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samedi 13 avril 2024

Judas Priest + Saxon @Paris

Zénith - Paris

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Beau, chaud et agréable. C’est exactement le temps qu’il fait lorsque l’on arrive à la Porte de la Villette, pour une soirée qui s’annonce particulière. En effet, deux monstres du heavy metal des années 80, Saxon et surtout les légendaires Judas Priest, achèvent leur tournée européenne commune sur cette date au Zénith de Paris. En dehors de la défense de leurs petits derniers, de bonne (pour Saxon), voire d’excellente facture (pour Judas), c’est l’occasion pour les deux titans anglais de fêter leurs 48 et 54 ans de carrière.

Des chiffres qui donnent le vertige et une longévité incarnée par la diversité du public présent ce soir. Toutes les tranches d’âge et toutes les catégories d’amateurs de metal sont représentées dans la fosse. Des jeunes, des vieux, des gens ne jurant que par le groupes mainstreams tout en passant par les maniax de metal old school et underground. Tout ce beau monde est là pour célébrer le heavy metal et la dernière date du Metal Masters Tour de Rob Halford et sa bande. Et peut-être l'une des dernières tout court. On peut légitimement s'interroger au vu de leur déjà (très) longue carrière et de leur âge. Et c'est pour cette raison qu'il était impossible pour Horns Up de passer à côté de ce concert d'exception sur le papier. Et de vous livrer nos impressions sur une soirée remplie d'attentes et d'émotions...

 

Saxon

Varulven : Alors que nombre de concerts de metal « mainstream » souffrent souvent de premières parties incohérentes voire insupportables, cela fait plaisir de voir un plateau aussi pertinent. Autre pilier du mouvement NWOBHM des années 80, Saxon revient à Paris après sa date de décembre 2022 au Trianon, lui aussi pour défendre un nouvel album. Si on est bien loin de la fraîcheur et de la spontanéité rock’n’roll des débuts, Hell, Fire and Damnation se pose néanmoins comme un solide témoignage d’un groupe expérimenté, possédant un savoir-faire en matière de rythmiques martiales et de gros refrains à reprendre en coeur. Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas en se montrant particulièrement impliqué sur les refrains des trois extraits du petit dernier, et en répondant instantanément aux brèves sollicitations de Biff Byford. Contraint par sa position de première partie, Saxon ne s’étend pas vraiment en fantaisies ou en fioritures, en matière de communication comme musicalement. Seule petite originalité, la présence de Brian Tatler de Diamond Head au poste de second guitariste. Et d'après ce que l'on nous souffle dans l'oreillette, il ne s'agit pas d'un remplacement provisoire, mais définitif, puisque l'historique Paul Quinn a bel et bien quitté la formation au cours de l'année 2023. Mais cessons de parler gossip pour revenir à la musique. Car en dehors de trois extraits du petit dernier et un de Sacrifice (2013) le groupe britannique fait dans l’efficacité pure et dure, en proposant au public du Zénith neuf autres morceaux, tous tirés de sa période 1980-1984.

Crédits photos : Stephan Birlouez

Celle des classiques du heavy 80’s tels que Wheels of Steel, Denim and Leather, Strong Arm of the Law et Crusader. On a alors droit à une succession d’hymnes à faire headbanguer et à chanter le poing levé. « Motorcycle Man » et son riff hard rock ultra burné, « Crusader » et son atmosphère mélancolique, sans oublier les inénarrables « Strong Arm of The Law », « Denim and Leather » et « Princess of the Night », classiques aux allures de marches guerrières dont l’on se plaît à répéter les paroles en boucle. On oublie souvent Saxon lorsque l’on évoque la NWOBHM en 2024. Certes, ils n’ont pas la classe d’un Iron Maiden, ni la virtuosité et la flamboyance du Priest, tête d’affiche de ce soir. Oui, Biff Byford n’a ni le charisme ni la palette vocale d’un Bruce Dickinson ou d’un Rob Halford. Mais ils possèdent cette capacité à retranscrire l’essence du heavy metal dans sa forme la plus brute et la plus pure. Un riff, simple et efficace, un refrain qui fait mouche. C’est ce qu’ils nous ont offert ce soir. Et c’est tout ce qu’on leur demande.

Setlist :
Hell, Fire and Damnation
Motorcycle Man 
Sacrifice
There's Something in Roswell
And the Bands Played On
Madame Guillotine
Heavy Metal Thunder
​Strong Arm of the Law 
Crusader
Dallas 1 PM
​Denim and Leather
Wheels of Steel 
Princess of the Night

Crédits photos : Stephan Birlouez

 

Judas Priest

Michaël : Quel plaisir de voir Judas Priest sur une scène aussi agréable que le Zénith de Paris. Entendons-nous, ce n’est pas l’Olympia ; le charme y est nul. Simplement, c’est une salle plutôt agréable pour les concerts car on est jamais vraiment loin de la scène et le son y est le plus souvent très correct, comme ce soir d'ailleurs. Cela permet aussi aux groupes de sortir les big guns avec une scénographie digne de ce nom. Pour l’occasion, les Britanniques ont fait dans du très classique : des écrans géants verticaux en back drop, une scène toujours très éclairée dans des couleurs chaudes, des oriflammes de la pochette (affreuse) du dernier album de part et d’autre de la scène et le fameux logo de Priest « en dur » au dessus de la scène. Rien de très élaboré, donc, mais rien que de très efficace.

Crédits photos : Stephan Birlouez

Côté prestation, ce fut plutôt un bon jour pour tout le monde. Richie Faulkner est toujours un plaisir à voir évoluer sur scène et participe grandement à l’effort scénique, Scott Travis a toujours cette énergie prenante et son sourire communicatif et Ian Hill est toujours quasiment relayé dans les backrooms ; sans surprise, donc ! On aura même eu le droit à la participation de Glenn Tipton sur « Metal Gods » et « Living After Midnight », en fin de concert, ce qui est toujours un clin d’œil que l’on apprécie, vu les circonstances. Mais, forcément, toute l’attention était sur le sieur Rob Halford. Le poids de l’âge fait son effet, naturellement, mais c’est quand même difficile d’imaginer comment un type de 72 balais avec une telle vie peut continuer à arpenter la somme de long en large pendant tout le show, sans montrer de signes de fatigue. Si l’on compare avec des prestations d’il y a 20 ans, évidemment que l’on voit la différence. Mais alors que j’ai mal au dos en rédigeant ces quelques lignes, le cul vissé sur ma chaise et avec la moitié de son âge, je tire forcément mon chapeau à Rob pour sa résistance à toute épreuve. Et que dire de sa justesse ? C’est parfois un peu compliqué vocalement pour Rob dans certains concerts, en dépit de l’ajout de reverb ou d’écho. Ce soir, j’ai trouvé la prestation globalement très aboutie, y compris quand il fallait monter bien haut jusqu’à en briser les verres en cristal.

Après, autant être honnête, j’ai toujours eu du mal avec la communication de Judas Priest sur scène. Sans tomber dans des écueils pénibles de front(wo)man qui racontent leur vie, c’est toujours un peu maigre. 1h30 de show, deux phrases pour le public. J'aurais volontairement échangé les concours de vocalises de milieu de show par quelques échanges bien pensés avec un public toujours aussi fidèle, surtout pour la dernière date de la tournée. Mais l’on ne se refait pas ; et certainement pas à 72 ans !

Crédits photos : Stephan Birlouez

Côté setlist, il y a forcément des choses à redire, mais vous savez que je suis pénible avec ça. Quand un groupe a autant de bons albums, faire une setlist est forcément un réel casse-tête. Avec 3 titres sur 18 de leur très bon nouvel album, le groupe a pris le parti d’intégrer quelques titres à sa setlist sans transformer la date du soir en immense tournée de promotion et c’est tout à leur honneur. On regrettera simplement le choix des titres d’Invincible Shield : si « Panic Attack » est excellente, « Invincible Shield » est correcte et « Crown of Horns » franchement pas terrible. J’aurais tué pour écouter l’excellente « Gates of Hell » et son solo, par exemple ; je crois même que j’aurais été prêt à échanger tous les titres de British Steel contre ce titre ! 

Pour le reste, le groupe a bien balayé sa discographie, tout en en faisant un peu trop avec British Steel. Je sais que c’est ma hot take sur le groupe, mais je trouve cet album en dessous de beaucoup d’autres et je n’ai jamais trop compris le délire avec « Breaking the Law », alors que le groupe a pléthore de titres bien supérieurs à tous égards. Donc forcément, ça ampute pas mal la setlist d’autres titres plus rares.

Crédits photos : Stephan Birlouez

Mais ne faisons pas la fine bouche, ce fut en tout point une prestation réussie qui nous rappelle pourquoi ce groupe, malgré le temps qui passe, est un grand de la scène. A aucun moment, quand on sort d’une prestation de Judas Priest, on se dit qu’ils feraient mieux d’arrêter. Et la qualité de leur dernier album est encore un témoignage de cette force incroyable du groupe d’aller de l’avant en toute circonstance, et de ne jamais trop regarder dans le rétro.

Ajoutons en plus que ce fut un immense plaisir de voir un public, au final, assez varié. Pas mal de têtes grises, évidemment, mais aussi énormément de jeunes. Un groupe qui rassemble, donc, et qui continue de faire vibrer celles et ceux qui les suivent depuis longtemps. Bravo, messieurs !

Setlist :
Panic Attack
You've Got Another Thing Comin'
Rapid Fire
Breaking The Law
Lightning Strike
Love Bites
Devil's Child
Saints in Hell
Crown of Horns
Turbo Lover
Invincible Shield
Victim of Changes
The Green Manalishi (WIth the Two Prong Crown)
Painkiller
Electrc Eye
Hell Bent For Leather
Metal Gods
Living After Midnight

Un grand merci à Stephan Birlouez pour l'utilisation de ses photos !