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Album

25 mai 2015 - DarkMorue

Incinerate

Eradicating Terrestrial Species

LabelComatose Music
styleBrutal Death Metal
formatAlbum
paysUSA et Canada
sortieavril 2015
La note de
DarkMorue
4.5/10


DarkMorue

Un mec qui écrit des trucs.

Incinerate. Ils font partie de ces groupes là, qu'on voit partout, qui se posent comme une très discrète référence, le machin vers lequel on revient qui jalonne et impose son aura dans la scène Brutal Death ricaine, avec simplement un seul album pilier sorti y'a pas loin d'une décennie. Ils sont pas les seuls dans cette catégorie-là. Severed Savior, Inveracity, Unmercyful, Disavowed... Et même pendant un bon moment Guttural Secrete et Gorgasm. Ces groupes là, qui ont rien révolutionné mais ont one-shot UN album en particulier totalement barge qui a foutu tout le monde sur le cul et silence radio par la suite. Incinerate est donc de ceux-là, avec leur "Anatomize" qu'on a toujours en tête alors qu'il est sorti en quoi, 2008 ? Donc il y a... Il y a sept ans purée, ça nous rajeunit pas ça. Et donc, alors que tout le monde les a crus perdus avec leurs déboires de line-up, voilà que finalement ils reviennent. Et... Et on aurait pu s'en douter, et vous avez déjà vu la note, c'est pire qu'en-deçà de ce qu'on pouvait en attendre. Mais parfaitement explicable et tout sauf surprenant quand on regarde ça d'un peu loin.

Parce que bien évidemment que le compositeur principal n'est plus de la partie. Notre brave Scott Ellingboe a plutôt intérêt à se faire tout petit dans la scène ces derniers temps avec l'affaire Brutal Bands qui a quand même foutu un coup dur à une bonne partie de la scène. Du coup la sortie de ce "Eradicating Terrestrial Species" se fait sur Comatose Music, distro bien sympa mais aux sorties de qualité trèèès variables et pas les mieux exposées. Un tel changement de line-up augure jamais rien de bon, surtout quand genre l'intégralité des autres membres foutent le zouk aussi (seul le frontman est resté et le batteur repêché, sinon coucou les nouveaux guitaristes et bassistes quasi anonymes). Au moins, la pochette est plutôt jolie. Moi quand je vois ce genre de SF je suis toujours tout émoustillé, et puis bon, ce genre d'ambiances sur du Incinerate ça devrait rendre un truc bonnard non ? Hahaha. Non. A part deux-trois intros bricolées en samples cheaps, on oublie. J'aurais aimé adorer cet album, franchement, mais... Mais bon sang ce que c'est banal, cliché et pas intéressant wow.

Incinerate, avant, c'était quoi ? Un groupe totalement explosif, taré, qui fonçait dans tous les sens avec hystérie tout en restant parfaitement focalisé et avec Erlend Caspersen lui-même qui nous envoyait à la gueule ses lignes de basse qui refilent la trique habituelle. Pas pour rien que le grand frère fasse toujours parler de lui. Et maintenant ? C'est un sous Deeds of Flesh. Vous savez, celui des albums un peu chiants, genre "Crown of Souls". On sauve évidemment des trucs, genre les petites trouvailles mélodiques de "From Distant Worlds" ou "The Berserker" qui est pour le coup le seul vrai morceau qui défonce d'un bout à l'autre. Mais sinon, on aligne les erreurs de débutants rédhibitoires et c'est casse-couille et frustrant venant de vétérans pareils. Déjà le manque de parti pris. On a énormément de passages qui flirtent avec le Slam et veulent peser sur la gueule. Sauf qu'à chaque fois, ça débarque de nulle part, c'est amené n'importe comment, on comprend juste pas où le groupe veut en venir et hop on est repartis pour tricoter les guitares dans le vide. Deux ou trois fois par pistes. Sérieux stop. Et non c'est pas une question de spontanéité ou je sais pas quoi, écoutez "Unable to Ascend", autant on trouve du riff et des plans techniques qui valent pas rien, autant c'est juste un n'importe-quoi structurel improbable et désagréable. Et c'est chiant parce que ça sabote un ensemble qui, sinon, pourrait être parfaitement efficace, suffisait que chiader quelques breaks mais... Ergh. Au moins quand ça fait parler la poudre ça déconne pas, quand ça blaste ça le fait et ça riffe dur, déjà ça de pris malgré la relative platitude et mollesse.

On en vient à un second souci de taille. Le chant. C'est vraiment le même mec que sur "Anatomize" ? Parce que j'ai genre, jamais de ma vie, eu autant l'impression d'entendre un vocaliste qui s'emmerde profondément et envoie ses lignes à l'arrache avant de retourner à la machine à café en laissant jouer les gratteux. UUUUURK. UUUUURH. WUUUUURH. Voilà c'est bon, morceau suivant. UUUUURGH. Sérieusement. Non mec on fait pas ça. Encore moins quand on a prouvé par le passé qu'on avait un growl de tueur capable d'absolument tout. Et c'est juste symptomatique du reste... Parce que qu'on se le dise, cet album n'est pas mauvais. Absolument pas. Il est blindé ras la gueule de riffs ultra carrés et au niveau de jeu supérieur, sauf que le souci c'est que... Bah c'est qu'en 2015, cet album-là, il sort tous les mois, en dix exemplaires. Du coup maintenant, dans la scène Brutal actuelle, pour différencier les groupes, pour en faire sortir de l'anonymat, on peut pas juste dire que ça défonce parce qu'il y a des bons riffs et que ça blaste. Tout le monde le fait. Donc quand c'est un cador comme Incinerate, un gros nom qui a réussi à se tailler la part du lion en son temps grâce à tous les moyens qu'il avait à sa disposition, ça va pas. Pas du tout. Quitte à refaire un truc sans le membre pivot, autant recréer un nouveau projet "avec des membres d'Incinerate" plutôt que balancer un opus aussi moyen en capitalisant tout sur le blase... Non ?

Et en plus, merde, c'est court tout ça. Vingt-cinq minutes à tout péter quoi. Avec la dose de samples et intros dans le lot. Okay l'album affiche bien plus que ça au compteur final mais faut compter avec un réenregistrement du premier album qui apporte rien à l'original, ainsi qu'une reprise de Severed Savior qui apporte rien du tout non plus à l'originale. Ils s'amusent, okay, mais ça en devient presque consternant cet acharnement à vouloir absolument tendre le bâton pour se faire battre quand même. Quant à savoir si ça se rattrape en live, pour le coup je les ai loupés au Neurotic comme un peu tout le monde because les groupes les encadrant m'étaient bien plus primordiaux. M'enfin bref. Vous avez compris le délire. Un album dont l'écoute n'est pas possible à déconseiller pour l'amateur occasionnel du genre. Par contre pour ceux qui attendaient beaucoup du groupe et qui sont habitués à s'ingurgiter la moitié de la scène, c'est du vite oublié...

Tracklist :

1 – The Prophecy (intro)
2 – Inhuman Inoculation
3 – The Arrival
4 – From Distant Worlds
5 – Eliminating the Indigenous (Travelers of Space)
6 – Unable to Ascend (Loss of Faith)
7 – Cultivation of Human Offspring (Infinite Power)
8 - The Berserker (Rise of the Humans)
9 – Fucking the Rotting Nun
10 – One by One (Severed Savior cover)