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Album

17 février 2019 - ZSK

The Monolith Deathcult

Vergelding

LabelHuman Detonator Records
styleSvpreme Avantgarde Death Metal
formatAlbum
paysPays-Bas
sortienovembre 2018
La note de
ZSK
6.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

This world is an inhuman place, and it breeds inhuman monsters.
And in this cruel world death comes in many forms, from the grim, groaning leviathans of the deep, to the biting, buzzing swarms of the air. Yet there is one creature whose existence continues to confound all known science.
A creature known as monolithicus morticultis… aka The Monolith Deathcult.

Toujours aussi mégalomaniaque et 666ème degré, The Monolith Deathcult est encore de retour, à nouveau prêt à faire chier le Death-metalleux moyen, à nouveau provoquer avec des références historiques borderline mais très pointues (rappelons que Michiel Dekker, le leader du groupe, est prof d’Histoire). Il y a maintenant 10 ans que le groupe a fait largement évoluer son style d’origine, Brutal Death des familles à la Nile, vers un genre autoproclamé « Svpreme Avantgarde Death Metal ». Soit un Brutal Death véloce à blasts et growls bien rauques, mais fortement teinté de Sympho, d’Indus et même de Néo. Un style protéiforme qui a bien décontenancé - et surtout emmerdé - le monde du Death-Metal dès Trivmvirate (2008), un album presque devenu cvlte. Transformé depuis l’arrivée du claviériste Carsten Altena - bien qu’il avait déjà participé à The Grand Crematorium (2005), The Monolith Deathcult est bien décidé à se poser comme une originalité dans le Brutal Death et ceci à grands coups d’ironie tous azimuts. Tetragrammaton (2013) avait donc encore poussé le délire, quitte à définitivement perdre les fans de pur Brutal Death qui les avaient découverts avec The Apotheosis (2003). Volontiers grotesque et en faisant des tonnes niveau autodérision, The Monolith Deathcult ne se fixe plus de limite. Quitte à faire peur aux maisons de disques, rappelons que ses 3 premiers labels (Cold Blood Industries, Karmageddon Media et Twilight Vertrieb) ont fini par mettre la clé sous la porte. Seul Season of Mist, qui avait sorti Tetragrammaton et l’EP Bloodcvlts (2015) survit encore. Le Deathcult lessive donc tout le monde sur son passage, et fait désormais cavalier seul pour une série d’albums nommée « V ». V1 - Versus est ainsi sorti en 2017, avec tout de même un coup de main d’Hammerheart Records. Seulement un an plus tard, voilà déjà le deuxième volet, V2 - Vergelding, cette fois-ci sous la houlette de leur propre label avec un nom d’un goût exquis, Human Detonator Records, et toujours avec un line-up de base restreint au triumvirat Michiel Dekker - Robin Kok - Carsten Altena. Le très déjanté groupe néerlandais continue donc sa route semée d’embûches…

The Monolith Deathcult a donc fini par trouver sa voie, oscillant en permanence entre Brutal Death bien puissant et facéties Sympho/Indus souvent bien amenées même si, forcément, la mixture ne plaît pas à tout le monde. Et avec ses divers samples, passages narrés ou autres conneries diverses (l’intro de "The Furious Gods" sur Versus est absolument anthologique), The Monolith Deathcult fait toujours marrer tout autant qu’il nous cultive avec des paroles inspirées d’authentiques faits d’Histoire et de guerre - ou de pop culture autrement plus moderne et contemporaine. Versus poursuivait donc l’effort entrepris sur Tetragrammaton, tout en remettant pas mal de pur Brutal Death dans l’équation. Il n’était toutefois pas aussi mémorable que ses deux prédécesseurs, manquant peut-être de morceaux de référence comme pouvaient l’être des "Wrath of the Ba’ath" ou autre "Human Wave Attack". Bref, après deux albums quasi-irréprochables pour qui savait les apprécier, The Monolith Deathcult tournait un peu en rond et marquait le pas, même s’il gagnait un peu en efficacité avec un Versus sans grands compromis. Pour Vergelding, les équilibrages vont à nouveau un peu évoluer. Certes, dans la forme, pas grand-chose n’a changé depuis Trivmvirate, de la production sonore jusqu’aux growls de Robin Kok, et la patte du Deathcult est reconnaissable entre mille, que ça soit dans le Brutal Death ou le touché Indus/Sympho. The Monolith Deathcult va donc une nouvelle fois envoyer la sauce et s’amuser un peu. Après une nouvelle intro à samples qui nous pose d’ailleurs le fil rouge de l’album qui sera des passages de narration scénarisant un peu le parcours romancé du groupe pour cet album, "Dawn of the Planet of the Ashes" embraye direct sur un Brutal Death très offensif, avec bien sûr des touches Indus évidentes (que ce soit pour de l’électro ou des riffs plus saccadés), mais c’est bien le Monolith Deathcult le plus bastos qui s’exprime ici, le plus monumental même, et l’efficacité est d’ores et déjà de mise. Si Versus manquait de vrais tubes, Vergelding en a déjà trouvé un, au final tout The Monolith Deathcult est là-dedans et le groupe néerlandais retrouve un peu de son inspiration et de sa superbe, sans se réinventer mais en livrant un brûlot dont il a le secret.

Seulement, si Versus bourrait pas mal, Vergelding sera plus « aéré » et c’est un peu là que le bât va blesser. L’autre morceau le plus connoté Brutal Death de l’album sera celui de clôture, le très complet "Rise of the Dhul-Fakar", et entre temps The Monolith Deathcult aura le temps de faire un peu autre chose. "Come Forth Lazarus" sera déjà plus singulier, avec un tempo plus appuyé, une ambiance plus sombre portée notamment par quelques vocalises féminines, un bel effort pour un morceau qui au bout sera malheureusement assez redondant et poussif. "The #Snowflake Anthem" est un peu du même acabit, avec beaucoup de Sympho, mais la mayonnaise ne prend pas non plus, The Monolith Deathcult semblant se perdre dans ses propres particularités musicales (avec un chant extrême ici réduit à des sortes de chœurs grognés). "Fist of Stalin" est lui plus classique, mais le groupe a déjà fait mieux et frôle dangereusement le Sympho réellement pompeux, même s’il l’a toujours été volontairement, ici ça ne fonctionne plus vraiment. Si son côté Death-Indus est toujours aussi mordant (et les growls de Robin Kok toujours savoureux), le côté auto-caricatural du groupe semble trouver ses limites sur un album comme Vergelding. Les nouvelles idées ne sont pas forcément bonnes et on aimerait plutôt que le groupe se contente de faire du Brutal - comme il le faisait bien sur Versus, album qui se bonifie avec le recul. Surtout que Vergelding n’est pas très long, à peine 31 minutes pour 5 morceaux - soit en lui retirant l’intro "Planet Wrath" et les deux bonus que sont des captations Live au Graspop 2017 de "Die Glocke" et "The Furious Gods", de bonne facture toutefois. Et pourtant, il y a des longueurs, jusqu’à l’interminable "Rise of the Dhul-Fakar"… Bref, Vergelding n’est pas mauvais en soi, mais The Monolith Deathcult a d’une part fait de nouvelles expérimentations pas très heureuses et ne s’est pas foulé sur le reste - passé l’excellent "Dawn of the Planet of the Ashes". Alors que Versus était classique mais efficace, Vergelding s’avère un peu vain et anecdotique. Le groupe néerlandais a fait quelques efforts pour se sortir d’une certaine routine, mais cela ne prend malheureusement pas, et on préfère retenir les quelques bons moments Brutal Death, et bien sûr les passages Indus qui fonctionnent, du moment qu’on est fan. Ne reste plus qu’à attendre le nouveau volet pour savoir si le Deathcult va se mettre un bon gros coup de pied au cul, ou pas.

« Good gig ! Love the drums ! »

 

Tracklist de Vergelding :

1. Planet Wrath (1:15)
2. Dawn of the Planet of the Ashes (5:47)
3. Come Forth Lazarus (6:48)
4. Fist of Stalin (5:23)
5. The #Snowflake Anthem (4:50)
6. Rise of the Dhul-Fakar (8:09)
7. Die Glocke (Live @ Graspop 2017) (5:23)
8. The Furious Gods (Live @ Graspop 2017) (9:27)

 

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