Chronique Retour

Album

13 novembre 2018 - ZSK

Voidhanger

Dark Days Of The Soul

LabelAgonia Records
styleBlack/Death/Thrash Metal
formatAlbum
paysPologne
sortiemars 2018
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Il y a des noms qui, comme ça, nous renseignent directement sur ce qu’on va devoir affronter sans grands risques de déviance. Avec Voidhanger, on sait donc qu’on va avoir droit à de la violence bien polonaise. Formé en 2010 par Warcrimer (Infernal War, Iperyt), Zyklon (Infernal War, Iperyt) et Priest (Massemord, Odraza, Medico Peste), Voidhanger est un trio qui ne plaisante pas des masses et a toujours livré un Metal extrême sans concessions. Se plaçant justement entre un Infernal War en plus thrashy et un Iperyt lavé de tout ce qui est industriel, Voidhanger est un avatar retentissant de ce qui se fait de plus efficace en matière de Metal polonais. Dès son premier album Wrathprayers (2011), il avait d’ailleurs trouvé le parfait équilibre entre Black, Thrash et Death. Entre un Black/Thrash avec quelques plans Death ou un Black/Death avec quelques facéties Thrash, Voidhanger met la gomme depuis huit ans maintenant, et désormais 3 albums. Le groupe a d’ailleurs eu le temps de faire le tour de sa propre scène vu qu’il a été successivement signé chez les 4 labels polonais de référence, Witching Hour Productions, Malignant Voices (pour l’EP The Antagonist (2012)), Pagan Records et maintenant Agonia Records. Et il a créché aux Hertz Studios pour Wrathprayers avant d’adopter le son plus abrasif du No Solace Studio de M. (Mgła, Kriegsmaschine) depuis. Bref, vous vouliez du Metal polonais qui ratiboise, en voilà. Wrathprayers était déjà un monstre d’efficacité, Working Class Misanthropy (2013) lui emboîtait le pas en aérant peut-être un peu plus le propos et en faisant varier les tempos, entre autres joyeusetés comme des samples (ce final improbable d’"Ilsa"…). Après un split avec Witchmaster qui présentait 3 inédits assez anecdotiques, voilà le 3ème album de Voidhanger, Dark Days Of The Soul. Qui arrive 5 ans après Working Class Misanthropy et qui, en outre, suit le surprenant Axiom d’Infernal War et le décevant The Patchwork Gehinnom d’Iperyt.

Dès le début bien saturé du morceau-titre, on comprend bien vite que Voidhanger n’est pas prêt de virer sa cuti. Le départ de Dark Days Of The Soul est donc une nouvelle fois bien offensif, et surtout, montre déjà que le trio polonais est inspiré, avec déjà des riffs très remuants et entraînants. On sentirait même une vibe légèrement punk là-dedans, avec des compos qui flirtent limite avec le Deathgrind à la Napalm Death, ce qui se confirmera à plusieurs moments de l’album d’ailleurs ("Deathwish" dès le début, "Man of Dark Secrets", "The Void Is Where the Heart Is", le refrain de "War Is Certain, Peace Is Not"). Et le tout est toujours emballé dans un son bien polonais, un peu plus puissant que celui de Working Class Misanthropy d’ailleurs, et toujours plus crade que celui de Wrathprayers. Voidhanger est alors, comme à son habitude, prêt à distribuer des mandales. "Death Wish" se distingue déjà dans ce registre, avec des assauts thrashy particulièrement percutants, c’est assurément le morceau le plus efficace de l’album. Avec le bon hit des familles qu’est "High On Hate", où mine de rien Voidhanger propose un véritable hymne, avec un refrain fédérateur ponctué d’une splendide punchline. Le punchy "The Void Is Where the Heart Is" et le bien brutal "War Is Certain, Peace Is Not" avec son départ en fanfare ne sont pas en reste non plus. En 34 minutes, Voidhanger va à l’essentiel et ne fait pas dans la dentelle. Même s’il sait aussi jouer avec les tempos, à l’image de "Naprzód Donikąd!" qui alterne passages rampants et chaloupés, de la partie finale plus épique de "War Is Certain, Peace Is Not", ou notamment du final bien dark et graisseux qu’est "Hailing the Devil In Me", où l’on entendra bien sûr Warcrimer envoyer un « ugh ! » bien Celtic Frostien.

En parlant de Warcrimer, on notera comme pour le dernier Iperyt qu’il n’est pas spécialement en voix et fatigue encore un peu. Mais Dark Days Of The Soul n’en est pas moins inspiré que ses deux prédécesseurs, il n’est d’ailleurs ni plus ni moins bon qu’eux, même s’il est vrai que l’on retrouve une partie de l’efficacité folle de Wrathprayers qui s’était un peu envolée pour Working Class Misanthropy. Dark Days Of The Soul n’est pas encore parfait, un "Man of Dark Secrets" est peut-être un peu plus anecdotique par exemple. De toute façon Voidhanger n’est pas là pour balancer un chef d’œuvre de Black/Thrash mais bien pour se faire plaisir, et pour faire plaisir à l’auditeur en lui faisant un peu mal aux oreilles avec un Metal extrême très offensif. Qui se fait ici un peu plus « groovy » que d’habitude, c’est plutôt bien vu et ça évite de trop faire de la redite même si on s’attardera toujours plus sur l’efficacité. Voidhanger est en forme et pond ici quelques petits hits, ce qui n’était pas forcément le cas des deux albums précédents d’ailleurs, qui s’appréciaient plus dans leur globalité. On avait peut-être peur pour Voidhanger après la relative déception du dernier Iperyt mais non, l’autre groupe de People Hater et Abuser (bon, qui n’est plus dans Iperyt depuis 2015 ceci dit, et on comprend maintenant qui pondait les meilleures compos...) lui continue à bien démonter. On voulait de la violence polonaise, on en a ici, même si Voidhanger semble brasser d’autres influences, et cela nous change un peu de tout ce qui est dans la lignée d’Infernal War et consorts. Donc si cherchez de quoi vous défouler dans un registre Black/Death/Thrash qui défouraille et qui fait pogoter, Voidhanger reste un nom à retenir, qui est un garant pour une bonne petite fessée.

 

Tracklist de Dark Days Of The Soul :

1. Dark Days of the Soul (4:48)
2. Death Wish (3:24)
3. Naprzód Donikąd! (4:36)
4. High On Hate (3:26)
5. Man of Dark Secrets (4:01)
6. The Void Is Where the Heart Is (4:11)
7. War Is Certain, Peace Is Not (4:13)
8. Hailing the Devil in Me (5:00)