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Album

01 février 2022 - ZSK

Vessel Of Iniquity

The Doorway

LabelSentient Ruin Laboratories
styleMetal extrême des enfers
formatAlbum
paysAngleterre
sortieaoût 2021
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

On ne pouvait décemment pas clôturer 2021 sans évoquer ce que nous a concocté Vessel Of Iniquity, maître ès Metal extrême des enfers. Hé bien, il a d’abord été question d’un peu de recyclage. Avec tout d’abord la parution discrète d’une version remixée de l’album Star Of The Morning de 2019, en avril. Puis la parution en juin de pas moins de 4 (!) versions différentes de l’« album » Void Of Infinite Horror, mettant en avant différentes facettes du mixage sonore. Mais S.P. White est toujours porteur de menues surprises. Pas d’album balancés d’un coup d’un seul cependant. La surprise sera plutôt, après le totalement autoproduit Star Of The Morning, le retour au sein d’un label. Et Vessel Of Iniquity aurait bien pu trouver une écurie à sa mesure, à savoir l’illustre label italien I, Voidhanger, pourvoyeur de diverses terreurs sonores. Mais ça n’aura été que pour The Permian-Triassic Extinction Event, split avec Thecondontion sorti en septembre. Non, Vessel Of Iniquity sera finalement retourné chez Sentient Ruin Laboratories, label qui avait sorti son premier EP éponyme ainsi que Void Of Infinite Horror (2019). The Doorway, sorti début août, sera donc le deuxième album du projet anglais à bénéficier d’une sortie digne de ce nom (enfin, premier album si on ne considère toujours pas le très court Void Of Infinite Horror comme un « album »). Au cœur de l’été (dégueulasse), il aura donc une nouvelle fois été question de rouvrir la porte des Enfers en compagnie d’un des projets les plus violents et bruitistes qui ont émergé dans l’underground Metal ces dernières années. On avait déjà l’habitude avec Void Of Infinite Horror, Star Of The Morning et les menus EPs et démos sortis par le projet, mais il va une nouvelle fois falloir s’accrocher…

The Doorway ne perd pas de temps et à l’instar de Star Of The Morning et son ouverture sur "Maledictum", s’offre un véritable introductif qui nous remet rapidement dans l’ambiance. Et entre deux riffs traînants et des ambiances bruitistes, "A Glimpse of the Pattern" remet déjà en avant une des particularités de Vessel Of Iniquity, ces passages ultraviolents et impitoyables, incroyablement blastants et implacables. Avec Vessel Of Iniquity, il convient toujours de faire un point sur le son, toujours aussi particulier, l’ensemble demeure noyé sous les blasts synthétiques dès que le tempo s’emballe, on distingue toujours des hurlements de damnés tout au fond et le son des « guitares » est toujours aussi râpeux au possible. Pourtant, nous ne sommes pas loin d’avoir la meilleure sonorisation qu’a eu Vessel Of Iniquity au cours de sa courte carrière, avec même un préposé au mix et au mastering. L’équilibre entre le son très chaotique de Void Of Infinite Horror et celui plus sec et direct de Star Of The Morning est trouvé, et à force d’expérimenter sur les mixages, S.P. White semble avoir trouvé le son qui correspond le mieux à ce qu’il veut faire. Le tableau est posé et comme pour Star Of The Morning, The Doorway va donc tenter de se montrer parfaitement cohérent. "A Glimpse of the Pattern" est d’ailleurs directement suivi de "By Allusion Called", le morceau le plus long du disque du haut de ses 12 minutes. Autant dire que Vessel Of Iniquity va en profiter pour développer son atmosphère des enfers et ses compos les plus lourdes, tout en oubliant pas quelques déferlements de violence ici et là. Et The Doorway va donc se poser comme une nouvelle vision des contrées les plus ténébreuses que l’univers, connu ou imaginaire, peut nous offrir…

Mais, à l’instar d’Ævangelist en son temps, Vessel Of Iniquity n’a-t-il déjà pas atteint le momentum du Black/Noise infernal, et n’est-on pas déjà désensibilisé à toute cette violence et cette noirceur à force d’écumer la florissante discographie du projet ? C’est la question que l’on peut se poser à l’écoute de ce The Doorway qui, finalement, sera sans grande surprise. Presque le cas d’école d’un projet autoproduit signé sur un label, qui se contente se faire ce qu’il sait déjà faire pour se faire un peu mieux voir, sans chercher à repousser ses limites. Certes, Vessel Of Iniquity a déjà repoussé pas mal de limites, dans son registre et même par rapport à lui-même, mais The Doorway sent un peu le réchauffé, et Star Of The Morning était autrement plus impressionnant. Malgré sa lourdeur absolue, "By Allusion Called" est vite redondant, d’emblée. Cependant, ce n’est pas foncièrement gênant et The Doorway reste un album convaincant, dans cet aspect de Metal extrême issu de la dimension du Chaos. On reste soufflé par ces accès de violence toujours aussi explosifs, mention spéciale au frappadingue "Dying" ou encore au morceau-titre qui joue sur une subtile progression vers une sacrée terreur sonore. Malgré tout, The Doorway est un album souvent glauque et noir, qui multiplie les riffs rampants et légèrement dissonants (voir "Self Not Self"), toujours avec le son si particulier au projet, et jouant avec les ambiances inquiétantes (voir "Three Drops of Milk Before Retiring" ou notamment l’interlude à samples "Death State Boundary"). La dernière longue pièce de The Doorway, "Ascension", jouant sur une progression lente et résolument bruitiste, résume encore fois bien toute l’essence du projet. Mais il y a un certain « classicisme » là-dedans qui fait que The Doorway, le « bien-nommé » dira-t-on, est davantage une porte d’entrée qu’un véritable aboutissement de l’art de Vessel Of Iniquity. Si vous ne vous y êtes toujours pas mis et que vous n’avez pas peur de ce que pourrez trouver à l’intérieur du projet repoussant de S.P. White, c’est le moment ou jamais. Pour les plus courageux, Star Of The Morning reste un manifeste, de même que les morceaux les plus marquants de Void Of Infinite Horror comme "Invocation of the Heart Girt With A Serpent" ou "Mother of Abominations". Vessel Of Iniquity repart donc un peu de zéro ici, j’espère pour mieux réimpressionner ensuite. Et on va vite pouvoir s’y remettre vu que pour commencer 2022, White nous a déjà retrouvé deux EPs inédits, Architecture Of Existence et Graveyard Of Dead Gods. Les portes de l’Enfer ne sont pas prêtes de se refermer…

 

Tracklist de The Doorway :

1. A Glimpse of the Pattern (3:35)
2. By Allusion Called (12:31)
3. Three Drops of Milk Before Retiring (3:45)
4. Dying (3:21)
5. The Doorway (4:47)
6. Self Not Self (5:53)
7. Death State Boundary (1:43)
8. Ascension (8:48)
9. Revelation (0:45)

 

 

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