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Album

20 mai 2021 - ZSK

Particle Thief

Ecdysis

LabelAutoproduction
styleDjent progressif
formatAlbum
paysUSA
sortiejanvier 2021
La note de
ZSK
8/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Plus de 10 ans après son explosion, que reste-t-il vraiment de la scène Djent ? Eh bien, on pourrait dire pas grand-chose, mais en vérité, tous les pionniers sont encore là même si autour d’eux, peu de formations ont vraiment percé. Periphery et Monuments, presque les derniers représentants du Djent pur et dur, sont encore là, TesseracT aussi même s’il s’est éloigné des arcanes du style, Vildhjarta lui devrait bientôt revenir sur le devant de la scène. Et il ne faut pas oublier un autre nom, celui de Stealing Axion. Qui s’était fait remarquer, outre un EP éponyme en 2010, avec son premier album Moments sorti chez InsideOut (et convoité par Season of Mist avant). Dans une branche à part, celle qui tend pas mal vers le pur Metal prog. Ce qui avait d’ailleurs fait de Stealing Axion le plus progressif des groupes de Djent, ou le plus Djent des groupes de Metal progressif, selon où on veut se placer. Mais curieusement, si Periphery ou TesseracT ont enchaîné les albums sur les gros labels Metal et assimilés, Stealing Axion n’a pas suivi le mouvement et est vite retombé dans l’oubli. Aeons est donc sorti en 2014 en autoproduction, dans un quasi-anonymat et cerise sur le gâteau de merde, était assez décevant comparé à l’excellent Moments (un des meilleurs albums de Djent, avec le recul). Pour couronner le tout, le line-up du groupe ne tiendra pas et le guitariste/chanteur Josh DeShazo mettra les voiles. Même s’il sera crédité au générique de Eternities, EP sorti en 2018 qui montrera que Stealing Axion en avait encore sous la semelle et pouvait revenir au niveau de son premier album. Mais le groupe ne reviendra pas au plus haut niveau qu’il squattait avec mérite au début des années 2010 et son succès aura finalement été bien éphémère. Josh DeShazo ayant maintenant son projet solo At Odds - qui a sorti l’an dernier un premier album éponyme aux accents de Stealing Axion… mais aussi de Devin Townsend - Stealing Axion va tout de même perdurer autour du guitariste Dan Forbrich et du bassiste Phil Willmarth. Accompagnés de Gerson Zaragoza à la 2ème guitare (et probablement d’un nouveau batteur de session même si le groupe se présente encore comme un trio), Stealing Axion va donc nous proposer un troisième album… ou pas car comme vous l’auriez remarqué, vous êtes sur une chronique de Particle Thief et non de Stealing Axion. Eh bien tout simplement, le groupe a choisi de prendre un nouveau départ en changeant de nom, celui qui nommait leur studio de mixage/mastering. Troisième album de Stealing Axion ou premier album de Particle Thief, peu importe, Ecdysis est là et va tenter de remettre cette formation emblématique du Djent à sa place dans la scène.

Une nouvelle fois, pas de label à l’horizon pour redonner sa chance à Stealing Axion et donner sa chance à Particle Thief, on repart sur de l’autoproduction, seulement digitale d’ailleurs. Difficile de savoir si le groupe a vraiment (re)cherché à se faire signer, mais il est dommage de voir que cet album ne sera que réservé à un cercle d’initiés. Qui apprécieront d’autant plus ses qualités vu que, brisons la glace immédiatement, Ecdysis sera bien supérieur au moyen Aeons et va surfer sur l’inspiration retrouvée sur Eternities. Pour ça, StealiParticle Thief est une nouvelle fois très généreux en nous balançant un beau pavé de 77 minutes. Nous allons donc toujours avoir affaire au groupe le plus progressif de la scène Djent ? Oui, mais pas que. Déjà, inutile de tourner autour du pot, Ecdysis est dans la totale lignée de la discographie de Stealing Axion et rien ne change ou presque, le changement de nom n’apportera pas de singularité significative. Peut-être que les chants trouvent ici une nouvelle personnalité et un nouveau souffle, ils sont peut-être même au top de leur forme depuis 9 ans maintenant, même si comme toujours, on ne sait pas vraiment « qui fait quoi », enfin maintenant on sait ce que faisait Josh DeShazo… mais que ça soit dans le chant « harsh » ou clair, il y a de la qualité. Instrumentalement comme au niveau de la production, tout est au top sinon. Et du reste, Ecdysis semble un peu plus pencher du côté Djent de l’équation, par rapport à Moments ou même à Aeons. On ressent plus les influences Djent que celles plus prog, mais si les moments feutrés et lumineux sont bien là, Particle Thief appuie pas mal sur le curseur de la lourdeur syncopée. Ainsi, si un "The Way That it Goes" signe un départ bien équilibré, "Not What We Excepted" envoie ensuite directement un Djent bien percutant. Et Ecdysis de démarrer avec deux quasi-tubes très accrocheurs, qui montrent bien tout le spectre possible du Djent tel qu’il s’est développé depuis 10 ans. Particle Thief se montre donc immédiatement sous de très bonnes dispositions, avec des compos très bien achalandées, une énergie foisonnante et une belle verve dans les moments les plus enlevés et progressifs. Avec un "Skin" lourd mais aéré (et des chants quasi-growlés par moments), un "Knot of Mind" très Djenty et assez méchant, puis un "It’s Over Now" plus mélodique et enivrant, Particle Thief montre déjà avec brio toute sa palette, et ça ne fait que commencer au sein de cet album florissant qui va tenter de retrouver la superbe de Moments… et va y arriver !

Pour cela, Particle Thief va non seulement capitaliser sur le dynamisme d’un Djent remis à son meilleur niveau, mais aussi sur des velléités progressives de haut vol. Ecdysis va donc s’offrir une partie centrale qui va exceller dans une des particularités de ce genre de Metal prog : de savantes montées en puissance au sein de morceaux longs. C’est ainsi que "Be Enough" et "32", deux pièces dépassant 9 minutes chacune, vont nous proposer les moments les plus épiques du disque. Le premier joue la carte d’un Metal prog mélodique et aérien, mêlant guitares acoustiques et riffs de Metal moderne surplombés par un chant clair lumineux et entraînant, qui devient de plus en plus riche au fil des minutes (avec des leads de virtuose) avant de se terminer par un final explosif et remuant absolument imparable. Le second, qui s’enchaîne sans temps mort avec le premier, progresse plutôt sur la lourdeur (assez monumentale par moments) tout en nous offrant de grands moments en chant clair : à partir de 7’10, c’est juste royal, et on s’incline devant cette sublime pièce qui joue sur une progression contraire à celle qui la précède, et c’est totalement réussi. Ecdysis est donc aussi un album de contrastes, ce qui est encore montré par l’enchaînement entre le rythmé mais mélodique "Memento" et le bien massif et noir "All Hail the Serpent". "The Fall" s’autorisera une dernière foulée passionnante en terres progressives, avec encore une fois des montées à couper le souffle dans des structures comparables à "Be Enough", et toujours des compos et arrangements particulièrement inspirés (et une conclusion djenty anthologique). Cet Ecdysis est donc une belle réussite et pourrait se poser comme un grand album de Djent, au moins un des meilleurs albums du genre sortis depuis belle lurette, dans son versant le plus prog, loin des facéties Deathcore même s’il est vrai que par moments Particle Thief se fait plus gras que dans son passé sous le nom Stealing Axion. Dommage qu’il n’y ait finalement aucune surprise ni originalité pour un album tout de même bien long qui en perdra certains en chemin (le final ambient "Vessels" est peut-être dispensable), et ce n’est pas Ecdysis qui ne révolutionnera ni ne renouvellera le genre. Mais autant dire que si Ecdysis était sorti peu après Moments (à la place de Aeons donc ?), il aurait immédiatement figuré au panthéon du Djent. Malheureusement, de l’eau a coulé sous les ponts depuis, Ecdysis est une sortie bien confidentielle et le Djent ne fait plus rêver (les mauvaises langues diront que ça n’a jamais été le cas de toute façon). Il n’empêche que c’est un disque de grande qualité pour le genre, et il serait temps que Stealing Axion soit réhabilité à sa juste valeur, et que Particle Thief soit reconnu tout de suite comme sa digne suite voire plus encore. S’il y a encore de vrais suiveurs de la « scène » Djent par ici, Ecdysis est un excellent album à ne pas manquer, c’est une certitude. All Hail the Serpent !

 

Tracklist de Ecdysis :

1. The Way That it Goes (5:12)
2. Not What We Expected (4:38)
3. Skin (6:36)
4. Knot of Mind (6:58)
5. It’s Over Now (5:00)
6. Be Enough (9:39)
7. 32 (9:10)
8. Memento (8:09)
9. All Hail the Serpent (7:04)
10. The Fall (8:49)
11. Vessel (5:36)