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Type O Negative, October Rust, Roadrunner Records, 1996
Jamais je n'aurai pensé être un "gothique". Grand bien nous fasse, le gothique de Type O Negative est bien loin des clichés. Comment ne pas être en effet dubitatif dès que le terme est employé? Du gothique flamboyant aux gothiques "doll", tout un univers de couleurs, d'esthétisme et de pensée est déployé, du meilleur au plus mauvais des goûts. Le mauvais goût, Peter Steele a décidé de le mettre de son côté dès le début de la carrière de Type O Negative, avec "Slow, Deep & hard" en 1991. "October Rust", bien que plus cadré et plus accessible que l'ensemble de la discographie du groupe, n'échappe pas à la règle.
Si je peine à me trouver "gothique" et à considérer cette musique comme telle, c'est que j'ai découvert Type O Negative par hasard, sur une compilation Roadrunner. Je n'avais alors aucun "background" gothique et je découvrais à peine le metal. Depuis, la musique gothique ne m'a plus jamais attirée. Mais Type O Negative est resté et je vais essayer de décrire en quoi cet album, et leur discographie dans un sens plus large, est un chef d'oeuvre, même sortit du contexte dans lequel il est ancré.
Ce qui me frappe sur cet album tout d'abord, c'est le son. La basse a un grain très chaud et a juste ce qu'il faut de distorsion pour soutenir la guitare de Johnny Kelly. La batterie remplit également bien son rôle et je ne trouverai rien à redire si je n'avais pas un jour appris que toutes les parties de batterie d’"October Rust" à "World Coming Down" étaient programmées par ordinateur. L'illusion est là et c'est peut-être encore ironie de la part du groupe. Les arrangements fournis par le clavier (Josh Silver) fourmillent dans tous les sens et contribuent à déployer l'univers bucolique, romantique de cet album.
Ces deux caractéristiques sont constamment confrontées à l'ironie de Peter Steele. Comme si ce dernier prenait conscience de sa création et l'observait d'un point de vue distant, critique. Comme sur "Be my druidess", où, venu le moment tragique du morceau, le chanteur délivre un charmant "I'll do anything to make you cum". Le romantisme est alors présenté comme un monde perdu, irréalisable, ironiquement confronté avec la réalité perverse, laissant place à un vulgaire et bestial désir de sexe.
Cette ironie compte sur la compréhension de l'auditeur et vise plus l'humour que l'expression des sentiments malheureux. A l'inverse de "Bacchus", où Peter Steele délivre un tragique "Hey Bacchus, she hates me". L'illusion de l'alcool ne parvient pas à faire oublier l'essentiel; l'humour grinçant de Type O Negative fait mouche.
N'ayant que très peu de références musicales concernant le contexte de la création de la musique de Type O Negative sur October Rust, je pourrai difficilement l'exprimer en mots - je pense qu'un "rock doom gothique" ne satisfera personne. J'invite donc n'importe quel amateur de musique à se jeter sur cet album, très accessible par sa production et par la douce mélancolie, profondément humaine, qui l'emplit.
1. Bad Ground
2. [Sans titre]
3. Love You to Death
4. Be My Druidess
5. Green Man
6. Red Water (Christmas Mourning)
7. My Girlfriend's Girlfriend
8. Die with Me
9. Burnt Flowers Falle
10. In Praise of Bacchus
11. Cinnamon Girl
12. The Glorious Liberation of the People's Technocratic Republic of Vinnland by the Combined Forces of the United Territories of Europa
13. Wolf Moon (Including Zoanthropic Paranoia)
14. Haunted
15. [Sans titre]
