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LG Petrov : 4 albums qui ont forgé la légende

mercredi 10 mars 2021
Pingouin

Death metal et science-fiction : une oreille dans les étoiles, une autre dans les enfers.

En août dernier, Lars-Göran Petrov annonce sur Instagram qu’il est atteint d’un cancer de la vésicule biliaire. Sept mois plus tard, Entombed A.D annonce sur Facebook la mort de son chanteur, à 49 ans, foudroyé par la maladie.

En 34 ans de carrière, Lars-Göran Petrov a sorti 16 albums et des dizaines de démos avec 7 groupes différents. Retour sur 4 productions qui ont forgé sa légende.

Morbid – « December Moon » [1987]

Dans Morbid, LG Petrov est à la batterie. Il n’est pas encore le frontman que la scène pleure aujourd’hui. Mais ses débuts sont ceux d’un pionnier, dans un groupe aujourd’hui mythique. Mythique parce que parmi ses membres il y a le futur chanteur d’Entombed, mais surtout Per Yngve Ohlin, qui déjà se fait appeler Dead.

Quand December Moon sort, Lars-Göran Petrov n’a que 15 ans. La démo est un écrin de metal extrême brut. Des riffs acérés et des breaks mid-tempos inspirés des grands de la Bay Area et de la scène thrash allemande. Des vocaux écorchés qui deviendront au tournant de la décennie la marque de fabrique du black metal. Et cette section rythmique en forme de rouleau compresseur, qu’on retrouvera quelques années plus tard dans une bonne partie du répertoire death metal.

Déjà les deux pieds dans le metal extrême, Lars-Göran Petrov trace son propre chemin dans cet embryon de scène, et rejoint Nihilist.

 

Nihilist – « 1987 - 1989 » [2005]

3 ans d’existence suffisent à Nihilist pour marquer le metal extrême d’une empreinte profonde.

Cet compilation éponyme réunit les 3 premières démos du groupe sorties entre 1987 et 1989 (leur split de 1990 est anecdotique). C’est l’une des toutes premières productions estampillées « buzzsaw ». Les débuts de la tronçonneuse HM-2 se font sur ces chansons aujourd’hui cultes, Face of Evil, But Life Goes On, Carnal Leftovers.

Le chant de LG Petrov sur ces 3 démos, plein d’écho et de reverb’, a durablement marqué l’auteur de ces lignes la première fois qu’il les a écoutées. Ce phrasé saccadé comme s’il était à bout de souffle, c’est le premier coup de couteau de LG Petrov dans la toile du death metal qui se dessine à l’époque. Alternant entre hurlements écorchés et cris incantatoires, Petrov délivre là l’une des plus grandes performances vocales de l’histoire du genre.

En 1989, le bassiste Johnny Hedlund quitte le groupe pour se consacrer à Unleashed. Nihilist change de nom, et devient Entombed.

 

Entombed - « Left Hand Path » [1990]

A 18 ans, Lars-Göran Petrov signe avec Entombed chez Earache Records, et sort un classique en toute décontraction.

La vigueur punk des débuts est toujours là. Elle a les épaules plus larges et plus de coffre. Là encore les lignes de chant de Petrov m’ont marqué au point qu’il m’arrive parfois dans mes rêves d’entendre le hurlement qui entame l’album.

A partir de Left Hand Path, Lars-Göran Petrov devient le frontman d’un des plus grands groupes de metal de tous les temps. En couverture de magazines, en tête d’affiche de festivals ou en interview, je garde delui le souvenir d’un personnage très cartoonesque, trop entier pour être réel.

Là un grand sourire nigaud, la frimousse avinée du bon vivant qui profite de sa tournée mondiale. Ici la moue et les sourcils froncés de celui qui chante Hollowman et Wolverine Blues. Pas de zone grise, pas de compromis. Lars-Göran Petrov a passé les 30 dernières années de sa carrière à rester lui même, entier et authentique. Tête baissée sur le chemin du côté obscur.

 

Entombed - « Uprising » [2000]

Après la mythique triptyque Left-Hand Path, Clandestine, Wolverine Blues, Entombed sort 2 albums moyens qui amorçent le virage « death’n’roll » du groupe. Au tournant du millénaire, Entombed prend à contre-pied toute la scène qu’ils ont contribué à façonner au cours des 10 dernières années.

Avec des saveurs de stoner, de sludge et de hardcore, cet album suinte Lars-Göran Petrov. qui renoue ici avec la fureur qu’il avait peut-être un peu perdu à la fin des années 90. Tout ce qui compte, c’est la musique, et chacune des lignes de Petrov sur Uprising respire la joie d’être en studio et de hurler dans un micro.

Le death metal, les codes de la scène, les riffs et les classiques, tout ça Entombed s’en fout. Pionniers à la fin des années 80, ils continuent de tracer leur route tranquillement. Qui les aime les suive. Uprising, point d’orgue de la période death’n’roll d’Entombed, est un retour au simple noir et blanc des débuts. Et la boucle est bouclée.

On se permettra de balayer d’un revers de la main les litiges juridiques qui ont mené à la création de deux Entombed au milieu des années 2010. Dans les dernières années de sa vie, Lars-Göran Petrov a sorti 3 albums avec Firespawn et Entombed A.D. Et puis il est mort, brutalement. Aussi vite qu’elle s’est allumée, la chandelle s’est éteinte dans la nuit. Adieu Lars-Göran Petrov, et longue vie à ton oeuvre.

Image de couverture : LG Petrov avec Entombed A.D. / Photographie : Morten F.