Chronique Retour

Album

24 avril 2015 - Di Sab

Inquinamentum

Void

LabelIndépendant
styleBlack Metal Atmosphérique
formatAlbum
paysRoyaume Uni
sortiefévrier 2015
La note de
Di Sab
8/10


Di Sab

Une intro plate et conventionnelle tout en restant, je l’espère, efficace est, à mon sens, préférable à un semblant d’amorce totalement pété composé de métaphores impliquant en général du pâté ou du bois. C’est pour cela que je m’excuse d’avance si vous vous emmerdez lors de la lecture du premier paragraphe. Permettez donc qu’aujourd’hui, je marche sur les plates bandes de mes camarades chroniqueurs de black en vous présentant Void, troisième effort des Anglais d’Inquinamentum. Je ne vais pas faire le mec, je n’ai pas un doctorat en black metal underground (« dans les caves et tout » aurait dit Clément le No Life, dédicace à ceux qui mataient déjà des vidéos de merde dans les années 2000). En revanche, Void fait indéniablement partie de mes coups de cœur de ce premier tiers de 2015, plus pauvre en sensations fortes que prévu.

Inquinamentum ici verse dans un black atmosphérique qui garde quelques traces de leur passé DSBM comme le laisse deviner l’artwork. Musicalement, nous sommes en terrain connu : riffs à la double croche, tantôt épiques tantôt agressifs, blast beats, orchestrations symphoniques, passages acoustiques et ces petits arpèges légers et aigus qui ne dénoteraient pas dans des titres de post-rock. Là où le groupe de Leeds tire son épingle du jeu, c’est dans l’arrangement et le dosage de ces éléments. Autant dans le doom, démesure peut être synonyme de qualité (des notes toujours plus longues, des riffs toujours plus lents, des sons de guitare toujours plus noyés sous les effets), autant la parcimonie et la modération permettent de séparer le bon grain de l’ivraie dans le black metal, en particulier dans le black atmosphérique. Ici, pas d’abus d’arrangements symphoniques (coucou Carach Angren), juste ce qu’il faut pour appuyer l’aspect épique de certains passages (Fading) ou pour servir de transition entre les passages typiquement black metal et les passages en son clair (From the Inside Out).

C’est d’ailleurs un autre point fort de Void : les changements d’atmosphère sont particulièrement bien amenés (la fin du titre d’ouverture Ascending Atramentous et son decrescendo qui fait place à une guitare acoustique est un bon exemple de transition fluide). C’est un fait suffisamment rare pour être mentionné. Jamais un passage acoustique ne débarque de nulle part ou s’insère mal dans le morceau. Et lorsqu’il n’y a pas de transitions entre les plans atmosphériques et les passages black, l’auditeur est pris à la gorge comme il le faut. La performance vocale du chanteur est bonne, notamment sur le sépulcral Ashes où le chant ne dénoterait pas dans un morceau de death. Le très bon mix permet d’ailleurs d’entendre de manière distincte tous les instruments sans que ceux-ci noient les vocaux. On notera également que la piste la plus longue ne fait pas même 8 min 30. Les chieurs qui rechignent devant de trop longues tracks apprécieront.

Inquinamentum est sorti du tunnel et a vu la lumière. L’artwork où le ciel blanc occupe les ¾ de l’espace, reléguant la forêt au second plan le montre bien. Fini le DSBM inintéressant et ultra conventionnel (pour rester poli) de Luminescence (2013) et de Lustrum (2011). Les Anglais ont beaucoup gagné en opérant ce virage musical et en ne gardant que le meilleur de leur passé et livrent donc avec Void un très bon opus de Black Atmosphérique d’école. En effet, bien que les éléments qui le composent soient ultras académiques, l’ensemble est vraiment bien branlé et surprend par sa cohérence. Très facile d’accès, sans pour autant tomber dans le mainstream putassier, Void et plus largement Inquinamentum n’ont pas, au sein d’une scène surchargée, la place qu’ils méritent. En espérant que cela change d’ici les prochains mois ou les prochaines années, à condition qu’ils ne retombent pas dans leurs anciens travers.


Tracklist :
1 Ascending Atramentous
2 Banned to the Nether
3 Ashes
4 Red Tained Sky
5 From the Inside Out
6 Euphoric Hollow
7 Fading