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jeudi 11 décembre 2014

Thrash Fest 2010

Hof Ter Lo - Anvers (Belgique)

U-Zine

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(Attention, séquence émotion) Depuis le temps que j’entends parler de cet endroit, me voici pour la première fois dans le mythique Hof Ter Lo, salle de concert qui a vu passer des centaines d’artistes metal de tous horizons et de notoriétés diverses… salle qui est en fait située dans un coin paumé au bord d’une route à voie rapide, à Anvers.

Ce soir, c’est de thrash old school dont vont être abreuvées nos oreilles, avec une affiche qui a de quoi allécher tout amateur du genre : Les thrasheurs de la Bay Area Death Angel et Exodus ; le leader de la scène allemande Kreator ; et les espoirs grecs Suicidal Angels. Si cela ne risque pas d’émouvoir ceux qui ne jurent que par le Big Four, les autres savent qu’un tel line-up en une seule soirée, c’est juste une bonne grosse boucherie en perspective! Autant dire qu’un bon nombre d’amateurs auront été attirés ce soir, les compatriotes de Septicflesh (ou Nikos Aliagas, chacun ses références) arrivant sur scène devant un Hof Ter Lo quasi-rempli (600 personnes environ à vue de nez).

Suicidal Angels

Ayant particulièrement apprécié le tout récent « Dead Again », j’avais hâte de voir tout ça en live. Eh ben j’ai vu, et je n’ai pas été déçu ! Malgré un son trop fort (ce qui sera une constante tout au long de la soirée), le groupe aura envoyé le boulet pendant une grosse demi-heure : les grecs ont conscience de la qualité de leur dernière offrande, et s’en serviront donc en majorité tout au long du set. Le show débute donc comme sur album, avec le calme instrumental « Damnation », et c’est parti pour le décrochage de nuque avec le riff excellent qui entame « Reborn In Violence » ! Les titres s’enchaînent sans grand temps mort, le groupe joue vite et bien (même si Orfeas, le batteur, fera une grossière erreur de rythmique sur « Reborn In Violence » qui va me niquer mon headbanging, quelle honte, non mais !), les lights de l’Hof Ter Lo sont agréables, le public qui au début semblait plus spectateur, commence à se chauffer petit à petit…

Franchement, j’apprécie autant en live que sur album, mais il manque un petit quelque chose pour faire de Suicidal Angels un vrai groupe de scène. Est-ce à cause de l’attitude des quatre grecs, que je n’ai pas trop comprise ? On n’aura pas réussi à décrocher un seul sourire d’un des membres du groupe, le chanteur/guitariste Nick en tête, qui passe son temps à faire le gros méchant. Pourtant, le thrash, c’est la fête quoi ! Surtout qu’à cause de la configuration du groupe, le tout est assez statique. Néanmoins, découvrir en live des morceaux de la qualité d’un « Bleeding Holocaust », « Final Dawn » ou « Dead Again » (sur lequel Nick déclenchera un circle pit) reste plaisant, et ce live me confirme que Suicidal Angels est LE jeune groupe de thrash à suivre !

Setlist Suicidal Angels : 

Damnation
Reborn In Violence
Bleeding Holocaust
Dead Again
Violent Abuse
Beggar Of Scorn
…Lies
Final Dawn
Apokathilosis

Death Angel

Après une entrée bien consistante, on passe aux choses sérieuses : autre groupe, autre attitude, c’est tout sourire que Death Angel débarque après m’avoir mis une véritable baffe au Graspop 2009. Les Américano-philippins (en partie, vu les récents changements de line-up) sont là, Mark Osegueda en tête, pour nous asséner leur thrash plus développé et mélodique que celui des Suicidal Angels.

L’ouverture sur « I Chose The Sky » ne m’enchante guère, mais il faut reconnaître que la pilule « Relentless Retribution » (que j’ai eu du mal à avaler, et pourtant j’adore Death Angel) passe bien mieux en live grâce à la prestation impeccable des zicos ! Ted Aguilar et Rob Cavestany, comme à leur habitude, bougent beaucoup, s’amusent sur scène, se montrent plein d’enthousiasme. Toujours aussi bon lorsqu’il prend le micro, Cavestany démontre qu’il a la classe, un point c’est tout ! Mark Osegueda, qui accapare le plus d’attention de la part du public, se sera également fait remarquer dans son style de chant inimitable, ses mimiques persistantes. Le vocaliste possède ses propres gimmicks, et il en use constamment (« you’re beautiful » ou encore « good evening » entre les morceaux). On constate aussi que l’homme aux longs dreads est un sacré poseur, mais cela apporte un plus scéniquement parlant : le charismatique frontman aura encore une fois montré qu’il tient son rôle à la perfection, il aura été en grande forme ce soir !

L’interrogation se portait sur les deux nouvelles recrues, arrivées depuis « Relentless Retribution » : s’il est assez curieux au premier abord de voir deux blonds (et non-bridés !) au sein de Death Angel, on ne peut que dire bravo au groupe d’avoir déniché ces deux-là ! Damien Sisson (à la basse) semble s’être parfaitement intégré au combo, il sera très mobile tout au long du show et s’amusera avec les autres membres du groupe : c’est comme s’il avait toujours été présent ! Will Caroll (à la batterie) a également démontré que son jeu était parfaitement adapté à la musique de Death Angel : il m’a même semblé meilleur que son prédécesseur lorsque je l’ai vu en live au Graspop 2009 ! Bonnes pioches, donc, qui montrent que Death Angel peut se passer de certains membres fondateurs (on aurait pas dit la même chose si les départs concernaient Rob ou Mark…) !

Côté public, on est également passé à la vitesse supérieure : plus compact, ce dernier est plus réactif aux sollicitations du groupe pour les circle-pits, pogos, et bien évidemment les slammeurs commencent aussi à sortir de leur boîte. Si les morceaux de « Relentless Retribution » sont bien présents (nouvel album oblige), c’est avec plaisir que je constate que les Américains n’ont pas oublié leurs précédents méfaits, avec notamment « Voracious Souls », « Evil Priest » et l’énorme « Thrown To The Wolves » qui terminera le set en rafflant tout sur son passage ! Death Angel vient de me mettre une seconde claque en deux ans !

Setlist Death Angel : 

I Chose The Sky
Evil Priest
Buried Alive
Voracious Souls
Claws In So Deep
Seemingly Endless Time
Truce
River Of Rapture
The Ultra-Violence (intro)
Thrown To The Wolves

Exodus

En voyant le public ce soir à Anvers, ça, semble évident : Exodus a le vent en poupe depuis leurs précédents brûlots unanimement acclamés par la presse et les metalheads, « Exhibit B » en tête. On voit même autant de t-shirt Exodus que Kreator (qui possède pourtant une fan-base plus forte en Europe) au sein de la foule, c’est dire si on se demande qui est la tête d’affiche ce soir ! Une horde de fans belges se partagent la barrière, visiblement au taquet. « Vous n’avez jamais vu Exodus ? Eh bah accrochez-vous », me préviennent-ils. Je ne demande qu’à voir !

Et là, encore, j’ai vu. Car Exodus a délivré la prestation la plus intense de la soirée : y’aura un sacré bordel, sur scène comme dans la fosse ! Le groupe est visiblement ultra motivé, bouge dans tous les sens et envoie le bousin ! Et que dire de Rob Dukes, le vocaliste ! On peut penser ce qu’on veut de Paul Baloff et Steve Souza, mais pour moi, ce mec est juste le meilleur frontman qu’Exodus n’ait jamais eu ! Sa voix (ou plutôt, ses hurlements) est parfaitement reconnaissable, et scéniquement c’est juste une vraie pile d’énergie ! Quand il se dit fan de punk et de hardcore, on a peu de peine à le croire tant son jeu de scène irait à ce style : il saute, harangue le public, se montre à la fois hargneux dans les vocaux et dans ses expressions, encourage l’audience à se bouger à son tour… C’est assez impressionnant de le voir se démener à ce point avec son poids, si bien qu’à ce rythme-là encore une année ou deux et le père Dukes retrouvera la ligne de ses vingt ans (il n’y a qu’à le voir essorer ses fringues pendant le concert pour s’en convaincre)… enfin, ça pourrait marcher s’il arrête la bière, en théorie !

Les autres ne sont pas en reste non plus bien sûr, et ça fait toujours plaisir de sentir des gars si heureux sur scène ! Je pense notamment à Gary Holt que j’ai eu le loisir d’observer tout le long du show : il semblait tellement content qu’il aurait pu se décrocher la mâchoire, et même la méchante gamelle qu’il s’est mangé en se prenant un câble par terre (c’est ce qui arrive quand tout le groupe ne tient pas en place !) ne lui enlèvera pas la banane qu’il avait sur le visage ! C’est forcément communicatif, et ça file une sacrée pêche aux metalleux présents qui donneront tout ce qu’ils ont sur cette petite heure de concert : le pit était chaud du début à la fin, avec un point culminant vers la fin du set où Rob Dukes organise un wall of death… puis ensuite invite le public à envahir la scène ! Ainsi, une fan aura droit à son petit bisou de la part du groupe, d’autres se jettent de la scène pour slammer… Le seul point noir de la prestation sera le son : trop fort, il a atteint des sommets pendant la prestation d’Exodus (faut dire que c’était le groupe le plus bourrin de la soirée !). Les présents ont en tout cas bien pu se défouler, c’était brutal ! Le public aura-t-il encore de l’énergie à dépenser pour Kreator ? Ce sera en tout cas difficile pour les Allemands de passer après une telle tuerie…

Setlist Exodus :

The Ballad Of Leonard And Charles
Beyond The Pale
A Lesson In Violence
Deathamphetamine
Blacklist
Bonded By Blood
War Is My Shepherd
The Toxic Waltz
Strike Of The Beast
Good Riddance

Kreator

Une attente un peu plus longue que pour les autres groupes, puis les lights s’éteignent à nouveau : les maîtres du thrash teuton débarquent enfin. Et compte tenu de la prestation d’Exodus, ils s’en sortiront admirablement bien, dans un tout autre style. Un décor et des lights plus travaillés, un show plus carré et précis, un écran derrière la scène : moins « brut de décoffrage » (enfin, on parle de Kreator, on aura quand même droit à nos moments de boucherie !), plus ambiancé… et plus « evil ».

L’introduction se met en marche sur l’écran, nous montrant des images backstage (sûrement de la tournée) avec en fond sonore « The Man Comes Around » de Johnny Cash… Puis le set démarre de la meilleure des manières, avec « The Patriarch » qui introduit l’excellent « Violent Revolution » : c’est pas aussi « in your face » qu’un certain Exodus ; mais l’ambiance, les lights, la fumée et la musique forment un tout fascinant, voire hypnotique qui ne me fera pas décliner du regard pendant tout le set (sauf pour headbanguer of course !). L’écran apporte lui aussi un supplément au show des Allemands (mention spéciale à « When The Sun Burns Red » et ses animaux atrocement déchiquetés les uns après les autres, notamment le pingouin qui perd la tête et pisse le sang… c’est primitif, mais je trouve ça drôle !).

Le jeu de scène des protagonistes est sobre : headbanging classique, notamment pour le guitariste Sami Yli-Sirniö qui ne sera pas très mobile, restant concentré sur son instrument : grand timide qui n’ose pas se lâcher sur scène, ou papy en pré-retraite ? Dans les deux cas cela n’affecte pas le rouleau compresseur germanique, grâce à un Mille Petrozza qui fait un gros concert : prestation vocale impeccable, il harangue le public (je n’ai jamais entendu un type prononcer autant de fois en un show le mot « circle-pit »), et possède un charisme énorme : lui et Ventor (batterie) sont l’âme de Kreator.

Pour cette tournée les Allemands nous ont concocté une setlist bien fournie, avec une grande importance donnée aux premières années du groupe (voir ci-dessous, car énumérer tant de brulôts serait trop fastidieux !). Par conséquent, les riffs de tueurs s’enchaînent, et l’envie de headbanguer reprend de plus belle : grand respect à ces monstres pour être à l’origine d’autant de tubes thrash !

Quelques « warriors » dans le public en ont encore sous la semelle pour répondre aux demandes de Petrozza, mais une bonne partie se contentera de headbanguer et donner de la voix, crevés par la prestation d’Exodus auparavant. Kreator prouve toutefois qu’il peut compter sur sa base de fans en Europe, car le groupe sera vraiment bien accueilli (encore heureux, c’est Kreator bordel !). Le groupe s’en va après une bonne heure de set… pour finalement revenir sous les acclamations, avec une autre intro bien connue de tous les fans de la première heure : « Choir Of The Damned » qui précède un « The Pestilence » ultra-violent… jouissif !
Petrozza fera ensuite un nouveau come-back sur le devant de la scène, annonçant qu’on ne reverra plus la « kreature » pendant un moment après cette tournée, puisque le groupe sera en studio l’année prochaine pour enregistrer le successeur de « Horde Of Chaos » ! Un gigantesque drapeau Kreator à la main, le frontman annonce… « Flag Of Hate », bien sûr ! Ce dernier sera suivi d’un « Tormentor » qui achève cette fin de concert où les titres parmi les plus violents du groupe se sont enchaînés pour nous en foutre toujours plus plein la tronche !

Setlist Kreator :

Pre Intro : The Man Comes Around (Johnny Cash)
Intro : The Patriarch
Violent Revolution
Hordes Of Chaos (A Necrologue For The Elite)
Phobia
Terrible Certainty
Betrayer
Voices Of The Dead
Enemy Of God
Destroy What Destroys You
When The Sun Burns Red
Endless Pain
People Of The Lie
Pleasure To Kill
Coma Of Souls
Rappel :
Intro 2 : Choir Of The Damned
The Pestilence
Flag Of Hate
Tormentor
Outro : Black Pearl


Mille qualifiera l’affiche de cette tournée comme « one of the most legendary line-up in the history of metal »… Sans aller jusque-là, les groupes nous ont prouvé (comme s’il y en avait besoin !) qu’ils font partie du haut du gratin du thrash metal ! Une soirée que je ne suis pas prêt d’oublier, autant pour les souvenirs de cette énorme soirée que pour les acouphènes de fou que je viens de me chopper…