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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

DarkRise

Built

LabelGreat Dane Records
styleBrutal death
formatAlbum
paysSuisse
sortieseptembre 2009
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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La Suisse, contrée du chocolat, des fromages, des montres, des banquiers, de Roger Federer… mais aussi, pour nous autres metalleux, le pays qui a vu naître Coroner, Mumakil, Samael ou encore Celtic Frost. Pas spécialement reconnue pour son brutal death technique, la scène Suisse possède pourtant un atout brutal âgé de déjà douze années : DarkRise. Après une démo, deux albums et des emmerdes en veux-tu en voilà dues à un line-up instable, tout cela dans un anonymat relatif (en dehors de la Suisse j’entends), le groupe nous revient en 2009 signé sur le label Nordiste Great Dane Records. Réputé pour avoir le nez fin (Goryptic, Carcariass, Wild Karnivor…), le label a encore une fois tiré une bonne pioche avec ce « Built ».

Et on peut dire que les petits Suisses (bon ok elle était facile !) ont employé les grands moyens pour leur dernier rejeton : enregistrement aux Hertz Studios en Pologne (connus pour avoir accueilli Behemoth, Kronos, Decapitated, Vader… excusez du peu !), pochette magnifique réalisée par Niklas Sündin, qui n’est autre que le guitariste de Dark Tranquility… Le groupe a su s’entourer pour nous sortir un produit de qualité (labellisé SwissPrimGourmet) ! Visuellement, la pochette fait son effet. Personnellement, j’adore le logo de DarkRise ! Et si tout ça n’était que de l’esbrouffe ? Que nenni ! Si les références sont alléchantes, c’est pour mieux mettre en valeur le décrassage de conduits auditifs proposé par la musique de Built.

Si on devait qualifier simplement la recette des Lausannois, on pourrait considérer DarkRise comme un accouplement entre Meshuggah et Decapitated. Meshuggah pour les changements de rythmes, les passages rentre-dedans polyrythmiques bien sentis ; et Decapitated pour la brutalité, la technicité et la précision quasi-chirurgicale des musiciens. La production, très froide (à la manière d’un Decapitated justement), renforce ce sentiment de précision : les musiciens ne lâchent jamais le morceau, notamment le batteur Guido arrivé tout juste un an avant l’album qui délivre une prestation carrée rappelant un certain Vitek (RIP). Avec une telle production (et une batterie ultra trigguée), la musique des Helvètes flirte parfois avec le cyber-death, même si le tout est résolument brutal.

C’est sur un « …To Perform » du feu de dieu que débute le disque des Lausannois, poussé par des cris guerriers, puis un blast ravageur. Mais on se rend rapidement compte que DarkRise ne se limite pas à du martelage intempestif : le tout est aéré par de nombreux passages « Meshuggiens » du plus bel effet (« Invisible Disease », «And Then...To Kill Myself » et son break imparable !) et parfois accompagné par des soli de toute beauté qui rendent les compositions un peu plus chaleureuses (dont un passage assez rock’n’roll sur « Facing The Storm » !). Si la musique des Suisses est principalement basée sur la rythmique, on note tout de même quelques passages comportant des riffs plus mélodiques (« Invisible Disease », « One Race : All Racist ») évoquant les Vosgiens de Kronos.
Le tout est savamment servi par un son qui, comme je le disais, est froid (ce qui va parfaitement à la musique de DarkRise) mais qui paradoxalement met bien en avant la basse ! Le travail de Wil, le bassiste, est donc bien plus audible que dans beaucoup de groupes de metal. Ce dernier nous gratifie même de temps à autres de passages « slappés », comme dans l’introduction de « Neuronal Interference », pour moi LA tuerie de l’album.

Mais à vouloir trop varier les tempos, le combo Suisse, excellent quand il s’agit d’aller très vite ou de poser des breaks polyrythmiques, s’aventure trop dans les passages mid-tempo, nettement moins convaincants. Ainsi, la lassitude finit par pointer le bout de son nez à certains moments de l’album. Je pense surtout aux morceaux « Feed This Hate » et « One Race : All Racist » qui font retomber le rythme de l’album, mais sont heureusement suivis d’un puissant « Our Victory » qui porte bien son nom avec ses cris guerriers typé Haka (même si la première fois, ça m’a fait sourire) !
Cette monotonie vient également du chant, qui sait se montrer convaincant mais qui manque sérieusement de personnalité. Le growl de Luc a déjà été entendu des milliers de fois, ce qui vient ternir le tableau de ce « Built » qui reste rempli de qualités.

DarkRise n’a rien inventé, c’est sûr. Mais les Suisses nous ont bâti un bien bon moment de violence musicale que les fans des groupes cités dans la chronique auraient bien tort de bouder ! Le groupe aura d’ailleurs bientôt l’occasion de faire ses preuves en compagnie de Nile et Melechesh lors de la tournée « Those Whom The Gods Detest Part II », et on peut espérer que le recrutement de Greg en tant qu’unique chanteur (Luc tenant toujours le rôle de guitariste) apportera aux Helvètes une amélioration au niveau des vocaux !


1. ...To Perform
2. Invisible Disease
3. Feed This Hate
4. One Race: All Racist
5. Our Victory
6. And Then...To Kill Myself
7. Neuronal Interference
8. Facing the Storm
9. Inescapable Decision
10. Skillfully Perverse Mechanism