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jeudi 11 décembre 2014

Morbid Angel + Necrophobic + Benighted + Nervecell

Biebob - Vosselaar (Belgique)

U-Zine

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C’était sans doute le gros événement de cette année 2011, qui a engendré autant d’attentes que de réactions déçues pour les uns, haineuses pour les autres, et quelques “mouah j’trouve ça pas mal au moins ils innovent” de la part de quelques irréductibles. Je veux bien sûr parler d’ « Illud Divinum Insanus », le dernier Morbid Angel. Et s’il manquait une preuve que cet album aura terni l’image des légendes du death metal, et contribué à un désintérêt du public pour les Anges Morbides, la voici : le show était à la base prévu au Hof Ter Lo, soit une salle de 500 personnes. Nous voici finalement au Biebob (une salle bien plus petite, je dirais 200 – 250 personnes maxi).


Ce n’est néanmoins pas pour me déplaire car j’apprécie tout particulièrement cette salle où j’ai vécu pas mal de concerts bien chauds (rien que Sodom cette année ça valait le détour) ! On arrive donc en terre flamande bien à l’heure pour le début du show vers les 19 heures tapantes, pour un groupe aux origines exotiques que je voulais voir depuis un bon moment : Nervecell !

Nervecell

Eh oui, les bougres (ainsi que Benighted) devaient être présents au Mass Deathtruction (live report à venir très prochainement sur U-zine), mais ont cédé à l’appel d’une tournée avec Morbid Angel qui, il faut le reconnaître, avait plus d’attrait sur la durée. Les Nervecell sont donc un groupe originaire de Dubai… enfin presque, puisque leur batteur de session ne pouvant pas faire la tournée, c’est Kevin Foley (Benighted) qui le remplace au pied levé derrière les fûts. Déjà premier constat : salauds de Morbid Angel, ils en prennent de la place avec leur matos ! Cela laisse peu de place au groupe pour bouger, mais ça ne l’empêchera pas d’envoyer la purée façon death metal !

La musique de Nervecell est très proche d’un Morbid Angel, avec quelques ajouts ici et là aux accents exotiques, notamment dans les solos et autres lead guitars. La part belle de la setlist est donnée à « Psychogenocide », le dernier album du groupe, avec des morceaux ultra efficaces tels que « Upon An Epidemic Scheme » et « Amok Doctrine ». Personnellement et avec quelques personnes devant la scène, je ne résiste pas longtemps à l’appel du headbanging, mais par contre qu’est-ce que le public de ce soir a été mou ! Pour Nervecell et Benighted, ça se résumait à : une ligne de gens headbanguant, et tout le reste à regarder au fond de la salle, les bras croisés ou une bière à la main. Bref, c’est la fête. Blague à part, la prestation de Nervecell est fort bonne et ce malgré un son parfois brouillon et un show quelque peu statique. Les vocaux de Rajeh Khazaal avaient parfois du mal à se faire entendre, la faute probablement à un réglage des instruments un peu fort. Mais pour le reste, le groupe confirme le bien que j’en pensais suite à leur dernier album : à découvrir !

Benighted

Bon, maintenant vous le savez, j’ai du mal à être objectif avec Benighted. Du coup, bah j’vais être original : c’était tout simplement excellent ! Le public belge n’est toujours pas plus en verve, mais c’est pas grave : la bande à Julien Truchan donne tout, Kevin Foley pour son deuxième concert d’affilée après Nervecell est encore une fois monstrueux ! Le son reste de bonne facture mais tout comme pour le groupe de Dubai est un peu brouillon, ce qui ne nous empêche néanmoins pas de profiter de la setlist aux allures de petit best-of « Icon »/ « Asylum Cave ». Perso, je trouve ça un peu dommage d’éclipser totalement « Insane Cephalic Production » et « Identisick » (représenté par « Collapse », qui reste de loin mon morceau favori de Benighted), mais ça s’explique aussi par la durée de la setlist et la nécessité de promouvoir l’excellent dernier album.

Sur cette tournée, Liem et Olivier (guitares) n’étaient pas présents pour raisons personnelles. Ils ont été remplacés au pied levé par des potes, Bertrand (Winds Of Torment) et Adrien (F Stands For Fuck You) , qui ont pris la relève avec brio ! On peut encore regretter tout ce bordel avec le matos de Morbid Angel, qui réduisait considérablement l’espace de la scène et donc les mouvements des protagonistes de Benighted, mais ça n’enlève rien à la violence d’un « Let The Blood Spill Between My Broken Teeth » ou « Slut ». Encore un excellent set, comme d’hab’ avec Benighted !

Setlist : 

Prey
Let The Blood Spill Between My Broken Teeth
Saw It All
Collapse
Fritzl
Slut
Asylum Cave

Necrophobic

Necrophobic est un peu à part dans la soirée quand même, puisqu’il s’agit du seul groupe plutôt orienté black metal. En tout cas, clairement dans l’image sur scène : corpsepaints sont de rigueur, air méchant, « evil » dirons certains, bref l’effort est appréciable et ça promettait un truc sympa, d’autant que le public Belge semble quelque peu se réveiller. Et puis l’ennui. Les compos sont correctes (comme on en a déjà entendu des centaines de fois, mais ça tient la route), les mélodies bien présentes, et… et bah c’est tout. Sinon, c’est ultra monotone, assez ridicule scéniquement (le vocaliste a l’air sympatoche, mais on ne peut s’empêcher de rigoler en le voyant sur scène), j’aurais pas tenu très longtemps je le reconnais.

Oh et puis il y a la cerise sur le gâteau, le batteur ! Au-delà de ses mimiques assez marrantes, j’ai rarement vu un batteur pro (le groupe a quand même plus de 20 ans) avoir un jeu aussi… je sais pas. Je suis pas batteur, mais je me suis tellement habitué à voir des mecs inhumains derrière les fûts que là, y’a déjà un truc qui m’a choqué : les roulements ! Ils sont d’une vitesse que ne renierait pas le flow de Doc Gyneco : « tu-gu-du-gu-du » (à lire à raison d’une syllabe tous les quarts de seconde), au début c’est amusant mais rapidement ça saoule. Heureusement, après il y a Morbid.

Morbid Angel

Allez, c’est enfin l’heure, les Californiens entrent sur scène : malgré leur dernier album peu ragoûtant, si il y a bien un domaine où le groupe excellent toujours, et on a bien pu s’en rendre compte au Hellfest, c’est sur scène ! Un concert aux allures de retour en arrière d’ailleurs, puisque c’est « Immortal Rites » qui ouvre le bal : quoi de mieux comme introduction à un concert bien « evil » ? Une vraie ambiance se dégage grâce au morceau suivant, « Fall From Grace » (quelle introduction !), et si Trey Azagthoth et « Destructhor » ne se mettent finalement pas trop en avant sur scène, c’est bien le frontman David Vincent qui mènera la danse : on aime ou pas, mais on ne peut pas lui reprocher de ne pas mettre l’ambiance ! Puis c’est au tour de « Covenant », le troisième album du groupe, d’être mis en avant également par son premier titre, « Rapture ». C’est clair dès le départ : la setlist de la soirée sera très largement consacrée aux trois albums qui ont fait de Morbid Angel la légende qu’il est (était ?). Et ça semble convenir à tout le monde, tant mieux !

Le groupe enchaîne donc les titres cultes : « Day Of Suffering », « Blasphemy » et l’excellent « Maze Of Torment ». David Vincent (qu’on entend de manière variable en fonction de notre placement dans la salle, à cause certainement du réglage trop fort des instruments) est très en voix, A l’arrière Tim Yeung est monstrueux derrière les fûts… mais par contre, Trey Azagthoth ne semblait pas dans un bon jour : il pouvait aussi bien nous jouer des soli monstrueux que nous pondre pas mal de pains dans son jeu malheureusement, qui m’a gâché pas mal de bons moments ! Et pourtant, je ne fais pas spécialement attention à ça d’habitude… Concernant Destructhor, il semblait nettement mieux même si je n’entendais pas bien son instrument, étant la plupart du temps situé face à Trey (j’aurais peut-être dû changer de place tiens…).

Le groupe a tout de même placé quelques titres récents au milieu de sa setlist : « ExistoVulgore », « Nevermore » et… et c’est tout ! Pas de « I Am Morbid(e) », le groupe s’est concentré sur deux de ses nouveaux titres les plus efficaces (à quand un « Blades For Baal » tout de même ?) ! Après cet interlude qui a suscité moins de réactions dans le public, les Américains remettent le paquet avec « Angel Of Disease » (ici bien mieux interprété qu’au Hellfest !), « Lord Of All Fevers And Plagues » et « Chapel Of Ghouls » (on sent quand même qu’ « Altars of Madness » reste l’album le plus demandé des fans…). Côté public c’était pas la grosse folie, mais c’est évidemment sur ces vieux titres que la fosse s’est le plus enflammée !

Le groupe s’accorde une pause avant que David Vincent ne remercie les autres groupes de la soirée (avec la petite touche d’humour pour Benighted, prononcé « buiiiiiiinighted » par le frontman)… Puis Morbid Angel nous livrera juste un rappel d’anthologie, bien lourd et malsain, avec « Where The Slime Live », « God Of Emptiness » suivi de « World Of Shit ». Ouais, comme ça, les mecs avaient envie de nous en foutre plein la gueule pour la route. Et c’est réussi, car rien que pour ces trois morceaux, la soirée valait la peine d’être vécue. Le père Vincent a même arrêté de faire ses vieux « Evrybody say hey ! » sur « Where The Slime Live », c’est dire si ce concert était placé sous le signe des Dieux du metal.

Setlist :
Immortal Rites
Fall From Grace
Rapture
Day Of Suffering
Blasphemy
Maze Of Torment
ExistoVulgore
Nevermore
Angel Of Disease
Lord Of All Fevers And Plagues
Chapel Of Ghouls
Rappel :
Where The Slime Live
God Of Emptiness
World Of Shit


Malgré une réputation en perte de vitesse et même si la setlist est un aveu du groupe lui-même de l’échec cuisant d’ « Illud Divinum Insanus », Morbid Angel reste toujours Morbid Angel, c’est-à-dire un groupe qui assure sur scène, et surtout plein de classiques qui te trouent le cul, auxquels personne ne peut être indifférent. Une bien belle soirée metal avec également une belle découverte scénique (Nervecell) et un groupe toujours aussi excellent (Benighted). Merci beaucoup à Season Of Mist pour l’accréditation, à Schifeul pour le covoiturage ainsi qu’aux Benighted pour leur gentillesse qui a aussi contribué à cette bonne soirée !