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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Firewind

Few Against Many

LabelCentury Media
stylePower mélodique
formatAlbum
paysGrèce
sortiemai 2012
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Le Firewind nouveau est arrivé.

Gouteux à défaut d’être précieux, médaillé à défaut d’être un millésime, le Firewind est un nectar qui, sans être sacré, a su se faire respecter à travers les années et son actualité métronomique.
La dernière cuvée avait déçu quelques admirateurs réputés, y voyant un signe avant-coureur de perte de gout propre et d’identité, préférant la robe forte et coloré d’"Allegiance", la puissance aromatique de "Forged by Fire" ou "Burning Earth" ou encore la douceur sucré de "The Premonition".
Malgré toutes ses qualités, déjà étalées sur ses précédents crus, Firewind n’était pas parvenu à son festival habituel de saveurs avec "Days of Defiance".
"Few Against Many" arrivant, les connaisseurs doutent.

A première vue, l’élément principal de ce nouvel opus est le retour clair à une forme bien plus pure, véloce et agressive. Plus percutant et âpre, il gagne en personnalité et se différencie de ses prédécesseurs par un gout très prononcé pour les rythmiques puissantes et une technicité largement revue à la hausse. Gus G, compositeur émérite de Firewind, se lâche enfin complètement et cherche moins à entrer dans une case, à créer une œuvre cosmopolite qui plairait à toute les cultures en y injectant du hard, du heavy, du thrash et du metal moderne. "Few Against Many" est plus cohérent, d’un seul bloc et homogène et sonne ainsi de façon plus mature et posé, de la manière d’un groupe ayant fait un véritable choix quant à l’orientation de la musique. La production a aussi beaucoup évolué vers des sphères plus modernes, particulièrement dans le domaine du chant, où Apollo Papathanasio ajoute à son timbre si particulier moult effets comme une forte reverb’ pour conférer un aspect très ample aux vocaux, bien qu’il s’agisse d’un appel à certaines polémiques avides de critiquer les effets dans les lignes de chant.

"Wall of Sound" met d’entrée de jeu les petits plats dans les grands avec un riff technique et couillu, surmonté d’une rythmique syncopée puissante et tranchante. L’introduction cybernétique renvoie au chant d’Apollo, très moderne dans l’approche sur les couplets, mais beaucoup plus percutants sur les refrains. Entendu une fois mais restant en tête pour la journée, ce premier single est l’exemple parfait de ce que Firewind voulait faire pour allier une technique revue à la hausse autant qu’une simplicité d’accès déconcertante. Et pourtant, il suffit de se pencher sur ce très long solo, divisé en trois parties, pour comprendre que Gus s’est sacrément creusé le cerveau pour composer des passages aériens, techniques et splendides, jouant sur les gammes sans pour autant sonner démonstratif ou au détriment de la puissance.
De puissance, le morceau éponyme n’en manque pas non plus puisqu’il renvoie directement aux compositions les plus flamboyantes d’"Allegiance", notamment "Insanity". Définitivement moderne et à la frontière entre le power et le thrash, Firewind se montre plus sombre, toujours aussi agile mais plus apte à montrer les crocs et mordre quand il le faut. Il suffit d’écouter ce refrain mémorable, basé sur un lead mélodique à tomber par terre de Gus, ouvrant une flambée de soli tous aussi monstrueux les uns que les autres. Ce dernier semble d’ailleurs s’être fait complètement plaisir, peut-être au détriment d’un Bob Katsionis plus discret derrière ses claviers, cet aspect renforçant la puissance de l’ensemble. "The Undying Fire", s’ouvrant sur une mélodie acoustique, ne tarde pas à reprendre le dessus avec un riff rapide et heavy, pour laisser découler finalement un mid-tempo accrocheur dans la pure veine des grecs, propre à être repris en chœur dans les concerts.

Évoquant sans aucun doute la dure crise économique et sociale traversant leur pays, les grecs écrivent sur les maux de leur peuple, particulièrement dans le très particulier "Losing my Mind", utilisant une talkbox sur l’introduction pour apporter une couleur différente, charnelle et sensible. Mélancolique, la mélodie se distille lentement avant de se durcir petit à petit, pour prendre définitivement sa forme finale lorsque le chant intervient, tout en souplesse et puissance. Le refrain, beau et triste, laissant filtrer une certaine détresse, calme le jeu mais s’incorpore parfaitement à l’ensemble, sans ôter une quelconque intensité à la composition. Au contraire, lorsque le solo se fait entendre, c’est un Gus une nouvelle fois déchainé que nous entendons, rendant cette fois la pareille à un Bob Katsionis toujours aussi rapide dans ses aspirations néo-classiques.

Firewind, avec cet album, ne prend pas la peine d’aller visiter, le temps d’un ou deux morceaux, les contours d’un hard rock à l’intérêt peu probant, et se concentre donc sur le power metal qu’il maitrise si bien. "Another Dimension" ou "Destiny" sont de beaux exemples de cette maitrise sans faille, aux accélérations intelligentes et aux éclairs techniques implacables. Invitant leurs amis finlandais d’Apocalyptica le temps d’"Edge of a Dream", les grecs en profitent pour proposer une véritable ballade sensible et humaine, plus convaincante que ce qu’ils proposent habituellement dans cet exercice difficile mais néanmoins indispensable à la palette complète du heavy metal.

L’album se présente de plus dans un très joli digipack quatre volets, aux couleurs tout aussi flamboyantes que la musique et à l’artwork enfin réussi et mettant autre chose en premier plan que le logo du groupe (bien qu’ils soient ici démultipliés sur les oriflammes derrière la statue). Le digipack, avec ses deux bonus, offre même un "Battleborn" réellement excellent, en plus d’une version acoustique plus dispensable.
Firewind, sans prendre de grands risques, prend pourtant le parti de livrer un album plus agressif et percutant, globalement homogène et présentant un groupe au summum de sa forme et de sa maturité technique (le jeune nouveau batteur Johan Nunez s’y montre d’ailleurs très à son aise). "Few Against Many" est simplement leur meilleur millésime depuis "Allegiance".

1. Wall of Sound
2. Losing My Mind
3. Few Against Many
4. The Undying Fire
5. Another Dimension
6. Glorious
7. Edge of a Dream
8. Destiny
9. Long Gone Tomorrow
10. No Heroes, No Sinners
Bonustracks
11. Battleborn
12. No Heroes, No Sinners (Acoustic)

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