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Album

29 septembre 2023 - Team Horns Up

Primordial

How It Ends

LabelMetal Blade Records
stylePagan Black Metal
formatAlbum
paysIrlande
sortieseptembre 2023
La note de
Team Horns Up
6/10


Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Passé et présent, méandres de l’histoire et souffrances contemporaines ; Primordial a toujours mis un point d’honneur à ne pas seulement chanter les sombres heures de l’Irlande, mais aussi à leur demander une résonance actuelle. La rébellion contre l’autorité et le combat pour la liberté ne sont donc forcément pas des thématiques nouvelles pour le groupe, mais elles sont apparemment le pilier central de ce How It Ends. Comme toujours, les Irlandais ont le sens des titres forts au goût de cendre.

Une chronique en deux teintes, celles des chroniqueuses Circé et Dolorès

 

Circé : Primordial avait frappé fort en révélant «  Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is an Orphan ». Un riff épique, des mélodies aux relents celtiques et le chant désormais plus que rodé d’Alan portant un refrain entêtant comme seul le groupe sait en faire… Le groupe annonçait un retour en grande forme, qui sentait la fraîcheur et le renouveau. On aimerait d’ailleurs pouvoir utiliser ce mot plus souvent pour parler de leur musique : après 30 ans de carrière, la formule est connue, les morceaux se déclinent tous plus ou moins autour des mêmes variables. Le groupe lui-même en semble conscient, tant certaines rythmiques, certaines lignes de chant, semblent être utilisées presque comme des gimmicks. 

N’en reste pas moins qu’How It Ends a su me surprendre ; peut-être pas comme l’un des meilleurs albums du groupe, mais tout du moins comme un des plus équilibrés. Alors qu’Exile Amongst The Ruins assénait tube sur tube sur sa première moitié avant d’évoluer vers des sonorités plus progressives, qui ont leur mérite, mais qui, avec les années, ont malheureusement été éclipsés par les « Nail Their Tongues » et autres «  To Hell or the Hangman ». C’est ici l’opposé qui me frappe : moins de tubes qu’on se retrouvera à chanter en chœur en live, mais une succession de morceaux solides et variés formant un tout plus cohérent. L’album marque aussi un retour plus guerrier avec les riffs du single susmentionné ou «  Call to Cernunnos », tandis qu’«  All Against All » offre à voir une facette plus agressive et dissonante du groupe. « Traidisiúnta », interlude instrumental, m’a aussi agréablement surprise en mettant en avant des mélodies aux influences celtiques qui me manquaient. Quant à la voix d’Alan, elle se mue au fil de toutes ces différentes nuances que prend l’album, le chanteur retrouvant une versatilité que je ne lui trouvais plus sur les derniers albums. 

Certes, How It Ends marquera certainement moins les esprits que d’autres albums plus tubesques, et sur un album de plus d’une heure, on retrouve forcément quelques morceaux plus rompiches. Mais il s’agit là d’un album subtil et équilibré dans lequel on sent un groupe rester inspiré malgré la routine musicale dans laquelle il s’est installé avec son style si défini.

 

Dolorès : Si le premier single, « 10 Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is an Orphan » ici en fermeture de ce nouvel album, m'avait complètement conquise, je dois bien dire que How It Ends me déçoit sur le reste. J'ai toujours été une grande fan de la musique de Primordial, qui me touche profondément par les paysages émotionnels qu'elle dépeint constamment. Mais ici, la recette ne prend pas.

Entre les morceaux trop répétitifs alors que la première idée était clairement bonne (dès l'introduction « How it Ends », puis même dans l'étonnant « Call to Cernunnos »), les dissonances parfois trop prégnantes que je n'appréciais déjà pas sur certains précédents opus (« All Against All ») ou encore le Primordial qui sonne juste comme du Primordial recyclé (« Ploughs to Rust, Swords to Dust », « Pilgrimage to the World's End », « Nothing New Under the Sun » très efficaces mais peu mémorables), il est difficile pour moi d'accrocher. L'une des impressions qui ressort, également, est celle d'un album complètement inégal, qui semble venir raccommoder çà et là des titres qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. Là où les albums du groupe m'avaient toujours semblé être, auparavant et chacun à leur manière, un bloc bien solide...

Qu'attendre de Primordial après trente ans de carrière et une dizaine d'albums ? Bien sûr, la recette fonctionne toujours mais l'ensemble manque d'âme à mon goût. Peut-être une plus grande prise de risque serait-elle la bienvenue. Alan Averill a beau offrir un chant toujours aussi impeccable après tant d'années, lui et sa bande ne semblent pas vouloir surprendre qui que ce soit et c'est bien à leur désavantage. Exception faite pour « Call to Cernunnos » qui ravira sans doute les fans de folk metal et qui a comme atout de se démarquer par son chant clair qui rappelle certains folklores et ses rythmiques à l'écho plus ancestral. Tout en restant vraiment redondant et mou. Je finirai peut-être par aimer l'album avec le recul, mais pour l'instant, je constate que la partie émergée de l'iceberg était plus séduisante que l'ensemble dévoilé.

 

Tracklist :

1. How It Ends
2. Ploughs to Rust, Swords to Dust
3. We Shall Not Serve
4. Traidisiúnta
5. Pilgrimage to the World's End
6. Nothing New Under the Sun
7. Call To Cernunos
8. All Against All
9. Death Holy Death
10. Victory Has 1000 Fathers, Defeat Is an Orphan

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