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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

John Petrucci

Suspended Animation

LabelSound Storm Records
styleRock/metal progressif instrumental
formatAlbum
paysUSA
sortiemars 2005
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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En cette période de bilans, de rétrospective ou autres « Top 10 », je me suis replongé dans tous ces titres et albums qui ont fait mon année 2013. Et à y regarder de plus près, on y trouve de nombreuses vieilleries et quelques indémodables. Certains d’entre eux n’ayant jamais fait l’objet d’une chronique sur U-zine, un tel mal devait être réparé.

Pour ceux qui nous suivent, vous avez pu constater que je suis un inconditionnel de Paul Gilbert, guitar hero s’il en est. Mais il n’est pas le seul à me faire vibrer en chatouillant sa six cordes. John Petrucci, guitariste de Dream theater pour ceux qui ne le savent pas, a également de sérieux atouts à faire valoir. Moins fantasque, moins « fun » que son compatriote, John Petrucci est, à mon sens, l’un des meilleurs solistes dans son style de shred rock/metal. Si sa technique (qui est irréprochable, bien évidemment) m’impressionne parfois moins que celle de Paul Gilbert, ses compositions sont bien plus travaillées, riches et matures (même un fan de Paul doit se l’avouer…).

A ce titre, comment ne pas vous proposer un petit voyage à travers Suspended Animation, album de John Petrucci sorti en 2005. Cet album ne comporte que 8 titres aux longueurs, aux atmosphères et aux ambiances différentes. Mais quels titres !

Là où John Petrucci excelle probablement le plus, c’est dans sa qualité à pouvoir effacer la nécessité d’être accompagné par un chanteur. Que dire du passage avant l’outro de Jaws of Life ? Cette mélancolie, cette douceur qui n’est jamais altérée même par les quelques passages en shred de l’américain. Le cœur au bout des doigts. Et cette intensité, cette émotion se cache dans tous les titres, parfois même sous de fausses apparences. Prenez par exemple Glasgow Kiss. Une introduction un peu fantaisiste aux sonorités celtiques, un rythme de batterie entraînant (merci Dave DiCenso) et terriblement efficace et des leads enjoués. Mais arrivé au break du milieu de l’album, changement de décor et d’ambiance. La petite mélodie joyeuse laisse place à des passages d’anthologie qui démontrent la capacité de John Petrucci à voir grand et de ne pas se cantonner à un seul registre. Après quelques notes en violoning se lance un solo plein d’émotions. Si je n’avais pas des couilles grosses comme Stonehenge je lâcherai certainement ma larme à chaque écoute. Quelle puissance, quelle émotion. Toujours la bonne note, le bon effet. Aucune fioriture. Et vous vous retrouvez à la fin du titre, captivés. Lost Without You ne déroge pas à cette règle dans un registre très calme, très blues.

S’il est vrai que Curve et Wishful Thinking me touchent moins, elles n’en demeurent pas moins très efficaces et bien composées. Simplement d’autres titres comme l’ovni Animate-Inanimate ou bien encore Damage Control leur font de l’ombre. Cette dernière peut d’ailleurs dérouter en alternant les riffs assez agressifs, très progressifs, des soli assez dynamiques très « heavy » et d’autres passages très mélodieux et doux (vers 2 minutes et toute l’outro). Je sais que c’est parfois ce manque de cohérence qui est reproché à John Petrucci. Cette incohérence constitue plus une source de richesse des titres, à mon sens. Le titre le plus étonnant de l’album demeure surement Animate-Inanimate avec son atmosphère aérienne. Elle commence tout en douceur, s’accélère pour ralentir de nouveau et terminer en apothéose. Elle s’anime et se dés-anime, comme un robot. Un régal pour les sens.

Croyez moi, si vous prenez vraiment le temps d’écouter cet album, vous ne serez pas déçus. Et quand je dis « écouter », je veux dire ne pas diviser les titres en plusieurs voyages de bus/métro différents ou vous arrêter pour passer un coup de fil. Cela doit être vous, votre casque et John. Et là il vous emmènera dans son univers.

Cette chronique est laudative, peut-être à tort… mais Suspended Animation continue de m’accompagner et constitue, à mon sens, une référence du genre. Loin des vaines démonstrations ou autres travers du genre, John Petrucci vise juste. Et ce n’est pas un inconditionnel de Dream Theater qui écrit cette chronique.

Si vous aimez la guitare, dévorez cet album sans retenue.


1. Jaws of Life
2. Glasgow Kiss
3. Tunnel Vision
4. Wishful Thinking
5. Damage Control
6. Curve
7. Lost Without You
8. Animate-Inanimate