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mardi 21 avril 2015

Finntroll

Vreth et Routa

Paul

Rencontre fort sympathique avec Vreth (chant) et Routa (guitare) à l'occasion du passage de Finntroll au Metronum de Toulouse le 24 mars dernier. Le live-report de la soirée, écrit par le collègue Shawn, est disponible à cette adresse : http://www.hornsup.fr/a-7759/live-report/finntroll-hatesphere-profane-omen


Tout d'abord, comment vous portez-vous en cette belle (ou pas) journée de printemps ?

Routa : Pas mal du tout, même si l'on est un peu fatigués. On avait une journée libre hier. On est allés au spa, on a très bien mangé et après... on a fait une sacrée fête. On s'est réveillés dans un sale état. Mais ça nous fait très plaisir d'être de retour en France. Les salles sont super, tout fonctionne à merveille, donc nous sommes une bande de joyeux trolls avec la gueule de bois.
Vreth : Nous sommes très contents d'être ici aujourd'hui. Nous étions en Espagne la semaine dernière...
Routa : Les organisateurs étaient excellents en Espagne, mais les salles étaient... un peu différentes des salles françaises. Il n'y a de place nulle part là-bas. Les backstages sont minuscules et remplis de monde. Ici, c'est génial, il y a plusieurs pièces.
Vreth : Et chaque groupe a sa propre douche ! En Espagne, je crois qu'ils détestent les chaises aussi, tu ne peux jamais t'asseoir. Je ne sais pas pourquoi. Ici, c'est vraiment cool pour ça.

Comment est né le projet de cette tournée « Nattfödd » ?

Routa : À la base, je crois que c'était l'idée de notre ancien batteur (Beast Dominator, ndt). On n'avait pas de nouvel album à promouvoir à ce moment-là (mi-2014, ndt), et c'est quelque chose dont tu as vraiment besoin pour partir en tournée aujourd'hui. On s'est rendus compte que ça faisait pile 10 ans qu'était sorti « Nattfödd ». On s'est dits que l'on pourrait faire une tournée où on jouerait l'album en entier, avec aussi des morceaux plus récents, car cet album a été décisif dans l'histoire du groupe.
Vreth : On ne pouvait pas se permettre de faire une troisième tournée « Blodsvept » en Europe et jouer les mêmes morceaux encore et encore. « Nattfödd » est non seulement un album important pour Finntroll, mais aussi pour la scène Folk Metal en général. Il est sorti au moment charnière où les gens ont commencé à vraiment en entendre parler.

Comment s'est déroulée la tournée débutée en septembre jusqu'à aujourd'hui ? J'imagine que les fans sont très contents d'entendre cet album légendaire joué live dans son intégralité.

Vreth : C'est aussi pour ça que l'on fait cette tournée. Cet album est très populaire, et particulièrement en France. La programmation des dates françaises s'est faite en quelques jours. Les organisateurs ont été très enthousiastes vis-à-vis du line-up et ont tout de suite adhéré au concept. En fait, l'organisation de la tournée s'est articulée autour des dates françaises.
Routa : La diversité des groupes qui jouent sur cette tournée y est aussi pour beaucoup. Profane Omen et Hatesphere sont deux super groupes de scène, chacun avec son style bien à lui, très différent du nôtre. Et nous nous rendons compte à quel point les fans apprécient aussi nos dernières sorties. C'est comme si nous donnions deux concerts à la suite chaque soir : un premier avec « Nattfödd » en entier et un second avec nos morceaux plus récents.
Vreth : Tu verras par toi-même ça ce soir, quand « Blodsvept » part, le premier morceau du second set, le public devient fou. On n'en revient pas.

En parlant de « Blodsvept »... Aujourd'hui, avec le recul que vous avez pris depuis sa sortie en 2013, qu'est-ce qui vous rend les plus fiers à propos de votre dernier album ?

Vreth : D'avoir réussi à le sortir ! On a rencontré tellement de difficultés avec cet album... À un moment, on a vraiment failli abandonner l'idée de sortir ce disque en temps voulu.
Routa : Par exemple, nous avions trois jours pour enregistrer les guitares. À la fin du deuxième jour, presque tout était dans la boîte. Et nous avons perdu toutes les données, comme ça. On a dû tout refaire en une seule journée le lendemain.
Vreth : Mais finalement, les guitares sonnent dix fois mieux qu'auparavant sur l'album. On savait exactement ce que l'on devait faire la deuxième fois.
Routa : On a tout réenregistré dans un esprit punk. On n'avait plus le temps de pinailler sur des détails, donc on a tout fait à l'arrache. Et il s'est avéré que c'était bien mieux comme ça.

On peut dire que « Nifelvind » était un opus particulièrement sombre, qui faisait plus penser à une bande originale de film que vos précédents albums. « Blodsvept », quant à lui, est un album plus festif et brut de décoffrage. Ce qui est bien avec Finntroll, c'est que de nouveaux choix musicaux sont faits à l'occasion de chacune de vos sorties. Êtes-vous en train de travailler sur de nouvelles idées, et si c'est le cas, à quoi devons-nous nous attendre ?

Routa : Nous travaillons effectivement sur de nouveaux morceaux, principalement Tundra, le bassiste du groupe, mais nous ne savons pas encore à quoi nous attendre. Au départ, « Blodsvept » était lui aussi censé être un album très cinématographique, avec de nombreuses pistes d'orchestrations. Et en fin de compte, nous avons recherché la simplicité en choisissant de ne garder que ce qui était essentiel. Cette fois-ci, on voulait plus faire un album qui tabasse qu'autre chose. Pour tout te dire, on essaie toujours de renouveler notre son, mais on ne sait jamais vraiment ce qu'on fait. Ça arrive, tout simplement.

Finntroll est l'un des groupes de Folk Metal les plus renommés. Que pensez-vous avoir été les premiers à apporter au genre et comment expliquez-vous la popularité grandissante du Folk Metal dans le monde entier ?

Routa : C'est vraiment une question à laquelle il est difficile de répondre. Nous ne nous considérons pas comme un groupe de Folk Metal, nous ne cherchons pas particulièrement à jouer une telle musique, nous faisons juste notre truc. Je sais que nous sommes considérés comme des pionniers au sein de la scène Folk Metal, mais c'est vraiment indépendant de notre volonté.
Vreth : Notre but a toujours été de ne nous foutre de tout, y compris de la scène Metal.
Routa : Il y a pas mal de jeunes groupes qui viennent nous demander dans quelle direction ils doivent évoluer, et on leur conseille de ne pas essayer d'imiter d'autres groupes, de trouver leur propre voie. C'est ce que nous avons fait avec Finntroll. Le plus important, c'est de faire ce dont tu as envie. On n'a pas vraiment répondu à ta question... (rires)

Pouvez-vous m'en dire plus sur ce qu'est la musique Humppa ? Et sur la raison pour laquelle le groupe a décidé de l'incorporer à son Metal dès le début ?

Vreth : Je crois que c'est une erreur à la base. Tous les natifs de Finlande connaissent la musique Humppa, c'est ce qui fait danser les vieux là-bas. La musique Humppa est à la Finlande ce que la musique country est aux États-Unis. Les fondateurs du groupe étaient tous bourrés et ça les a fait marrer d'en jouer avec leur tout nouveau groupe de Black Metal. Il faut dire que c'est d'enfer ! Mais ça n'a jamais été l'élément le plus important de la musique de Finntroll. Finntroll est avant tout un groupe de Metal extrême.
Routa : Ce sont les médias qui ont accordé une attention toute particulière à la présence de Humppa dans notre musique.
Vreth : Sur « Blodsvept » par exemple, « Skogsdotter » est le seul morceau qui corresponde à cette description. Ça fait un morceau, sur les onze qui composent l'album.
Routa : Mais il faut bien avouer que c'était plus représenté sur « Midnattens Widunder » et « Jaktens Tid » (les deux premiers albums du groupe, sortis respectivement en 1999 et 2001, ndt). Je confirme que c'est arrivé par erreur, comme tout ce que nous faisons.

Vous allez revenir jouer au Hellfest cet été. Ce sera la troisième fois que vous vous y produirez en six ans. Attendez-vous ce festival avec impatience  ?

Vreth : Personnellement, j'adore le Hellfest. Le lieu, les scènes, tout y est super. L'atmosphère est au top et il y a plein de bons groupes à aller voir jouer. Je ne me suis pas encore renseigné sur le line-up de cette année, mais je parie qu'il y aura une dizaine de groupes qui m'intéressent, parce que c'est toujours le cas.
Routa : Il y a deux festivals européens que j'aime beaucoup : le Hellfest et le Brutal Assault, qui est de moindre envergure. Ces deux festivals réussissent à faire jouer des petits groupes underground qui ont la particularité de vraiment m'intéresser. Et le public est incroyable au Hellfest : c'est dans ces moments-là que nous prenons le plus notre pied et que nous donnons nos concerts les plus intenses.

Qu'aimez-vous faire pendant votre temps libre en tournée ? Sachant que vous n'avez pas le droit de juste me répondre « boire ».

Routa : Nous avons très peu de temps libre en réalité. Nous arrivons vers midi à l'endroit où nous jouons le soir, nous avons une paire d'heures devant nous avant que les balances commencent, et une autre paire d'heures avant le dîner. Ensuite, on se prépare à monter sur scène et le concert commence. Donc, on s'assoie et on regarde le mur pendant notre temps libre. Quand la salle se trouve au centre-ville, tu as le temps d'aller te promener. Mais la plupart du temps, nous jouons au beau milieu de nulle part.
Vreth : À Santiago, par exemple, nous avons pu visiter la vieille cité. Et à Bilbao, nous avons fait le « Metal Mile » (rires).

Qu'est-ce que c'est ?

Routa : C'est une rue pavée de bars Metal et de boutiques, avec des enseignes qui ressemblent à des logos de groupes. Nous y sommes allés un dimanche, et donc tout était fermé. (rires)

Dites-nous quel est l'album, Metal ou non, que vous écoutez en boucle en ce moment ?

Routa : « Oblivion Clock », de Virus. C'est l'un de mes groupes préférés et c'est un album exceptionnel, même s'il est trop court. J'ai dû l'écouter une centaine de fois et je ne m'en lasse pas.
Vreth : J'écoute toujours quelque chose de calme en m'endormant, pour ça j'aime beaucoup l'album « Runaljod - Yggdrasil » de Wardruna.
Routa : Je mets aussi du Wardruna chez moi quand je vais me coucher (rires).

Quels sont vos souhaits pour Finntroll à l'avenir ?

Routa : Premièrement, un tourbus fonctionnel. Deuxièmement, une tour manager plus jolie (elle était à côté de nous, évidemment, ndt)...
Vreth : Un nouvel album, bien sûr.
Routa : Et des festivals plus importants.
Vreth : Peut-être en Asie. Ce serait cool d'aller plus souvent au Japon, en Chine... Et en Amérique.
Routa : Pour résumer, de gros festivals en Asie et en Amérique du sud.

Dernière question, avez-vous une anecdote amusante sur cette tournée à partager avec nous ?

Routa : Je ne me souviens plus de rien.
Merle (la tour manager, ndt) : C'est ça qui est amusant.
Vreth : Il s'est passé beaucoup de choses étranges.
Routa : Il y a eu beaucoup de bondage masculin.
Vreth : Une bouteille de vin pétillant qui sortait du frigo a explosé. Notre chauffeur a dû conduire le responsable du merch à l'hôpital en pleine nuit. Il s'était ouvert la main
Routa : Neuf points de suture sur deux doigts. C'est pas mal.
Vreth : Et en repartant de l'hôpital, un pneu a crevé. Bien entendu, la compagnie de bus n'avait pas prévu de pneu de rechange et nous avons passé la journée à attendre qu'on nous en amène un. Et là, pas loin de la station essence où nous nous trouvions, un feu de forêt a éclaté. On s'est dits qu'on allait finir en barbecue.
Routa : On est rentrés dans la station en demandant : « est-ce que c'est normal ou bien est-ce que vous devriez appeler quelqu'un ? ». Ils ont appelé mais personne n'est venu et on a attendu six heures là-bas à regarder le feu de forêt en espérant qu'il s'éteigne.
Vreth : Mais on est arrivés à rejoindre la salle, à Porto. Un peu en retard, certes, mais on l'a fait.

Vous avez eu chaud.

Vreth : C'est le seul jour de beau temps que nous ayons eu cette année. J'attendais cette tournée avec impatience, pour pouvoir mettre des pantacourts.
Routa (sexy) : Ouh, des pantacourts...
Vreth : Mais avec cette grisaille...

Je suis désolé que vous en trouviez même dans le sud de la France... Nous n'y sommes pour rien.

Vreth : Je pense que c'est nous qui apportons le mauvais temps.
Routa : Lors d'une ancienne tournée européenne, nous regardions la carte météo, et il y avait ce gros nuage orageux qui nous suivait partout. Il a plu tous les jours. (rires)

Kiitos pour m'avoir accordé de votre temps. Je vous laisse les derniers mots, pour les lecteurs du webzine Horns Up.

Vreth : C'est super cool d'être de retour en France, on espère vous voir encore plus souvent. Et santé !
Routa : « Merci » et Rock on !


Remerciements à SPM Prod, à Merle et à Finntroll, ainsi qu'à Shawn pour cette excellente soirée passée en sa compagnie !