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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Black Sabbath

Sabotage

LabelVertigo
styleHeavy Metal
formatAlbum
paysAngleterre
sortiejuillet 1975
La note de
U-Zine
6/10


U-Zine

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Après Sabbath Bloody Sabbath, Black Sabbath a enfin pris un peu de congés dans son travail de composition. Ce n'est que deux ans plus tard que va sortir, Sabotage. Pourquoi deux ans ? Parce qu'officieusement, la drogue lui pourrit tellement la vie que le groupe a un problème d'inspiration. Ce n'est qu'à force d'efforts que le groupe arrive finalement à ses fins en 1975 avec un album qui se veut selon Tony Iommi comme « un retour au Rock'n Roll, ce que Sabbath Bloody Sabbath n'était définitivement pas ».

Toujours avec le même line-up, Black Sabbath va donc mettre les petits plats dans les grands pour réaliser son album le plus ambitieux jusqu'ici. Le groupe a fait des efforts sur toute la ligne. Ozzy Osbourne, déjà, n'a jamais aussi bien chanté. Les deux années lui ont permis de se reposer un peu et de gagner en agressivité, en puissance et en justesse (écoutez donc « The Writ » pour vous le priver). Black Sabbath a également composé « Megalomania » qui a la particularité d'être le titre le plus long du groupe depuis « The Warning » avec ses neuf minutes. Enfin, les Britanniques ont sur Sabotage leur meilleur son depuis leur début. Du moins, le plus puissant et le plus clair (avouons quand même que le son sur les précédents opus apportaient également pas mal de charme). Autant d'éléments qui ont du réconcilier les fans déçus de Sabbath Bloody Sabbath avec le groupe. De mon coté, j'échangerai sans réfléchir ma ration de Sabotage contre une petite bouchée de Sabbath Bloody Sabbath.

On m'a souvent dit que Black Sabbath a commencé à décliner avec Technical Ecstasy. En fait, il a commencé à décliner dès Sabbath Bloody Sabbath tout en restant excellent. Toutefois, les quelques balbutiements de cet enregistrement ne sont rien à coté de la déception de Sabotage. Pourtant qu'on se le dise, cet album est techniquement irréprochable et je comprends bien qu'ils plaisent à la vue des compositions très travaillés. SAUF que je n'aime pas la tournure prise (notamment ce son trop « parfait ») qui enlève du charme à l'œuvre de Black Sabbath. Je suis aussi chagriné par cette noirceur qui s'estompe d'album en album.

Sabotage commence plutôt mal avec « Hole In The Sky » irréprochable dans sa forme mais qui me rappelle tellement « Immigrant Song » de Led Zeppelin que ça en devient agaçant. Sincèrement, c'est limite si je ne crie pas le « Hahahaaaaaaah aaah » dès que j'entends les premières notes. Heureusement, après une « Don't Start (Too Late) » anecdotique n'atteignant pas la minute, commence « Symptom Of The Universe », LA surprise de l'album (à défaut d'être le meilleur titre). On se souvient que Black Sabbath avait inventé le Heavy Metal, le Doom, le Stoner, le Sludge (© Ikea de Thrashocore), ici, en une chanson, il vient d'inventer le Thrash Metal (Pas anodin si le Sepultura avec le line-up culte a repris ce titre). Un titre agressif comme le groupe n'en a jamais composé jusqu'ici et un riff qui restera parmi les plus cultes du groupe (on doit pas être loin de la centaine). Tout commençait bien et pourtant, on se demande vite pourquoi le groupe tire le morceau en longueur avec un final psychédélique qui enlève une belle partie de l'impact du titre.

Des mauvais choix qui continuent avec « Megalomania » alors que le titre – encore un fois – commençait sous les meilleurs auspices. On y retrouve la noirceur du groupe qui avait fait fureur sur Paranoid ou Vol. 4 le temps d'un crescendo divin... Jusqu'à ce refrain bidon faussement accrocheur, véritablement gâcheur. Fort heureusement, ça ne dure que trois minutes avant que le break percutant et inspiré arrive... Mais... Pourquoi y placer une cowbell pour lancer le rythme ? Je déteste ce son, ça m'agresse les oreilles et puis, je me marre car je me rappelle du sketch de Will Ferrell et Christopher Walken (« I have a fever and the only prescription is more cowbell »). Black Sabbath a t-il vraiment besoin de faire ce qu'il n'a jamais fait : Faire comme les Beatles, Mountain ou Led Zeppelin et suivre les codes du Rock ? Cela enlève une part du mythe.

La seconde moitié de l'album est plus positive avec des titres moins ambitieux mais qui ont, enfin du charme sur la totalité du morceau comme « Thrill Of It All » qui aurait sans doute fait tache sur un autre album mais qui là, me réconcilie un peu avec le groupe. L'instrumentale qui suit « Supertzar » possède un super riff et pour la première fois, Black Sabbath dispose d'une chorale pour chanter dessus. Du très bon même si on regrettera que la chorale ait des faux airs de celles sur « Atom Heart Mother Suite » de Pink Floyd. « Am I Going Insane (Radio) » est dans la lignée de « Who Are You » présente sur l'album précédent et comme sa prédécesseur, elle est à jeter. L'album se conclut sur une bonne note avec « The Writ », le meilleur titre de l'album, haut la main. Un titre cohérent tant dans sa structure que dans son ambiance. La pédale wawah de Geezer Butler y est irrésistible tout comme les riffs toujours aussi inspirés de Tony sans parler de sa charmante performance à la harpe.

Black Sabbath cherche comme toujours à faire évoluer sa musique mais, plus il avance, plus il rentre dans les codes. Un comble pour un groupe qui a toujours, jusqu'ici, su dépasser les frontières comme peu d'autres. Le titre de l'album résume à lui seul la prestation d'un groupe trop sûr de sa force mais qui a oublié le plus important dans sa recette : L'âme.

1. Hole In The Sky
2. Don't Start (Too Late)
3. Symptom Of The Universe
4. Megalomania
5. Thrill Of It All
6. Supertzar
7. Am I Going Insane (Radio)
8. The Writ

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