Chronique Retour

Album

02 mars 2020 - ZSK

In Mourning

Garden Of Storms

LabelAgonia Records
styleDoom/Death Metal progressif
formatAlbum
paysSuède
sortieoctobre 2019
La note de
ZSK
8/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Chaque fois que In Mourning s’annonce, on attend sa nouvelle offrande avec impatience, même si leurs potes d’October Tide ne sont jamais loin - et signés sur le même label. D’ailleurs une nouvelle fois ces derniers les ont devancés de peu, en 2016 Winged Waltz était déjà sorti quelques semaines avant Afterglow. Rebelote en 2019 même s’il aura fallu encore patienter davantage pour revoir In Mourning en bacs, Garden Of Storms s’étant un peu fait désirer. D’autant que In Splendor Below d’October Tide était excellentissime… Près de 5 mois plus tard cette fois-ci, voici le 5ème album d’In Mourning, garant d’un Doom/Death progressif et mélodique de grande qualité depuis leur fantastique premier opus Shrouded Divine (2008). Monolith (2010) lui avait succédé avec brio en montrant un groupe qui se modernisait avec panache tout en assumant ses influences, entre le Doom/Death mélodique suédois qui descend de Slumber et consorts et les progressions (dans le registre extrême) d’un Opeth. Cependant, après un Monolith très efficace, le groupe a choisi de plus s’articuler autour de son versant mélodique et surtout de ses atmosphères. The Weight Of Oceans (2012) avait commencé cette démonstration, entérinée par Afterglow (2016) où le groupe refaisait - volontairement ? - un pas en arrière sur la forme, moins puissante, plus organique, plus aérée. Beaucoup de groupes ont tendance à « régresser » niveau prod mais dans le cas d’In Mourning, la réussite et la pertinence étaient au rendez-vous. Passé un temps d’adaptation, Afterglow était donc digne du début de carrière déjà foisonnant d’In Mourning, avec à la clé de potentiels morceaux de référence comme "Below Rise to the Above", devenu depuis pour moi un véritable culte aux côtés de "In the Failing Hour", "For You to Know", "Colossus" voire même au-dessus. Trois ans plus tard, il est donc temps pour In Mourning de poursuivre sa carrière, avec pas mal de questions qui se posent.

Deux me semblent évidentes : une prod à nouveau bien moderne comme pour Monolith ou quelque chose dans la lignée plus « rustre » de Afterglow ? Un style toujours aussi aéré ou un retour à quelque chose de plus percutant ? Les réponses se trouveront bien vite. Non, In Mourning n’a pas opté pour une grosse production, restant dans la lignée d’Afterglow ici. Ce qu’on peut peut-être un peu regretter par moments, surtout quand on découvre le contenu de l’album qui répond à la deuxième question : oui, In Mourning revient à quelque chose de plus punchy, et en cela Garden Of Storms va être l’album qui se rapproche le plus de Monolith stylistiquement. Une sorte de chaînon manquant entre Monolith et Afterglow qui oublie The Weight Of Oceans ? Si on veut… Ça n’est pas forcément évident à l’écoute de "Black Storm", premier single qui en outre ouvre Garden Of Storms. On retrouve directement tout In Mourning là-dedans, mélodies, riffs relativement modernes, chants, ambiance et tutti quanti. Mais l’ensemble est très classique, inspiré mais sans plus, les vocaux de Tobias Netzell et le jeu de batterie de Joakim Strandberg Nilsson (nouveau venu dans le line-up) ne sont pas à leur meilleur niveau non plus. En en restant là-dessus, on peut s’attendre à une légère déception, tout au plus un album tout juste correct, d’autant que le groupe nous avait habitués à pondre d’excellents openers ("For You to Know", "Colossus", "Fire and Ocean"). Mais heureusement, c’est un faux départ comme il peut en arriver, et In Mourning va finalement parvenir à retrouver le bon niveau qu’on lui connaît. Grâce aussi, et donc, à des compositions un poil plus dynamiques que par le passé récent. Et même si pour un album à la Monolith on aurait préféré une prod un peu plus couillue à la Monolith, l’ensemble a toujours son charme et on s’y adapte bien vite, comme pour Afterglow. On va donc vite se délecter du contenu bien accrocheur et efficace de ce, au bout du compte, très bon Garden Of Storms. Comment avions-nous pu douter des capacités d’In Mourning ?

Garden Of Storms va donc enchaîner les bonnes pièces qui vont nous rappeler la riffaille bien dodue d’un Monolith, et ce dès "Yields of Sand", aux guitares dures mais qui laissent la place à quelques aérations bienvenues, rappelons que In Mourning se classe aussi dans les registres « Doom » et « progressif », la longueur des morceaux étant aussi là pour le prouver. Un "Hierophant" sera ensuite très dynamique, avec des compos de premier choix, et un Tobias Netzell qui a bien vite retrouvé ses pleines capacités en growl ; et que dire de "Huntress Moon", qui se pose directement comme un des morceaux les plus directs et punchy de la carrière d’In Mourning, avec même du blast et un solo bien furieux, et en 7 minutes le groupe a le temps de compléter tout ça avec de belles mélodies et toujours cette ambiance si particulière. L’épique mais remuant "Tribunal of Suns" en remet une couche, confirmant définitivement que In Mourning est en forme au niveau des rythmiques modernes qui n’ont jamais été aussi croustillantes depuis Monolith. Et les moments atmosphériques sont toujours de mise et demeurent formidables, à l’image de la somptueuse partie centrale de ce morceau qui nous montre que Tobias Netzell maîtrise totalement son chant clair après des tentatives plus discutables par le passé. Le morceau le plus atmosphérique de l’album, "Magenta Ritual", le prouve aussi, réussissant là ou un "Celestial Tear" avait échoué à l’époque, capitalisant bien sur ce qui avait été fait sur Afterglow et ne négligeant jamais les bonnes guitares pour un album plus que globalement énergique. Qui se finit en beauté avec le plus mélodique mais toujours « extrême » "The Lost Outpost", remettant une dernière fois dans la bataille mélodies enlevées et riffs oscillant entre Opeth période Death-prog et Doom/Death bien mordant (avec des growls à l’avenant), avant de se conclure dans un final presque ambiant et très émotionnel. Après The Weight Of Oceans et Afterglow, on pouvait s’attendre à ce que In Mourning prenne définitivement une voie mélodique et atmosphérique, Garden Of Storms prend le contrepied de tout ça en livrant son album le plus dynamique et punchy depuis Monolith. Très, voire trop homogène, Garden Of Storms perd en aération ce qu’il gagne en efficacité, même si mélodies et progressions restent dans le fonds de commerce. On se demandera toujours comment aurait été considéré Garden Of Storms s’il était sorti juste après Monolith - et avec la même prod, toujours est-il que même si ce n’est pas l’album le plus équilibré d’In Mourning, il est facilement digne de son illustre discographie, même si tout était déjà dit avec les 3 (voire 4) premiers opus finalement. Bref, une fois de plus, un excellent album pour un In Mourning au style devenu très personnel, et avec à nouveau, une belle pochette de l’illustre et cultissime Kristian Wåhlin.

 

Tracklist de Garden Of Storms :

1. Black Storm (7:23)
2. Yields of Sand (6:23)
3. Hierophant (6:17)
4. Magenta Ritual (6:43)
5. Huntress Moon (6:55)
6. Tribunal of Suns (7:25)
7. The Lost Outpost (9:20)

 

Les autres chroniques