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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Aeon Zen

The Face of the Unknown

LabelTime Divide Records
styleMetal progressif
formatAlbum
paysUK
sortieoctobre 2010
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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Les Anglais n'aiment pas faire les choses comme les autres. Cette constatation est valable dans tous les domaines et la musique n'échappe pas à la règle. Aeon Zen est le produit des efforts d'un seul homme : Rich Hinks. Il occupe donc tous les postes de ce groupe de progressif même s'il fait appel à des pointures pour l'épauler au niveau du chant. D'ailleurs pour jauger sa popularité, il suffit de regarder la liste des vocalistes invités : Nick D'Virgilio (Spock's Beard), Michael Eriksen (Circus Maximus), Jem Godfrey (Frost*). Ce ne sont pas des manches et on a franchement envie d'écouter ce que la combinaison de tant de talents peut produire. Surtout que l'homme n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il s'agit du deuxième album de sa formation à lui tout seul. Quand je dis tout seul, j'inclus aussi l'enregistrement, le mixage et le mastering. Coup de chapeau au musicien qui s'en sort vraiment très bien puisque le rendu est vraiment pro et n'a rien à envier à d'autres groupes de prog. Il ne reste que l'artwork de The Face of the Unknown qui a été confié à un artiste extérieur, Mattias Noren. Là aussi on respecte les codes du genre dans des couleurs froides, une représentation mystérieuse des forces de la nature et un homme au milieu de tout ça.

Après quelques écoutes, on se rend compte que Hinks a une idée très précise du mélange qui doit prévaloir pour créer un titre progressif : lorsqu'il prend son temps pour développer, la technique et les ambiances sont travaillées à l'extrême. On pourrait voir cela comme un symbole de sa facilité à composer ou à concevoir de la musique. Les rythmiques sont loin d'être données à la première écoute : voyez avec The Heart Of The Sun ou même Salvation qui ouvre l'album. On touche à deux domaines : le personnel et le musclé : à la fois les guitares sonnent très metal et les rythmiques syncopées sont légion.

Étrangement une nette coupure s'opère à mon goût après Crystal Skies. Tout d'abord ce titre a des relents popisants ce qui peut paraître étrange, mais ce qui suit va naviguer entre le surprenant et le moyen. Surprenant puisque My Sacrifice est chanté à deux voix, que Natural Selection est plus proche du rock que du metal avec une rythmique très lancinante et limite répétitive à laquelle il faut s'accrocher. Moyen puisque certains morceaux sont plus que convenus et plats. Les ballades chantés par Hinks en personne ne ressortent pas vraiment du lot et Start Over est pour moi un vrai cliché sans émotion, un peu le boulet du disque. Dommage que The Face of the Unknown par exemple soit une chanson que l'on voit venir à des kilomètres, pas grand chose dans la construction. On ne déteste pas, mais on n'accroche pas vraiment sauf la partie solo qui vaut bien le détour.

S'il sait jouer de tous les instruments avec talent, Hinks a une préférence pour les claviers, que ce soit piano ou effets en tous genres il en place presque partout. Et autant les soli sont de grande classe et de haute volée, autant on se dit que parfois il aurait pu alléger certaines rythmiques comme sur Natural Selection qui a simplement besoin de la guitare, de la rythmique de batterie tordue et du chant inquiétant de Jem Godfrey, chanteur de Frost.

Car Hinks a bien compris que s'il embauchait des chanteurs de renom autant leur faire un écrin metallique. Et il a réussi à créer des ambiances différentes qui rendent honneur à ses invités. Les chanteurs rock restent plutôt dans ce domaine et si on reprend le titre cité précédemment, on ne s'éloigne guère du groupe d'origine de Godfrey. Les titres les plus musclés sont chantés par les vocalistes de Circus Maximus et de Silent Call qui ne sont pas connus pour être les plus mous du genou. Là encore on a la preuve d'une certaine clairvoyance dans la composition : Hinks savait comment mettre en valeur les voix à sa disposition. Ce qui est un très bon point pour The Face of The Unknown. Bon point à minorer avec sa voix à lui, qui; je le répète est un peu faible surtout en comparaison des autres.

Cet album fut annoncé avec force promotion et adjectifs laudatifs et il faut bien dire que les fans de progressif passeront un bon moment avec Aeon Zen et son compositeur inspiré. Mais à la différence d'autres maîtres à penser, il ne semble pas que Hinks se soit libéré des codes du genre et danse encore sur les limites du connu et parfois du convenu. Ce qui lui est dommageable car au final il entaille la durée de vie de cette seconde galette qui ne contient en fait aucune surprise. Et c'est là où le bât blesse, car de la part de quelqu'un qui sait tout faire, on attend plus qu'un album qui sonne bien, on veut des surprises, de l'inspiration, de l'innovation. Mais pour conclure, je ne peux pas franchement vous dire d'éviter cet album, mais je ne peux pas vous dire que c'est la révélation de l'année.

1. Salvation (Vocals: Michael Eriksen (Circus Maximus))
2. Visions (Vocals: Andi Kravljaca (Silent Call))
3. The Heart of the Sun (Vocals: Michael Eriksen)
4. Crystal Skies (Vocals: Nick D'Virgilio (Spock's Beard))
5. Natural Selection (Vocals: Jem Godfrey (Frost*))
6. The Face of the Unknown (Vocals: Andi Kravljaca)
7. You're Not Alone (Vocals: Rich Hinks (Aeon Zen))
8. My Sacrifice (Vocals: Rich Hinks & Jonny Tatum (Eumeria))
9. Start Over (Vocals: Rich Hinks)
10. Redemption's Shadow (Vocals: Jonny Tatum)

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