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Album

26 avril 2015 - Dolorès

Der Weg Einer Freiheit

Stellar

LabelSeason Of Mist
styleBlack Atmosphérique
formatAlbum
paysAllemagne
sortiemars 2015
La note de
Dolorès
3.5/10


Dolorès

Non.

Avec "Unstille", les Allemands de Der Weg Einer Freiheit n'étaient pas passés inaperçus. Nombreux ont été les amateurs de Black Atmo conquis par ce second album, passé incontournable de 2012. C'est donc de l'impatience qu'on retrouve à l'annonce de ce nouvel opus, "Stellar", sorti début 2015. Malheureusement, c'est un joli raté, on aurait du s'en douter dès que le groupe a été comparé à Deafheaven... Qu'on aime ou non ce dernier, il faut avouer qu'on imaginait mal Der Weg Einer Freiheit tomber dans le même univers, encore bien trop ancré dans la vague Black Metal, moderne certes, mais sans mériter d'être rattaché à la sphère Post-Black et compagnie.

C'est pourtant ce qu'il fait. Difficile de nier que nombreuses sont les différences avec l'album précédent, on se trouve ici en présence d'un album dont le son laisse déjà présager des compositions aseptisées, sans fond et redondantes. En ce sens, ils me rappellent Agrypnie, et plus globalement cette foule récente de groupes allemands vaguement atmosphériques, qui doivent sans doute réussir à toucher des gens puisqu'ils vendent leurs albums, mais qui me donnent l'impression amère d'un énorme manque d'inspiration. Tout y est prévisible, aucun riff ne sort du lot, on voit venir à des kilomètres comment le morceau va se structurer, comment la batterie va évoluer à la seconde près.

"Repulsion" ouvre l'album, et c'en est l'exemple parfait : petite montée en intensité, explosion, bref rien de très convaincant ni sincère. Le riff stagne. Il part en petits arpèges presque pop rock : on l'a vu venir. L'ensemble s'éteint sur une petite outro charmante au piano... Le titre a-t-il été construit pour la radio? Joli petit schéma, utilisé mille fois. Je n'ai rien contre les morceaux Black efficaces et simples sans prise de risques, sauf quand cela fait perdre son identité au groupe.
Et pourtant, le son a beau être monstrueux, il s'agit de leur seul avantage. Parce que bon, la batterie tape pour taper, ça résonne, c'est beau et dévastateur, mais la qualité de composition ne suit pas et ça tape finalement pas mal dans le vide, laissant la batterie manger tout le reste de la production. La guitare sonne légère à côté, ce qui crée un décalage immense entre les riffs très aériens et la batterie, omniprésente, rapide et lourde, dans une sorte de boucle infinie.

On est loin de "Unstille", vraiment, dont la différence principale est qu'il sonnait convaincant du début à la fin, possédé, sûr de lui, un album qui te prenait aux tripes sans te demander ton avis.
Dans les changements de forme, on remarque aussi que le chant clair vient s'inclure. Clairement, on se demande juste ce qu'il fait là, faisant perdre de la crédibilité à l'ensemble car il est souvent placé sur des passages peu pertinents. En parallèle, le chant hurlé met du temps à s'installer, et ne ressort finalement pas au mix. Tobias Jaschinsky, qui chantait auparavant, a quitté le groupe l'an dernier, et c'est Nikita Kamprad, compositeur et guitariste du groupe qui reprend le flambeau. Si le type de chant reste proche, il faut avouer que la voix grasse et particulière de Tobias manque aux morceaux. Grosse déception puisqu'il s'agissait de l'élément le plus attendu dans l'espoir de relever le niveau des compositions.

Comme semble le confirmer le label en tentant de vendre le groupe grâce à ce type d'arguments, Der Weg Einer Freiheit semble essayer de se rapprocher d'Imperium Dekadenz. En vain. On n'a aucune émotion qui se transmet, ce qui fait tout simplement que les titres défilent, se ressemblent, n'ont jamais le détail ou le feeling qui retiendrait notre attention.
A vrai dire, on peut écouter l'album d'une traite, sans réellement s'ennuyer, mais on n'en tirera rien d'exceptionnel. Les morceaux sont redondants, les mêmes riffs, les mêmes notes, cela tourne et on attend juste qu'un miracle se produise. J'attends toujours les élans épiques, les structures complexes et ce chant si prenant auquel on s'était habitué.

Le tableau n'est pas complètement noir : "Einkehr" provoque une petite surprise dès le début, qui permet de changer un peu d'atmosphère grâce à une construction plus variée. Dans la même idée, "Verbund" tabasse un peu plus. Ici, la batterie est à sa place, et ne semble pas en total décalage avec l'ensemble du titre, un gros plus. Les deux Bonus Tracks restent également une grande énigme, entre un titre acoustique peu pertinent, et "Unendlich" qui s'en sortait bien avant que sa partie basse ne se barre en couille totalement : c'est à dire qu'on dirait que le bassiste est en train de s'accorder pendant l'enregistrement. Soit.
La plus grosse surprise et déception à la fois restera "Letzte Sonne" ou un véritable recyclage de "Zeichen" de l'album précédent. Malheureusement on retrouve enfin le groupe et son identité précédente mais pas comme on l'aurait souhaité, ça sonne réellement comme un titre oublié du dernier album (qui s'y serait réellement très bien intégré), tellement qu'il devient à part et isolé sur "Stellar".

C'est juste dommage. J'aurais été la première heureuse que cet album soit une réussite, dans la lignée du précédent qui avait cette patte unique qui le rendait intéressant de A à Z. Qui blâmer ? Modification du line-up, changement de label (de Viva Hate Records à Season Of Mist...), éventuellement ? Si même les groupes qui ont un fort potentiel tombent dans les productions lisses et la mode des compositions Post-machin sans donner de leurs tripes... A trop jouer la carte de l'opportunisme, on se retrouve dans un monde qu'on ne maîtrise pas.

1. Repulsion
2. Requiem
3. Einkehr
4. Verbund
5. Eiswanderer
6. Letzte Sonne
7. Idyll (bonus track)
8. Unendlich (bonus track)

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