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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Sólstafir

Svartir Sandar

LabelSeason Of Mist
styleRock Atmosphérique
formatAlbum
paysIslande
sortieoctobre 2011
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Couvrez vous le moins possible. Éteignez votre chauffage. Ouvrez vos fenêtres. Profitez de l'ère glaciaire et de son air glacial. Dégustez ce vent gelé qui caresse vos membres agonisants. Vous ressentez cette souffrance ? Vous comprenez à quel point vous êtes vivant ?

Vous avez assez souffert, vous pouvez donc reprendre le fil de votre vie. Ne vous sentez vous pas apaisé en voyant ce Monde avec une toute nouvelle vision ? Vous venez de renaître... jusqu'au prochain coup bas de la vie.

C'est un peu ça que d'écouter un album de Sólstafir. Une souffrance qui laisse place à un apaisement qui revient inlassablement à une souffrance et ainsi de suite... Un visage Ô combien humain dans un décor d'un autre monde, l'Islande. Svartir Sandar, c'est, en plus, un voyage en direction de nouveaux paysages, une quête spirituelle vers son propre Dieu. Un album qui, dans ce sens, va plus loin que Köld et j'ai toujours trouvé excellent et qui, pourtant, avec la sortie de ce nouvel opus me paraît juste bon.

Svartir Sandar est un double album (Andvari et Gola pour leurs petits noms à chacun) durant près d'une heure vingt qu'on ne voit absolument pas passer. Je ne vois pas meilleur argument pour vous vendre cette dernière sortie. Il y a, certes, deux chansons un peu plus creuses que le reste, à savoir « Sjúki Skugginn » et « Kukl » mais l'ensemble est déjà plus cohérent et homogène qu'un Köld avec ses baisses de régime et ses étrangetés. J'adore « Love Is The Devil (And I Am In Love) » mais franchement, j'ai connu des groupes plus habiles pour placer des ovnis sur un album. J'ai même connu une Polonaise qu'en prenait au petit déjeuner... (amis cinéphiles bonsoir).

J'ai également connu une majorité de groupes beaucoup moins inspirés que Sólstafir qui sur dix (allez neuf car « Stinningskaldi » ne sort qu'à introduire « Stormfari » de ses douze titres atteint des sommets rarement frôlés cette année. Le plus fort, c'est qu'il se permet de les atteindre dans des registres souvent bien différents. Du tunnel sans fin de « Ljós í Stormi » à la beauté aussi pure que lumineuse de « Fjara », il y a un pourtant un pas que Sólstafir arrive aisément à franchir en gardant son homogénéité. Sans vous gâcher la surprise, cette dernière a quelque chose d'un autre très grand groupe islandais, Sigur Ros. Encore plus, maintenant que Sólstafir rechante entièrement en Islandais. L'homogénéité n'est pas mise à mal ni par l'uppercut d'un « Æra » qui vient de s'injecter son pot belge, ni dans les embardées psychédéliques du saxophone de « Melrakkablús », ni par la tension du duo « Stinningskaldi » - « Stromfari » et encore moins par les cavalcades dignes des plus grands westerns de « Melrakkablús », encore lui.

Je vous ai écrit tout cela comme si je n'étais qu'en face de connaisseurs mais pour les plus aventureux d'entre vous qui ne connaissent pas les Islandais, je dois vous dire que Sólstafir possède un Metal raffiné hors du commun. Le groupe fait parti de cette génération jouant du Black Metal – ici, viking – qui ont évolué vers d'autres genres comme Ulver vers l'Electro et l'Ambiant, ou Enslaved - dont il se rapproche dans l'ambiance glaciale et lumineuse – vers le Metal Progressif. Le groupe de Reykjavik s'est tourné vers un Rock/Post Rock qui a su garder le frisson glacial de ses racines Black Metal. Comme Enslaved, Sólstafir est un groupe d'hippies/vikings avec une stature équivalente mais dans un tout autre genre.

Svartir Sandar est une réussite sur toute la ligne se plaçant directement dans mon top 5 des albums que j'aurais le plus écoutés cette année et ce, malgré sa durée qui n'est pas du tout un inconvénient. Très peu de temps morts tout du long des quatre-vingt minutes d'une musique torturée, mais belle, psychédélique mais directe, douloureuse mais apaisante. Svartir Sandar, c'est un Sólstafir plus grand que sur Köld, c'est un Sólstafir qui ose, c'est un Sólstafir , à la fois, plus humain et plus tellurique que jamais, c'est, simplement, un Sólstafir qui va se faire un nom.

Andvari
01. Ljós í Stormi
02. Fjara
03. Þín Orð
04. Sjúki Skugginn
05. Æra
06. Kukl

Gola
01. Melrakkablús
02. Draumfari
03. Stinningskaldi
04. Stormfari
05. Svartir Sandar
06. Djákninn

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