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Album

25 novembre 2019 - Gazag

Blood Incantation

Hidden History of the Human Race

LabelCentury Media / Dark Descent Records
styleDeath Metal
formatAlbum
paysUSA
sortienovembre 2019
La note de
Gazag
9/10


Gazag

Après s’être tourné vers la laideur des étoiles, Blood Incantation se tourne maintenant vers l’humanité nauséabonde, avec ce Hidden History of the Human Race. Le groupe valide sa sensation, avec un macaron Century Media pour l’Europe (Dark Descent pour le reste). Comme l’album charbonne dès qu’on appuie sur Play, mettons nous à table.

Mourneblade et Stormbringer

La formule de base reste la même : deux guitares perçantes ayant chacune sa propre volonté, s'entrechoquant, et se bouleversant mutuellement dans un tango chaotique. En second plan la batterie encaisse ces sautes d’humeur, ajustant régulièrement son tempo, agressant les cymbales. La voix du prophète cosmique s’incruste par petites touches. Grave et blindée d’écho, elle semble nous dire en substance Regarde. Voici la réalité que tu ne veux pas voir. Enfin, la basse quant à elle fait les maxi gros bras et supporte le tout. Son rôle et de rappeler aux deux guitares que peu importe leurs gesticulations, la dureté reste juge. Quand sa charge est moindre, elle s'autorise des aigreurs d’estomacs. Le bail est le même que pour Starspawn, pas d’inquiétude.

La particularité de Blood Incantation, c’est l’écriture. Ils ont la capacité de tout remettre en question, d'inventer de nouvelles règles, sans jamais se perdre en route. Cet album marche, saute, glisse sur une fine pellicule de glace, qui ne cède jamais. Cachez donc ces Nyn et autres Pyrrhon qui cassent la glace délibérément et perdent l'auditeur dans le rythme effréné des altérations. Ici le riff est étripé avec soin, déformé, réagencé, il mute. Le groupe n'a besoin que d'un seul riff pour écrire une piste complète, Inner Paths (To Outer Space). Les transitions sont le caprice des parties de cache-cache entre les deux guitares, qui forment une toile irrégulière mais terriblement solide. Le maillage est tellement robuste que c’est un plaisir de se perdre. Début, milieu, fin : la boussole est inutile, limite handicapante. En bon exemple, Awakening from the Dream of Existence to the Multidimensional Nature of Our Reality (Mirror of the Soul), desert valoné et infini, moyenant ça et là des trappes secrètes menant à des puits sans fond, avec en bonus des passages digérés de Gorguts et Death notamment.

Mille poupées russes feuille

L’écriture est bordélique et les instruments semblent n’en faire qu’à leur tête, ainsi deux types de productions sont possibles. Soit on écrase tout pour n’en garder que l’essence, poncée et clinique, mais artificielle ; soit on laisse les prises en l’état, en bordel, limite sans mixage, avec un max de grain en mode flou artistique - organique, mais illisible. Pour Blood Incantation, le beurre et l’argent du beurre, c’est possible. Il mixe parfaitement les deux possibilités, pour une production claire et spontanée, brute et lisible. C’est ce qui permet aux instruments de se contorsionner tout en restant accessibles, c’est ce qui leur donne une personnalité. Il n’y a qu’à écouter la caisse claire, ses différents types d’impacts en expression de son caractère.

Starspawn apportait une facette épique avec ses solos, ce Hidden History of the Human Race reste d'avantage sur Terre. Le groupe préfère creuser des canaux souterrains, pour en faire ressortir une dure réalité. Un album moins accessible que son prédécesseur, mais avec une profondeur similaire, voire d'avantage. Le premier EP arrive en souvenir, combiné à la maturité d'aujourd'hui. Les trentes minutes que compte l'album permettent de relancer facilement la platine, pour une expérience différente, où des tiroirs secrets apparaîssent, confirmant au fur et à mesure des ouvertures, le talent toujours présent des Américains.

 

Slave Species of the Gods
The Giza Power Plant
Inner Paths (To Outer Space)
Awakening from the Dream of Existence to the Multidimensional Nature of Our Reality (Mirror of the Soul)

 
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