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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Augury

Fragmentary Evidence

LabelNuclear Blast
styleDeath progressif
formatAlbum
paysCanada
sortiejuillet 2009
La note de
U-Zine
7.5/10


U-Zine

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Les québécois Augury annoncent leur grand retour, 5 ans après l’excellent album Concealed. Entre temps, le groupe a signé chez Nuclear Blast et a sorti un album intitulé Humanoid (sans Patrick Loisel le chanteur – guitariste), dans un autre projet. De plus, Etienne Gallo (batterie) a quitté le groupe, remplacé par Antoine Baril. C’est donc avec Fragmentary Evidence qu’Augury fait son come back. Voyons s’il est retentissant ou pas ?

La pochette de l’album, signée Sven (Aborted) est splendide. Je la trouve encore plus réussie que celle de Concealed. Elle pourra concourir dans l’élection de la plus belle pochette de l’année, pas de doute. Au niveau du travail en studio, Augury s’est entouré de personnes talentueuses et prestigieuses : on peut citer Yannick St Amand (Despised Icon, Quo Vadis) à la production, au mixage Jean-François Dagenais (Misery Index, Despised Icon, Malevolent Creation) et James Murphy (Death, Obituary) a masterisé l’album. Voilà qui faisait bon augure.

Dès la première écoute de la bête, aucun doute possible : le travail en studio a été phénoménal. Un son puissant, un mixage idéal, une ambiance unique, et cette impression d’être isolé du monde, dans un puit bien profond. C’est réussi !
Fragmentary Evidence est beaucoup plus travaillé, les membres du groupe ont progressé techniquement et l’album renferme de nombreux ponts distordus. D’ailleurs, ces faux breaks sont le fil rouge du disque.
Pourquoi faux breaks ?
Parce que, pour moi, Augury a commis une erreur : celle de nous proposer des morceaux plus progressifs, avec des riffs et des passages orgasmiques, mais où le groupe ouvre un tas de portes sans revenir en arrière : en gros, le groupe commence ses morceaux, part dans un trip autre et ne revient pas à ses fondamentaux ensuite. Certes, on voit ainsi les nombreux influences (death, black, flamenco, jazz, baroque, rock progressif, etc.), mais ce n'est pas une finalité non plus. De plus, et c’est très étrange, globalement tous les morceaux sont construits de la même manière : riff introductif, puis passage décalé, puis partie purement progressive, avec guitare acoustique et partie unplugged, puis… autre passage qui n’a aucun rapport avec le début. Tabarnak plein de tiroirs ouverts, mais pas de vrais breaks !!! Le meilleur exemple est le morceau « Faith Puppeteers », pour illustrer mes propos. Bref, Augury, à trop vouloir intellectualiser sa musique, a fait un album indigeste. Les 9 morceaux du disque auraient pu être mis en 13-14 morceaux… De plus, pour moi, aucune hésitation : les morceaux endormiront un peu en live, car ils n'ont pas cette aggressivité que j'ai connue dans certains morceaux de Concealed.
Fragmentary Evidence n’est pas non plus un mauvais album : il renferme de nombreuses parties superbement composées. Par exemple, dans « Oversee The Rebirth », il y a un passage ultra jouissif après 4 minutes, qu’on aimerait voir durer infiniment. Même chose pour « Jupiter To Ignite » après 5 minutes, ou encore le morceau le plus progressif de l'album, "Orphans Of Living". Globalement, ces passages orgasmiques sont toutes les parties progressives sans disto à la guitare ou en guitare acoustique, sortes de douce voix cristalline qui vient nous caresser. Mon morceau préféré de l’album est « Simian Cattle ». Du début à sa fin, je suis scotché. Par contre, il fait partie de ces titres qui auraient pu être coupés en deux.

Ensuite, il y a un facteur à prendre en compte, et qui a fait que je préfère Concealed à Fragmentary Evidence : les voix féminines. En effet, elles me manquent cruellement dans ce nouvel opus des québécois. Calice !! Certes, ce n’était pas une surprise, on savait qu’il n’y en aurait pas, on était donc prêt. Mais où est passé le lyrisme, le côté épique d’Augury ? Il est parti. Je commets une erreur en disant qu’il n’y a plus de chant féminin, puisque l’on a droit à 10 secondes de Leilindel (Unexpect) en guest sur le morceau « « Brimstone Landscapes ». Elle chante avec d’autres personnes, Syriak (Unexpect), Youri Raymond (Cryptopsy) plus d’autres guests moins connus. Aussi, Sven (Aborted), vient donner de la voix sur « Aetherial ». Ces apparitions sont assez plaisantes, et apportent un plus à l'album, parce que leurs voix sont différentes de celles de Patrick Loisel.

Quand on parle du loup, passons à l’inventaire individuel des membres d’Augury :
Patrick Loisel a livré une copie remarquable aux chants sur l’album. Ses multiples voix (death caverneuse, black criarde, chant festif) font merveilles et tout a savamment été dosé, doublé, triplé. Sauf que je me demande comment est le rendu en live ?…
Sur sa partie de guitare, il n’y a rien à dire. Son niveau technique, ses multiples facettes impressionnent. Enfin, presque ! Un peu plus de soli ne seraient pas de refus, surtout quand on connaît le niveau technique du bonhomme. Il en va de même pour la guitare de Mathieu Marcotte. J’aime beaucoup leurs parties en écho l’un de l’autre, leurs arpèges efficaces et leurs riffs de début de morceau, tous réussis. Mais c’est à cause d’eux que cet album me plaît moins que le premier, pour les raisons citées au-dessus.
Dominic Lapointe (Forest) a réalisé un travail époustouflant à la basse. Ses parties en basse fretless d’une rapidité déconcertante et ses breaks sont hors norme. Forest, t’es un dieu ! Crisse !!
Enfin, Antoine Baril a fourni un boulot remarquable en termes de technique sur les passages progressifs, de vitesse et de précision sur les parties très rapides, et se colle parfaitement à la musique d’Augury. J’étais septique suite au départ d’Etienne Gallo, mais je me dis que ce dernier n’aurait pas fait mieux sur Fragmentary Evidence.

En définitive, ce nouvel album d’Augury est bien plus fourni que Concealed, avec une énorme production, de nombreux passages orgasmiques, une technicité remarquable, mais trop de ponts non jointifs. Ces ponts font que les morceaux perdent leur unité dans leur intérieur, mais aussi entre eux. Aussi, la disparition de la facette épique d’Augury m’a déplue, mais c’est pour aller plus loin dans une démarche progressive. Bref, je préfère le premier album du groupe, Concealed. On veut voir Augury jouer en France !

En fait, à y réfléchir, si Augury pouvait sortir un album purement progressif et un autre purement death, ça m'irait très bien :)

1. Aetheral
2. Simian Cattle
3. Orphans of Living
4. Jupiter to Ignite
5. Sovereigns Unknown
6. Skyless
7. Faith Puppeteers
8. Brimstone Landscapes
9. Oversee the Rebirth

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