Chronique Retour

Album

17 mai 2015 - AxHell

La Division Mentale

Totem Simius

LabelFoedus Aeternus
styleMetal extrême avant-gardiste
formatAlbum
paysFrance
sortieseptembre 2012
La note de
AxHell
7.5/10


AxHell

Cramé de musique depuis 15 ans / cinéphile / retrogamer / vieux con / hater notoire. Ah, et je bosse chez les fous. Je le deviens peut être, à force.

Dans tous les styles, pays et/ou scènes, j’aime à penser qu’il existe des formations qui, même si elles n’ont et n’auront jamais la reconnaissance ou l’estime qui leur est dûe, savent se démener pour nous proposer un travail de qualité, années après années. L’ombre « médiatique » (à prendre avec des pincettes évidemment, il s’agit de Metal extrême) est peut-être plus propice à l’expérimentation, à une prise de recul plus franche avec le travail d’un artiste. Allez savoir, LA DIVISON MENTALE (toujours composée de Cypher et de Mriik, officiant respectivement dans WOLOK et ZAGHURIM/DEVILISH ERA –rip-) n’est pas BLACKLODGE ou encore MYSTICUM pour ne citer que ceux-ci.

Après une démo sobrement intitulée « Syndrome » qui amorçait les prémices d’un Black/Death électronique hautement ravagé et d’un premier album, « L’extase des fous », petite bombe de Black industriel torturé et saupoudré des samples les plus creepy sur Terre (mention spéciale pour les spoken words féminins !), LA DIVISION MENTALE - LDM pour les intimes - revient avec un nouvel opus, j’ai nommé « Totem Simius ».

Cinq ans de gestation pour produire un nouvel effort, ce n’est pas rien. La première question que je me pose généralement dans un cas comme celui-ci est de me demander si le groupe reprend les choses là où il les avait laissées, où s’il décide de faire tomber quelques barrières en renouvelant un peu son vocabulaire, quitte à perturber un peu ses auditeurs….Autant annoncer la couleur tout de suite : niveau prise de risques, l’écoute de cette galette revient un peu à faire du base jump sans parachute au-dessus d’un volcan.

En effet, dire que ce disque entame une rupture franche avec les précédentes réalisations du groupe est pire qu’un euphémisme, tant le brassage des styles et des genres se fera furieux. Exit, le Black industriel glacé, incisif et noisy de l’« Extase » qui n’avait pour unique but que nous hanter ! Dans « Totem », il sera également question d’envolées plus typées rock bruitistes et/ou industrielles (et parfois carrément dansantes comme le départ de la chanson éponyme), de vocalises à la limite du suave, chaudes et susurrées (« The Eye »), d’interludes jazzy (« Throbbing Gristle »…et, au passage, tu la sens ma grosse référence ?), de plans plus aériens et atmosphériques (voire pianistiques !) qui viendront entrer en collision avec des passages plus nerveux, aux riffs tordus, techniques et dissonnants, vociférant leur haine cybernétique à grands coups de boîte à rythmes programmée pour blaster : un véritable patchwork qui se révèlera indigeste si l’auditeur, trop peu attentif ou trop dérouté, finit par perdre le fil.

Evidemment, un autre cas de figure est aussi possible : celui d’avoir enchaîné les écoutes et d’avoir su « domestiquer » la bête, et c’est là que le travail du groupe prend toute sa saveur. Toutes ces couches superposées, une fois digérées et assimilées, se révèlent tout à fait hypnotiques. C’est toujours un beau bordel, certes, c’est foutraque, mais maitrisé. Sans parler de fil conducteur, les morceaux s’enchaînent sans temps mort et contribuent à dévoiler l’une après l’autre chaque facette du prisme LDM version 2012. « Totem Simius » me fait penser à ce que pourrait donner « Fractal Possession » des Australiens d’ABIGOR si le tempo avait été ralenti, ou encore, si un BLUT AUS NORD époque « Mort » rencontrait les vocaux de DEXY CORP  et des grattes à la RAMMSTEIN sur fond de DIAPSIQUIR, autant dire que, présenté comme ça, le résultat final a de quoi allécher ! Même si j’assume totalement ces références, il est évident que chacun se fera sa propre interprétation après écoute.

Eprouvant, exigeant, vertigineux, mais néanmoins gratifiant, ce « Totem Simius » est un véritable virage à 180 degrés si on le compare aux précédentes œuvres du groupe, une réelle prise de risques qui déroutera certainement quelques mordus de la première heure mais en fascinera d’autres. A recommander si vous aimez les sensations fortes.

Tracklist :
1) HALCYON Days
2) The EYE
3) Totem Simius
4) The Faithful
5) Throbbing Gristle
6) Rebirth Of The FLESH

Les autres chroniques