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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Skinlab

The Scars Between Us

LabelXIII Bis
styleBay Area Thrash
formatAlbum
paysUSA
sortieseptembre 2009
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Il y a des groupes comme ça qui vous marquent à jamais sans trop savoir pourquoi finalement. Skinlab fait parti de ceux là pour bon nombre de metalleux, adeptes du riff simpliste et du titre basique. Bon, on ne va pas non plus dénigrer le parcours du gang de la Bay Area qui reste quand même plus que respectable !
On peut peut-être l’expliquer du fait qu’à l’époque, Machine Head remporte un franc succès dans le monde entier, et que la boulimie des fans de metal les amenait vers des groupes évoluant dans le même registre, ou à peu près.
C’est à ce moment là que bon nombre de groupes aujourd’hui oubliés comme Dearly Beheaded, Killing Culture,Pissing Razors, Grip Inc. et donc Skinlab, arrivèrent pour assouvir notre soif de découverte et surtout de décibels. Par-dessus le marché, à cette époque, Skinlab et Machine Head, (enfin surtout Robb Flynn), sont copains comme cochon et déjà, les dires de l’ami Robb étaient paroles d’évangile. Celui-ci faisant de larges éloges sur la bande de son pote Steev Esquivel, que ce soit dans la presse, ou à Monte Conner de Roadrunner. Mais on y reviendra un peu plus tard…
Bon après, de la à dire que Skinlab est un sous Machine Head, comme on le voit encore souvent, il y a un pas que je ne franchirais personnellement pas…

Pour faire vite afin de vous rappeler à qui nous avons affaire, Skinlab nous balance une bonne mise en bouche en 1997 avec ‘Bound, Gagged & Blindfolded’, puis en 1999 le monument ‘Disembody : The New Flesh’ et par la suite, en 2002, le plus anecdotique ‘Revolting Room’ qui comportait tout de même quelques pépites genre 'Come And Get It' ou ‘Purify’. On notera juste en 2004, la sortie de 'Nerve Damage', une sympathique double compile de raretés compilant demo, covers (Smashing & Brujeria), remix, 2 inédits, du live... Ca c’est du rapide comme biographie n’est-ce pas?
Depuis, électrocardiogramme aussi plat que la poitrine de Jane Birkin.
Pendant ce temps là, Steev Esquivel ne perd pas son temps et se fait embaucher pour assurer le chant chez Exodus le temps d’une tournée, puis monte le projet Re-Ignition avec le guitariste Snake, et redonne vie à son vieux groupe de thrash, Defiance. (Nouvel Album 'The Prophecy', qui sortira le 19 octobre chez Candlelight Records).
Il faut donc parfois savoir se faire une raison, la vie d’un groupe n’est pas éternelle, on regrettera juste que le potentiel du groupe n’ait pas été exploité au maximum…
Skinlab nous aura quand même bien fait plaisir durant toutes ces années.

Et puis, courant 2007/2008, on apprend que le groupe reprend tout doucement vie, un live voit le jour, ‘Skinned Alive’ et on sous-entend ici et là, qu’un vrai nouvel album serait en préparation.
Content, mais toujours un peu perplexe sur ce genre d’initiative, étant souvent déçu par certains retours n’ayant pour seule motivation, l’aspect pécuniaire.
Mais de toute façon, si les membres de Skinlab sont aussi lucides que nous le sommes, ils savent très bien qu’ils ne feront jamais fortunes. Ils ont loupé le coche au début de leur carrière en se faisant ‘chiper’ la signature chez Roadrunner au dépend de Coal Chamber. Tout simplement pour avoir mis trop de temps à transmettre leur démo au label. L’ironie du sort a voulu que Dez Fafara manage Skinlab par la suite…

Ceci étant dit, les titres régulièrement dévoilés en version démo sur le myspace du groupe tenaient toutes leurs promesses quand à la suite des événements. On y retrouvait d’ores et déjà les éléments propres à Skinlab, ceux qui ont fait la réputation du groupe, entre brutalité et passages sombres plus posés. Toutefois, c’est un Skinlab résolument plus direct et plus efficace qu’il ne l’avait été sur ‘Revolting Room’ qui semblait s’offrir à nous.
L’écoute intégrale de ‘The Scars Between Us’ confirme cette première impression et le résultat semble plus homogène et cohérent, comme l’avait été ‘Disembody : The New Flesh’.
Ce disque sonne donc comme du bon vrai Skinlab, le bon mix entre ‘Bound, Gagged & Blindfolded’, et ‘Disembody : The New Flesh’, la rage du premier album flirtant avec la maturité du second.
Voilà ce qu’aurait peut-être dû être le 3ème album du groupe pour rester dans le coup ! Un thrash basique et minimaliste ‘made in’ Bay Area mais qui nous tient en haleine de bout en bout. Simplistes certes, mais les riffs restent inspirés, Steev lui aussi se fend d’une prestation de haute volée, avec une palette vocale riche, comme il a toujours su le faire. On l’attendait au tournant de toute façon.
La force de Skinlab est d’avoir toujours intelligemment su jouer sur les variations de tempo, se montrant à la fois brutal (‘Amphetamine Gods’), lourd (‘Scream At The World’) et plus lancinant à d’autres instants. Car Skinlab a toujours été et restera un groupe unique dans le domaine de l’ambiance malsaine et oppressante. Voyez ici une traduction ‘Skinlabienne’ de tous les plans mélo/chant clair que l’on retrouve chez tous les groupes de metal ‘easy lisitening’. Une belle mise en relief sans tomber dans les mièvreries habituelles, et putain que ça fait du bien ! Et c’est peut-être en cela qu’on pourra le rapprocher de Machine Head, surtout de la période ‘The More Thing Change’. Des titres comme ‘Karma Burns’, ‘Paper Trails’ ou l’éponyme nous feront indiscutablement penser aux passages mellow de ‘The Frontlines’, ‘Spine’ ou ‘Violate’, avec ces atmosphères sombres et pesantes. Dans le même genre d’idée, on pensera également à Pantera et plus particulièrement à son titre ‘10's’ extrait de ‘The Great Southern Trendkill’. Rien d’étonnant en même temps, on se situe encore milieu 90. Skinlab semble inlassablement encré dans cette période. De ce fait le groupe pourra paraître un brin daté pour bon nombre d’entre vous, car n’ayant aucunes similitudes avec les groupes que l’on nous présente depuis presque 10 ans, ni en terme de song writting, ni en terme de son. Skinlab est resté le même pour le pire et surtout le meilleur. ‘The Scars Between Us’ est sans aucun doute ce que Skinlab a fait de mieux depuis le début de sa carrière et se révèle être, mine de rien, une vraie bouffée de fraîcheur au milieu de tous ces groupes se clonant les uns les autres.


1. Face of Aggression
2. Amphetamine Gods
3. Scream at the World
4. Wolvesblood
5. Karma Burns
6. In For The Kill
7. Paper Trails
8. Still Suffering
9. Bloodclot
10. My Vendetta
11. The Scars Between Us