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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Hirilorn

Legends Of Evil And Eternal Death

LabelDrakkar Productions
styleBlack Metal
formatAlbum
paysFrance
sortieaoût 1998
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Il y a de quoi se poser des putains de questions, parfois, quand même, hein.

Notamment celle de savoir pourquoi un groupe est resté confidentiel en dépit de ses qualités. Quand tu apprends qu’Hirilorn a pondu Legends Of Evil And Eternal Deathen 1998 en plein cœur de la région Poitevine – très fertile en terme de Black Metal bien senti –et que finalement, ça t’es passé complètement à côté, il y a de quoi s’interroger.

D’autant que je reste persuadé qu’à la lecture du libellé ‘Black Metal’ adossé à la date 1998 et illustré de son immonde et artistiquement poisseuse pochette, nombreux sont les fans de DSO qui ne seront pas venus jusqu’au bout de cette phrase, et n’apprendront que fortuitement, voire jamais, que les membres d’Hirilorn, deux d’entre eux du moins, ont entrepris d’échafauder Deathspell Omega en 1999, soit 5 ans après la mise au monde de leur premier groupe.

Hirilorn a accouché de Legends Of Evil And Eternal Deathen 1997, une démo et un split après sa formation, et est parvenu à signer un album qui parvient à rappeler à l’auditeur autarcique, trop noyé aujourd’hui dans le vivier des ressemblances et de la multiplicité des formations sans âme, que le Black Metal, fut un temps, voulait encore dire quelque chose.

Alors que le Black se démocratise sensiblement, et dès lors qu’il se veut true ne semble plus capable d’user de la plume sans abuser du poulet, une époque pas si lointaine a vu naître un album imparable, parfaite vitrine de ce que la scène française était capable d’offrir.

Legends Of Evil And Eternal Deathse définit davantage par ce qu’il n’est pas que l’inverse.

Ce n’est pas un album qui s’encombre de mesures escamotables, ce n’est pas un album qui cherche à tout prix à balancer du gras, ce n’est pas de la haine gratuite, ce n’est pas de la mélancolie impudique, trop démonstrative, trop éhontée, beaucoup trop exubérante pour être sincère.
Legends Of Evil And Eternal Deathn’est pas non plus accessible, il n’est pas tendre, il n’est pas anti-musical, il n’est ni tendre ni lumineux, bien au contraire.

Majoritairement agressif, raw dans son traitement, déchirant dans son riffing qui ose l’arpège harmonique ou dysharmonique, Legends Of Evil And Eternal Deathest un album dont on peut dire qu’il a une âme noble, pure et sincère.
Composé à l’instinct, cet album s’articule autour de 4 titres seulement, mais dont aucun ne s’inscrit en dessous de la barre des 12 minutes, sans jamais qu’une quelconque routine s’installe. Les tripes, le cœur et l’envie sont étalés avec une justesse imparable qui rend parfaitement justice au travail de la scène Black française si caractéristique : cette justesse, cet équilibre entre agressivité pure et mélodie racée, cette envie de détruire embrassant celle de s’exprimer, cette dose de heavy-metal, de punk, exacerbée, tout en Legends Of Evil And Eternal Deathreflète un boulot énorme qui mérite clairement les capitales aux termes de Black Metal.

On admirera le travail sur les guitares, fouillées, directes mais techniques sans trop en faire, une section rythmique qui tape systématiquement juste tout en restant créative et des vocaux écorchés qui ne pourrait mieux coller aux sonorités de Hirilorn, et on en retiendra un album dont le seul défaut, si l’on excepte son départ un peu poussif, est de perturber à terme les fans hardcore de Deathspell Omega, qui seront surpris, tout comme je l’ai été, de savoir que les compositeurs de leur groupe fétiche ont été capable de produire un Black Metal basique, certes, moins intellectuel, sans doute, mais à mon sens plus sincère, plus habité par la touche française et résolument plus old-school.

M’est avis que l’on peut concilier largement les deux.
Par ailleurs, un album composé par les mecs de DSO qui ne s’adresse pas à leurs fans actuels, rien que pour ça, ça vaut le coup d’oreille,

1. Last Ride On The Winds Of Eternity
2. The Legion That Will Never Fall
3. Through The Moonless Night
4. Praise The Supreme Ruler Of Your Soul