquer : la rage à l’état pur.
Cette rage peut prendre différentes formes. Sur "Bitterness", c’est le Black Metal qui vient prendre le relais. Mais à la sauce Vermin Womb. Comme si des Rottweiler/Doberman de l’enfer dormant dans des niches affublées des logos Blasphemy/Archgoat/Black Witchery se partageaient « gentiment » une grosse part de bidoche avariée. Miam.
Malgré tout, des temps nous sont accordés pour "respirer". Bon, on brasse de l’air chaud et vicié certes, mais les musiciens savent parfois lever le pied quelques minutes pour nous faire reprendre nos esprits, merci à  "9 Fruitless Years Of Total Fucking Agony" et "Gave" pour leurs passages carrément plus sludge dans l’esprit, où les frappes sont précises mais brutes, intenses mais espacées. Ca trifouille les cordes, ça se cherche tout en faisant du bruit, c’est dissonant, ça grince, ça larsenne. On dirait même du "post" vers la dernière minute de cet EP. Vous relevez pas de vos sièges, du post version Vermin Womb hein.

Comme cité plus haut, même pas vingt minutes de musique peut paraître court, mais je vous assure que c’est largement suffisant pour prendre votre raclée. Je pourrais recommander cet opus à la fois aux Deatheux qu’aux Coreux, Blackeux, et Grindeux, mais je vais être plus magnanime : écoutez-moi ça. Tous. C’est parfait par cette chaleur, il paraît. Ou pas.


Tracklisting :

1) You Know Nothing
2) Bitterness
3) Setting Standards
4) 9 Fruitless Years Of Total Agony
5) From Below
6) Gave