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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Decades of Despair

Alive

LabelAuto-production
styleDeath.black mélodique
formatAlbum
paysFrance
sortiedécembre 2012
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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André Gide disait : « L'art serait, malgré la plus parfaite explication, de réserver encore de la surprise.» Et cela fait bien longtemps que je n’avais pas été surpris. Non pas seulement surpris par un groupe dont je n’attendais rien, mais surpris musicalement par des titres qui se révèlent d’une grande richesse. Alive, dernier album des parisiens de Decades of despair est venu mettre un terme à cette période de disette.

Le groupe évolue dans un style assez difficilement définissable, à la croisée des chemins entre un black métal mélodique et du death métal. Le tout pourrait résulter d’un mixte entre Vader, The Black Dahlia Murder (des derniers albums) et d’Abigail Williams. Ou quelque chose comme ça.

La justesse technique est le premier élément qui vient à l’esprit. L’alternance dans les voix, dont la profondeur est difficilement sondable, donne une richesse aux compositions du groupe. Là où certains groupes pêchent par des voix monocordes, les parisiens nous surprennent avec une alternance growls/screams/chant clair inspirée.

Mais la réelle surprise provient du jeu de guitare. Lorsque vous êtes guitariste, vous avez tendance à anticiper ce qui va être joué en vous disant que la suite logique de tel riff ou de telles notes ne peut résulter que dans une certaine combinaison. Systématiquement, Decades of Despair m’a agréablement surpris en proposant des soli des plus inspirés comme sur Son of the Red Sand, Defeated Kingdom ou bien encore An eternal eclipse, ou des leads sortis de nul part et terriblement entêtants (The essence of life avec ce que je suppose être des plans en tapping). De même, le groupe use mais n’abuse pas d’harmoniques artificielles. On est plus proche d’une recette de cuisine sortie de l’Arpège que de l’Hippopotamus. Si le son est lourd, les compositions ne le sont pas.

Elles sont bien au contraire riches et variées même si l’ultra présence de la double pédale tend parfois à déconstruire l’atmosphère pesante créée (A glittering obscurity). D’autres sont un peu moins inspirées malgré les passages très techniques (I - même si l’intro très Get out of my yard est particulièrement impressionnante). A l’inverse, certains titres comme The Ritual ou The essence of life sont d’une justesse impressionnante.

Le rythme y est très soutenu et quelques breaks ou quelques intros (comme Alive, plus lents, permettent de soigner l’intensité de l’album et de captiver d’autant plus l’auditoire.

Le fond est bon, et la forme l’est tout autant. L’auto-production est d’une qualité certaine : le son est excellent, savamment dose et permet d’apprécier le degré de raffinement de composition et de maîtrise des instruments. De son côté, l’artwork est signé Robert Borbas plus connu sous le nom de Grindesign (déjà presents avec Molotov Solution notamment). Un bel objet.

Si Son of the Red Sand tient le haut du pavé, je n’ai pas ressenti un quelconque essoufflement de la musique des parisiens. Malgré tout, dans un style aussi dynamique et rentre-dedans, l’écoute doit s’effectuer avec parcimonie. Au fond, Decades of Despair pourrait ressembler à un Vader plus inspiré, plus technique et… moins chiant, en somme. N’étant pas familier du groupe, je ne peux vraiment comparer avec ce que le groupe a fait par le passé mais ce dernier opus m’a plus qu’ouvert l’appétit. Un subtil cocktail de tout ce que j'aime dans un black/death mélodique.

Une surprise, une belle surprise.


1. It Comes from the North
2. Son of the Red Sand (ft. Steve Garner of The Bridal Procession)
3. Alive
4. Defeated Kingdom
5. The Essence of Life
6. Opium Smoke
7. The Ritual
8. Wrath of the Fallen Gods
9. Tremors
10. An Eternal Eclipse (ft. Ken Sorceron of Abigail Williams)
11. I
12. A Glittering Obscurity