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Death Angel… Ahhh, Death Angel… ce groupe a un parfum spécial pour moi. Un petit côté exotique dû à l’origine philippine des membres du groupe, un chanteur qui enterre tous les standards du genre, un sens de la mélodie infiniment plus développé que beaucoup de leurs compères de la Bay Area…. Death Angel, c’est aussi une capacité exceptionnelle à composer des hymnes thrash (Thrown To The Wolves, Soulless, Kill As One, 5 Steps Of Freedom)… et, pour moi, la découverte en live (au Graspop 2009) d’un groupe enjoué, puissant, furieusement rock’n’roll, et qui semble avoir conservé l’esprit thrash de ses débuts. Comment expliquer alors que nos américano-philippins préférés se soient pendant longtemps hissés au mieux comme des seconds couteaux du thrash, au pire comme un groupe ignoré ? Heureusement, depuis leur retour en 2004 avec le pétri de qualités « The Art of Dying », le groupe connut à nouveau le succès, et ce n’est pas l’excellent « Killing Season », certes un peu plus rock que ses prédécesseurs, qui fera redescendre les thrasheurs d’une notoriété qui commençait enfin à être à la hauteur de la qualité des prestations de Death Angel.
Mais voilà, le groupe a enregistré deux départs de taille : le bassiste Dennis Pepa et le batteur Andy Galeon, qui ont respectivement quitté le navire en 2008 et en 2009. Mark Osegueda et Rob Cavestany se sont alors démenés pour trouver deux remplaçants de taille, et finalement Damien Sisson (basse) et Will Carroll (batterie) sont rentrés dans le groupe. Deux blondinets au milieu de tous ces américano-philippins, ça va nous faire tout drôle en live, fini le côté 100% exotique du combo ! Mais blague à part, on pouvait légitimement se poser la question sur l’orientation qu’allait prendre Death Angel avec ce « Relentless Retribution »… dans la continuité de « Killing Season » ou un retour aux sources façon « The Ultra Violence » ? Il faut avouer que la pochette (superbe) ne laissait pas vraiment planer le doute quant à la réponse…
Réponse numéro une, mon général ! Ce cru 2010 de Death Angel est l’album le plus violent que le groupe ait réalisé depuis « Frolic Through The Park » ! Je sens déjà que vous bavez devant votre écran rien qu’à cette idée… eh ben ne vous réjouissez pas trop vite, car c’est un retour aux sources globalement raté qu’on tient ici…
Et dès le départ, c’est finalement la demi-molle, voire la débandade complète, à l’écoute du morceau d’ouverture, « Relentless Revolution » : un riff thrash, puis finalement c’est un titre mid-tempo qui nous attend avec des roulements de batterie qui me sont fort désagréables… un refrain pas plus folichon, avec certes de la double derrière, mais un morceau qui ne décollera finalement que vers la fin, grâce aux solos très réussis de Rob Cavestany. Et finalement, dans tout ça, le seul à surnager, c’est Mark Osegueda : son chant, toujours à mi-chemin entre la hargne d’un Tom Araya et la mélodie de Joey Belladonna, l’impose comme l’un des meilleurs vocalistes du thrash metal, si ce n’est le meilleur ! Et autant dire que c’est lui qui portera à bouts de bras ce disque poussif…
La volonté de nous pondre un album plus thrash que ses prédécesseurs se fait ressentir dès le début de « Claws in So Deep » : tempo rapide, riff thrash, chant hargneux… mais Death Angel continue d’accumuler les fautes de goût. Riff insipide, et refrain qui accomplit l’exploit de faire encore pire avec un chant qui est en décalage total avec la musique (la seule ligne de chant vraiment mauvaise de Mark sur l’album) ! Mais comment ont-ils pu ?
Tout n’est pourtant pas mauvais, loin de là, dans ce « Relentless Retribution ». Je pense notamment à l’interlude acoustique à la fin de « Claws in So Deep » interprété par Rodrigo Y Gabriela, à quelques morceaux plus réussis que le reste du disque (les très thrash « River of Rapture » et « This Hate ») et plus globalement à la fin du disque (excepté « Where They Lay », poussif comme pas possible lui aussi). On trouve même de bons passages dans presque tous les morceaux qui empêchent l’auditeur de sombrer dans l’ennui. Et à chaque fois, on se dit « ça y est, ça va partir làààà »… pour 8 fois sur 10 redescendre aussitôt.
C’est avant tout le chant de Mark Osegueda et ces magnifiques soli qui parsèment les compositions qui sauvent le disque de la médiocrité, ainsi que deux grands moments : les morceaux « Opponents At side » et l’acoustique «Volcanic » où s’invite au chant un Rob Cavestany magistral qui vous fera hérisser le poil ! En l’écoutant, on se rappelle aux bons souvenirs de « Word To The Wise », tant Rob nous avait soufflé déjà à l’époque par son chant à la voix éraillée, si émouvant. « Volcanic », sans atteindre non plus ce niveau, est un des grands moments de l’album.
La production signée Jason Suecof (aussi auteur d’un solo sur « Truce » !), sans être exceptionnelle, est par contre très agréable puisqu’on peut distinguer parfaitement chaque instrument (bien exécuté d’ailleurs, les deux nouveaux nous livrant finalement une belle prestation), même si le tout sonne trop moderne pour du Death Angel. C’est d’ailleurs un parti-pris assez curieux de la part du groupe, puisque sur ce « Relentless Retribution », la musique sonne parfois tellement moderne qu’elle flirte avec le crossover. C’est le fan qui parle bien sûr, car si vous n’êtes pas plus familiers que ça avec la bande à Osegueda, il est probable que cela ne vous choque pas.
Death Angel nous offre donc un album certes plus violent que ses prédécesseurs… mais ne nous avait pas habitué à des compositions aussi poussives et peu inspirées. Il fallait bien que ça arrive un jour, voici le premier faux-pas de nos anges de la mort. Pas que l’album soit foncièrement mauvais, mais beaucoup trop moyen pour ne pas faire tâche dans la discographie jusqu’alors parfaite du groupe… j’ai d’ailleurs peut-être été un peu dur avec ce disque tout au long de la chronique, mais mes propos (et la note) sont à la hauteur de ma déception. Si vous n’êtes pas des inconditionnels du groupe, tentez quand même l’écoute, on ne sait jamais ! Les autres ont de grandes chances d’être aussi déçus que moi…
1. Relentless Revolution
2. Claws in So Deep
3. Truce
4. Into the Arms of Righteous Anger
5. River of Rapture
6. Absence of Light
7. This Hate
8. Death of the Meek
9. Opponents at Sides
10. I Chose the Sky
11. Volcanic
12. Where They Lay