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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Neurosis

Times of Grace

LabelRelapse Records
stylePost Metal
formatAlbum
paysUSA
sortiejanvier 1998
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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« La vérité n’est pas le contraire du mensonge. La vérité, c’est la découverte de l’inconnu. » Abbas Kiarostami

Désormais fort d’une réputation qui n’est plus à forger et d’un succès enfin mérité (la tournée en ouverture de Pantera qui suivra la sortie de Through Silver in Blood devant quelque peu aider), Neurosis nous propose en cette année 1999 son nouvel album qui sortira comme son prédécesseur chez Relapse Records. Si chaque album de la formation est une entité à part entière et résolument différente de chaque autre, Times of Grace se démarque encore plus des trois précédents opus des américains. Que se cache donc derrière un titre si évocateur et éloquent ? Bien des choses mes amis, bien des choses …

« Your river’s flow is damned all to hell. »

Neurosis reprend la tradition des interludes instrumentaux très présents sur Through Silver in Blood dès l’ouverture de l’album avec un doux et mélancolique Suspended in Light qui introduit une des pierres angulaires de cet album, The Doorway, morceau devenu culte au fil des années et très souvent joué en live encore aujourd‘hui. Intense et pachydermique, ce morceau laisse s’échapper vos peurs et vos angoisses qui ne vous quitteront qu’une fois l’album terminé. Les rythmiques sont encore plus saccadées qu’auparavant et les titres s’enchaînent en propageant une ambiance résolument dérangeante et assommante. Neurosis a poussé son concept encore plus loin et l’aura shamanique du quintet ne s’est jamais fait aussi présent.

« The presence of old eyes is here. »

Je disais dans ces mêmes pages il y a quelques temps que Through Silver in Blood inaugurait une ère plus ambiante pour le groupe. Il ne faut pas comprendre par là une volonté de poser les choses ni de baisser en intensité mais d’introduire un flux d’énergie tribal, un état de transe se dégageant de chaque morceau conduisant l’auditeur dans les méandres de son subconscient (Under the Surface et sa jouissive montée en puissance). Car vous retrouvez à côté de ça le riffing hypnotique de Belief et la lourdeur du titre éponyme qui ne doivent pas non plus être oubliés. Et que dire d’End of the Harvest, où l’intensité atteint alors son paroxysme, alternant mélopées de piano, voix plaintives et explosions sonores où l’alchimie du quintet donne naissance à un véritable big-bang instrumental, horrible et majestueux, chaotique et reposant.

« Raise your fears and cast them all away. »

Nous retrouvons une fois encore un très vaste panel d’instruments faisant de chaque album de Neurosis un véritable voyage interculturel. Notons dans ce but le piano présent sur plusieurs titres (Belief, End of the Harvest, Away), de la cornemuse (Descent) ou encore du violon sur the Road of Sovereignity. Si la première partie de l’album est déjà un quasi sans faute, la seconde est selon votre humble serviteur encore plus mémorable. Les notes d’Away suffisent à me faire dire qu’un titre n’a jamais aussi bien porté son nom. Nous ne sommes en effet déjà plus sur Terre lorsque la voix de Steve Von Till se superpose au reste pour former une pièce majoritairement acoustique et planante, se clôturant par une supplication à vous coller au siège. Awaaaay …

« All structures collapse, mysteries unfold. Borne from the skies in these times of grace. »

Il est également impossible de ne pas mentionner le titre éponyme dans la catégorie des titres les plus intenses de Neurosis. Un mot enfin sur la production de cet album. Il s’agit du premier album produit par Steve Albini et on peut dire que cela s’entend ! Times of Grace est en effet servi par un son riche et organique rendant parfaitement hommage à chacune des onze pièces de ce puzzle artistique.
Times of Grace, c’est l’album du paradoxe. Vous trouverez en effet les morceaux les plus violents du groupe (The Doorway par exemple) côtoyant certaines pistes des plus calmes et mélodiques de la carrière des américains à ce moment là (Away). Le paradoxe encore dans les sentiments éprouvés : la peur et la légèreté, la souffrance et le bien-être, l’oppression et la liberté.

« All answer, transcendence. All present to guide us through terminus and feed us to light. »

Pour les plus curieux d’entre vous, n’hésitez pas à écouter simultanément cet album avec le Grace de Tribes of Neurot, autre projet du quintet, destiné à former un seul et même disque une fois assemblés. Le résultat est vraiment déroutant !
Le titre du dernier album serait il enfin un écho à une quelconque souveraineté que la formation revendiquerait au sein de la scène ? Détrompez vous, Neurosis est grand, mais Neurosis est avant tout humble. Sachez seulement qu’ils ne sont pas sur la route de la souveraineté, mais ont déjà atteint l’état de grâce … Neurosis ne livre pas ici une simple pièce musicale mais invite l’auditeur au sein d’une véritable transe chaotique qui ne laissera une fois de plus personne indifférent.

« Watch the smoke and bury the past again. »

1. Suspended in Light
2. The Doorway
3. Under the Surface
4. The Last You'll Known
5. Belief
6. Exist
7. End of the Harvest
8. Descent
9. Away
10. Times of Grace
11. The Road to Sovereignty

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