Xtreme Fest #6
Cap Découverte - Albi / Carmaux
Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.
Et voilà ! Après 10 ans de webzinat, de rédaction de chroniques et de live-report, voici donc mon ultime écrit avant de voler vers de nouvelles aventures. Alors, on va profiter une toute dernière fois de la possibilité de création qu’offre ce moyen de communication, et, si vous le voulez bien, je vais vous embarquer sur la sixième édition de l’Xtreme Fest, histoire de prendre la température (spoiler alert : c’était caniculaire avec des pics à 41°C) et de plonger dans le monde du hardcore et du punk.
On commencera par un coup de gueule (et ça sera le seul). X-T-R-E-M-E. Six lettres. SIX PUTAIN DE LETTRE. Ça n’est pas l’Xtrem Fest, ça n’est pas l’Extreme Fest, ni l’X-treme Fest où toute autre joyeuserie. Une bonne fois pour toute, il serait bon que le public apprenne à écrire correctement le nom du festival, surtout lorsqu’il est composé d’aussi peu de lettres.
Quoi qu’il en soit, c’est désormais depuis une sixième édition que nous toisera l’Xtreme Fest. Comme le festival nous y a habitués, on retourne donc avec gourmandise dans cet écrin si particulier qui est le sien : Cap Découverte. Le concept du lieu ? Il s’agit tout bonnement d’une ancienne mine de charbon à ciel ouvert réhabilitée en parc d’activité sportive. On y retrouve donc un lac, accessible via un télésiège, ainsi qu’un grand nombre d’activités allant du ski sur pente synthétique au Déval’Kart jusqu’à de la luge sur rail.
Au tableau des choses qui n’ont pas bougé, nous retrouverons donc la Main Stage (anciennement X-Stage), indoor et climatisée, et la Zguen Stage (anciennement EMP Stage) en extérieure. Sur le site du festival à proprement parler, on se retrouve donc en terrain connu, avec son espace merch, ses food-truck, et ses bars sponsorisés par Bavaria / 8-6. Si on excepte le passage de jeton à la carte cashless, pour trouver les nouveautés de cette année, c’est surtout sur les extérieurs qu’il faudra se projeter.
En effet, le camping, largement critiqué par le passé pour être situé trop loin, est cette année plus proche de moitié. Anciennement situé sur un terrain vague sans réel équipement sanitaire, le camping de cette année se situe dans un véritable camping avec l’équipement adapté tant en termes de toilettes que de douche. Sur ce camping, on y retrouvera une buvette, quelques food-trucks (dont un proposant des glaces, une information loin d’être anodine sous 40°C), un barbier, le skatepark, et, placé au centre : une cage de MMA, la X-Cage, dans laquelle se produiront Black Knives le samedi matin et Svetlanas le dimanche matin. Dernière nouveauté de marque, la présence sur la plage du lac d’une mini scène proposant des concerts acoustiques. On est loin des axes d’évolution fantaisistes évoquant des concerts sur une barge flottante, mais cette initiative va dans le bon sens.
Au niveau de l’affiche, on est chaque année sur des concepts différents. En effet, toute la composition de la programmation se base sur les genres que sont le metal, le punk et le hardcore. En fonction des tournées en cours à ces dates, des possibilités des groupes, et d’autres contraintes, les affiches se suivent et ne se ressemblent absolument pas. Si l’an dernier, le metal et surtout le punk étaient à l’honneur, on avait alors noté que le hardcore brillait par son absence. Cette année, changement de cap avec une scène metal quasi inexistante (il faudra s’approcher du crossover de Municipal Waste et Insanity Alert pour en trouver) et à l’inverse des artistes punk et hardcore à foison. Notons par ailleurs que cette distinction est alors apparue nettement sur le running order : les groupes de core se produisant essentiellement sur la mainstage, lorsque le punk était majoritairement localisé sur la scène extérieure.
Une chance pour nous puisque ce live-report se concentrera essentiellement en une plongée sur la scène hardcore. Vous vous souvenez lorsqu’en décembre 2014, 2Guys1TV sortait l’épisode de Mr Haterz « Le Pit » ? Pas de Providence ici, mais ce report aura son lot de corde à vide et de bourre-pif. OPEN UP THE PIT !!
WARM UP : JEUDI 02 AOUT 2018
THE BOOZE BROTHERS
ZGUEN STAGE
21:45
L’une des nouveautés les plus marquantes de cette 6ème édition est sans nul doute cette soirée de Warm-Up, totalement gratuite et ouverte à tous. L’occasion pour les festivaliers déjà sur place de pouvoir faire la fête dès le jeudi soir. Quoi de mieux pour cette initiative que d’essayer de programmer des groupes musicalement plus accessibles et particulièrement dansants. Le défi est relevé haut la main, car si nous avons loupé le rockabilly de The Money Makers, nous étions là à temps pour voir se produire The Booze Brothers.
Etant à Toulouse ce que sont les Dropkick Murphys à Boston, la formation locale fait dans le celtic punk. Une belle dose d’acoustique, une flûte, un accordéon, et quelques riffs punks. Si la recette est simple, son résultat est efficace. Fort de leurs très nombreuses années sur scène, les Toulousains s’en sortent très bien devant un public bigarré composé autant de festivaliers que de curieux. Si la formation donne des envies d’ailleurs et de grands espaces de verdure, dans le pit, nombreux sont les spectateurs qui danseront. Une belle entrée en matière, offrant de surcroît une identité très locale à leur set, certains titres étant chantés en occitan.
Setlist :
Beethoven
The Day The Booze Brothers Became The Booze
Finnish Set
Black & Tans
Craonne
Not Afraid
Boozing - Pueblo
Burn My Way
From Oare - Dansarem
Eth Perrac Arroi
Right Wing No More!
I Want Sex
Every Day
Rage
Elevator
NASHVILLE PUSSY
ZGUEN STAGE
23:45
On ne va pas se mentir, les deux derniers shows de Nashville Pussy sur Toulouse (au Connexion Live en 2014 et au Salon du Tatouage en janvier 2017) ne nous avaient pas convaincu. Pour le premier cas, la prestation avait semblé fade, en pilote automatique, là ou habituellement la formation est une véritable pile électrique déchargeant son énergie. Pour le second cas, le cadre peu adapté aux concerts avait ruiné ce qui aurait pu être une sympathique performance. C’est donc un peu sur la réserve que l’on aborde ce nouveau concert.
Grand mal nous en a pris, puisque c’est un Nashville Pussy des grands jours qui se présentera à nous ! Blaine Cartwright est ainsi en grande forme, jouant constamment avec son pied de micro, alors que sa femme Ruyter Suys semble plus pimpante que jamais. Le couple offre une complicité doublée d’un sourire rayonnant et communicatif. On constate rapidement que lorsque ce noyau dur est stable, le reste du groupe en profite directement. C’est ainsi que, renforcé par cette belle communion entre membre, le duo Ruyter/Blayne mène clairement la danse, laissant la discrète Bonnie Buitrago en retrait.
Dans la foule, les gens dansent sur les rythmiques groovy des américains, on voit même naître de timides pogo. Sur scène, c’est une ambiance de moteur ronflant et de gros rock’n’roll. La formation en profitera pour dévoiler quelques extraits de son prochain album « Pleased To Eat You » dont la sortie est attendue pour le 21 septembre. C’est ainsi We Want A War (qui a déjà fait l’objet d’un clip, diffusé une semaine avant ce concert) mais également CCKMP qui seront interprétés. Comme souvent, mention spéciale à Why Why Why et Go Motherfucker Go, toujours aussi efficaces. Notons en revanche la disparition de la setlist du titre « I’m So High », pourtant culte. Les fans les retrouveront le 15 octobre au Métronum de Toulouse.
Setlist :
Intro
Kicked In The Teeth
Piece of Ass
Wrong Sode Of A Gun
Pillbilly
Go Home and Die
Rub It To Death
We Waint A War
She Keeps Me Coming
CCKMP
Five Minutes To Live
Eat My Dust
First i Look At The Purse
Go To Hell
Why Why Why
Struttin' Cock
Till The Meat Falls Off The Bone
Go Motherfucker Go
Ainsi se termine cette soirée Warm-Up, une véritable réussite doublée d'une programmation très abordable pour le grand public ainsi que par la gratuité de la soirée. Le soleil décline calmement, la nuit est tombée sur Carmaux, il est temps de rejoindre le camping (la remontée est rude pour les pédestres, les vrais sont en voiture !) et retour aux tentes. L’occasion de constater par ailleurs que contrairement à beaucoup d’autres campings de festival, ici, l’ambiance festive se fait dans le calme et la bonne humeur sans gueulard beaufisant. Un bon point !
* * *
*
JOUR 1 : VENDREDI 03 AOUT 2018
BLACK KNIVES
MAIN STAGE
17:00
Les fûts sont branchés, les lights sont en place, le merch est exposé : le festival peut enfin commencer. Et c’est avec des locaux de l’étape que tout va débuter. En effet, Black Knives s’est fondé sur les cendres de 8Control, ancien groupe de hardcore ayant rayonné au niveau hegaxonal. La formation toulousaine est d’ailleurs souvent considérée comme les petits frères d’Alea Jacta Est, groupe dont ils partagent le label. Depuis leur album « The Thirteenth Hour », Black Knives a concentré son attention sur le live, se forgeant une belle renommée. C’est donc ici que l’on retrouve le groupe, armée de son nouveau batteur : Tom. Et cette nouvelle (et toute jeune) recrue va s’avérer particulièrement remarquée tant son aisance et son plaisir à jouer sont communicatifs. Le reste de la bande ne déméritera pas, porté par Eric, son vocaliste et offrira quelques occasions à la foule de s’illustrer avec des riffs percutants et des breakdown rudement efficaces. On notera à ce propos sur la setlist quelques nouveautés comme You’re Not So Special ou The Price to Pay, sortis numériquement l’hiver dernier. On retrouvera d’ailleurs Black Knives dès le lendemain dans la X-Cage pour un concert qui aura marqué les esprits des festivaliers présents.
Setlist :
Intro
Zero Fucks Given
Big Part
A Storm is Coming
Wolfpack
You’re Not So Special
Drop The Shit
Behind The Doors
The Price to Pay
Nothing Lasts Forever
Take The Best
POGO CAR CASH CONTROL
MAIN STAGE
18:30
Après Black Knives, place à Pogo Car Cash Control. Cette toute jeune formation est l’ovni actuel de la scène. Un succès incroyable après une carrière encore toute jeune. Un seul album leur aura suffi pour exploser : un show au Hellfest en juin dernier, et des éloges unanimes de la part de la presse (« Un album tout à fond et sans frein » disait le magasine Rolling Stone en mars dernier). Et « à fond la caisse », c’est exactement l’expression qui qualifie le mieux cette curiosité musicale. Leur noise tinté de punk pioche aussi bien dans Bukowski que dans Converge et offre sur scène un joyeux bordel. Ne vous fiez pas à leurs visages juvéniles et poupons, ils sont jeunes certes, mais ils sont venus pour vous violer les oreilles et ils sont déterminés à aller au bout de cette mission. On retiendra du show une rare puissance ainsi que la prestation scénique de leur bassiste, le visage bardé de mimiques ! Une belle découverte pour un groupe à suivre !
Setlist :
Intro Rancunier
Déprime Hostile
Rires et pleurs
Paroles/M'assomment
Je suis un crétin
Hypothèse mort
C'est pas les autres
Consenssuelle
Chome Du
Comment lui en vouloir
Rancunier
Conseil
Crève
INSANITY ALERT
MAIN STAGE
20:00
Ceux qui ont déjà vu sur scène Insanity Alert savent à quel point les Autrichiens peuvent aller loin dans l’insolite dans leur prestation scénique tant que le fun est présent. Et encore une fois, leur réputation ne sera pas galvaudée puisque dès le premier titre, Kevy, vocaliste et boute-en-train de la bande apparaîtra en costume de sumo. Entre les habituels panneaux de contreplaqué servant de prompteur ou de gag, l’humour sera omniprésent : utilisation de moufles en forme de pinces de crabes sur le titre Confessions Of A Crabman (Kevy ira même serrer la … pince … des agents de sécurité), ou encore d’un pistolet à confetti. Et à la vue de la quantité de macaroni présent par terre dès le début du set, on sent que le public voulait également participer à la connerie générale (en lien avec le titre Macaroni Maniac). Si sur scène, ça ressemble à une scène de guerre, dans le pit, les slammeurs chevauchent des licornes et les structures gonflables ne manquent pas. La scène sera d'ailleurs envahie par le public sur invitation du vocaliste pour compléter le tableau. Insanity Alert aura fait honneur à sa réputation : rapide, efficace et bourré d’humour ! A voir et revoir sans aucune modération, à plus forte raison quand le groupe se rend aussi proche de son public.
Setlist :
Disco Demolition
Life's Too Short For Longboards
Kill Yourself
Pact with Satan
Macaroni Maniac
Zongo Vs. Eyeball
Why Is David Guetta Still Alive?
Confessions Of A Crabman
RIP Your Head Off
Metal Punx Never Die!
Glorious Thrash
Twist-off Betrayal
Desinfektor
Run To The Pit
RISE OF THE NORTHSTAR
MAIN STAGE
22:00
S’il y a bien un groupe de hardcore français qui a explosé dernièrement, c’est bien ROTNS. Pourtant il n’est pas si loin le temps où les Parisiens se produisaient dans un Saint des Seins à peine rempli au tiers de sa capacité. A quelques semaines de la sortie de leur second album chez Nuclear Blast, revoilà donc deux ans après la success story à la française de retour sur l’Xtreme Fest. On se souviendra de leur prestation deux éditions plus tôt sur la scène extérieure, dans une ambiance orageuse qui avait rendu le concert absolument furieux. Qui dit nouvel album dit nouvelle mise en scène, et cette année ROTNS se dote de quelques artifices supplémentaires. Outre les tenues de scène que l’on connaissait déjà, Vithia se pare désormais d’un casque rappelant celui des samouraïs. Dès les premiers titres le public a montré sa pleine et totale adhésion au groupe, lui mangeant littéralement dans la main.
Et si dans le pit l’ambiance fût notablement chaleureuse, on déplorera en revanche le plus mauvais son de tout le festival. La bouillie sonore sortant de la façade a gâché une grande partie de leur set, les guitares (notamment celle de Erwan) étant noyées dans le mix et les back-vocals étant tout simplement inaudibles. Malgré cet impair, la formation mettra une excellente ambiance au sein du public, en réitérant sur Demonstrating My Saiya Style le jump de toute la salle lors du break. On notera d’ailleurs sur la setlist la présence de Here Comes The Boom, issue du nouvel album et dont le clip a été dévoilé quelques jours auparavent. Loin d’être la meilleure de leur prestation, mais une efficacité indéniable.
Setlist :
Intro
Bosozoku
Welcame (Furyo State of Mind)
Sound of Wolves
What the Fuck
Here Comes The Boom
Again and Again
Dressed All In Black
Protect Ya Chest
Demonstrating My Saiya Style
Samuraï Spirit
HATEBREED
MAIN STAGE
00:15
Vu le peu d’effort d’Hatebreed à sortir du lot de ce que le groupe nous propose d’habitude (le syndrôme du pilote automatique), on aurait pu résumer à « c’était comme d’hab : prévisible mais efficace ». En effet, il n’y a que peu de chose à rajouter : un Jasta à bandana qui harangue la foule, un show à l’américaine semblant sans réelle prise de risque, des titres certes efficaces mais joués avec une conviction toute discutable. Alors, certes, ça n’en a pas fait un mauvais concert car, reconnaissons-le, Hatebreed a des titres très percutants et particulièrement punchy, mais à ce compte-là, on aurait pu se contenter de remater le Live Supremacy sur grand écran. Donc sans être mauvais, Hatebreed a fait du Hatebreed. On saluera en revanche la setlist avec des titres rudement bien choisis, comme un début de set avec To The Threshold en guise de coup de poing de bienvenue, et un Live For This qui passe toujours aussi bien. Comme d’hab donc, les Américains sont en mode pilotage automatique (à l'opposé de leurs alter-ego de Terror).
Setlist (de mémoire, possiblement fausse):
To the Threshold
A Call for Blood
Doomsayer
A.D.
Defeatist
Live for This
Destroy Everything
Everyone Bleeds Now
In Ashes They Shall Reap
As Diehard as They Come
Empty Promises
Hollow Ground
Last Breath
Seven Enemies
Proven
Perseverance
This Is Now
Looking Down the Barrel of Today
I Will Be Heard
* * *
*
JOUR 2 : SAMEDI 04 AOUT 2018
BLACK KNIVES
X-CAGE
11:30
Toulouse Hardcore RPZ. On reprend les mêmes et on recommence, mais cette fois-ci sur la X-Stage cette scène expérimentée l’an dernier sur le camping, en forme de cage de MMA. Et, on ne va pas se cacher, l’idée de programmer Black Knives sur cette configuration spéciale est un coup de maître. Leur hardcore taillé pour le live est ici présenté dans son plus bel écrin. Le public est déjà nombreux et se masse tout autour de la cage. Car c’est aussi ça l’intérêt de cette mise en scène : le public est ainsi tout autour du groupe, offrant des possibilités nouvelles comme le circle pit autour de la cage. Ce samedi marquant aussi la journée déguisé, nombreux étaient les festivaliers en costume. Une joyeuse ambiance qui contraste mais complète l’ambiance musicale rageuse. Entre two-step et moshing, le public s’en sera donné à cœur joie, certains n’hésitant pas à escalader la cage pour du stage-dive de haut vol. Coté setlist, on est sensiblement (à un titre près) sur la même chose que la veille, mais on a ici l’exemple parfait d’un groupe en cohérence absolue avec ce format si spécial. Vu le succès de ce set, nul doute que l’on retrouvera la X-Stage dans les années à venir !
Setlist :
Intro
Zero Fucks Given
Big Part
A Storm is Coming
Wolfpack
You’re Not So Special
Drop The Shit
Behind The Doors
The Price to Pay
Take The Best
BLACK MOUNTAIN BASTARDS
MAIN STAGE
17:00
Setlist :
Down To Nothing
Garden Party
The Choice
Crisis
Couch Zombies Army
Scum
Go Away
Never Stop
Mace Maniac
Jewels
Les Heures Sombres
More Beer
Unleash The Bastards
BROKEN TEETH
MAIN STAGE
18:30
On continue dans le domaine du hardcore casse-bouche avec les bien-nommés Broken Teeth. Ici, la recette est ultra simple : 40% two-step, 40% beatdown moshing, 20% side-so-side. La recette est simple mais ultra efficace puisque le public, encore peu nombreux à cette heure, laisse place à un pit très ouvert que les fans de hardcore bagarre n’hésiterons pas à investir. Vous ne connaissiez pas encore la formation ? Pas de soucis, il suffit de quelques titres pour comprendre que la recette, même si elle manque d’originalité, fait son effet, et rend le pit bouillant. Ni plus, ni moins : les titres s’enchaînent et la marque de fabrique est toujours la même. Probablement monotone pour certains, on reconnaîtra cependant sa redoutable efficacité au sein même du pit. Nul doute qu’un live de Broken Teeth en club ne doit pas manquer de panache !
TERROR
MAIN STAGE
20:00
Vous vous souvenez du passage de Terror à l’XtremeFest il y a 3 ans ? Non ? Piqûre de de rappel : Scott Vogel était à cette époque souffrant (du dos d’après les infos du moment) et c’est son bassiste David Wood (également chanteur de Down To Nothing) qui l’avait remplacé. Et malgré le coté un peu insolite du line-up, on peut dire que Terror s’en était bien sorti. Car il est un fait : Terror est quasiment indissociable de son vocaliste. Retour en 2018 et on va aller directement aux faits : Terror a donné purement et simplement le meilleur set de toute cette édition. Car si la formation a drainé avec les années une quantité de poseurs dans son public, sur scène, ce sont les darons.
Et vu l’affluence de ce live, nul doute que l’attente était forte. En conséquence, l’affluence monstre ferme les possibilités de mosh, tant le pit est réduit à peau de chagrin. Qu’importe, c’est en une seule masse grouillante que le public vivra le show. Sur scène, le show est massif, le son l’est tout autant, et le tout est servi par un ScottVogel qui dirige de main de maître son orchestre. Au-delà de dominer le game sans la moindre faute de gout, l’intégrité et surtout l’humilité sont de mise. Pas surprenant alors de voir le vocaliste demander à la sécurité de laisser passer le public, et on se retrouve en quelques instants avec une scène totalement envahie, témoignage de la proximité qui lie Terror et son public. Le groupe en profitera par ailleurs pour célébrer l‘anniversaire de son guitariste. Coté setlist, peu de choix discutable tant la formation dispose de pépites : You're Caught, Overcome … Les rageux peuvent rager, Terror restent les maîtres du jeu.
Setlist :
One With the Underdogs
Overcome
Stick Tight
The Solution
Spit My Rage
Live by the Code
Always the Hard Way
Keep Your Mouth Shut
Out of My Face
Lowest of the Low
Return to Strength
The 25th Hour
No Time for Fools
You're Caught
Keepers of the Faith
MUNICIPAL WASTE
MAIN STAGE
22:00
Tout comme Comeback Kid, Municipal Waste, c’était l’un des groupes de la toute première édition du festival. Et avec un retour partiel de certains membres via Iron Reagan en 2015, c’est désormais au tour de Municipal Waste de revenir sur place. Le groupe sera par ailleurs l’un des rares du week-end orienté metal (crossover pour les plus puristes) avec leurs voisins musicaux de Insanity Alert. Quoi qu’il en soit, avec les thrasheux américains, on sait que l’on va toujours passer un bon moment. Et ce live ne fera pas office d’exception. Le set commencera d’ailleurs sans concession avec un You’re Cut Off ou Sadistic Magician balancés dès le début du set en guise de taquet derrière la tête. Niveau ambiance, on continue dans le fun et c’est assez naturellement que l’on verra une nouvelle invasion de scène de la part des spectateurs.
Cette occupation provoquera même quelques interférences au niveau des branchements guitare de Ryan Waste. La bande, qui défend ici son dernier opus sorti l’an dernier nous délivrera quelques titres récents à l’image de Poison The Preacher. Ils ne manqueront d’ailleurs pas de délivrer quelques cours messages à l’attention de la foule, réclamant notamment de quoi fumer. Le public s’exécutera et ça n’est pas moins de trois joints qui tomberont sur scène rappelant par la même occasion les activités de Land Phil au sein de Cannabis Corpse (tout est lié !). Comme toujours les Américains nous rappelleront que « Municipal Waste is gonna fuck you up » sur Born to Party. Une belle fête, comme il est de rigueur plus ou moins à chaque concert de la formation.
Setlist :
Breathe Grease
Mind Eraser
You're Cut Off
Unleash the Bastards
Sadistic Magician
Bourbon Discipline
Beer Pressure
Thrashing's My Business... And Business Is Good
I Want to Kill the President
Black Ice
Poison the Preacher
Amateur Sketch
Intro
Slime & Punishment
The Thrashin' of the Christ
Haunted Junkyard
Terror Shark
The Art of Partying
Born To Party
PUNISH YOURSELF
MAIN STAGE
00:15
Setlist :
Spin the Pig
See ya Later Alligator
Backlash
CNN war
Rock'n'Roll Machine
Station
Lo-Cust
Blacksunwhitebones
Gimme Cocaine
Primitive
Shiva
Die-S-I-Ray
Zmeya
This Is My Body, This Is My Gasoline
Worms
Sexy
Suck my T.V.
On restera sur place les premiers titres de Punish Yourself, le temps de quelques clichés. La fatigue et la chaleur de la journée ayant fait son office, nous prenons la direction du camping pour un repos bien mérité. Notons cependant que leur show a commencé avec un quart d'heure de retard dû à une alarme incendie intempestive, qui n'a pourtant pas réussi à tuer l'ambiance !
* * *
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JOUR 3 : DIMANCHE 05 AOUT 2018
SVETLANAS
X-CAGE
11:30
Seconde prestation pour les Russes de Svetlanas après leur premier show sur la scène extérieur du festival la veille. Cette première performance scénique avait scotché un grand nombre de festivaliers, soufflés par la front woman Olga, véritable pile électrique bourrée de charisme. Pour preuve, les photographes s’étaient alors assis devant les crash-barrières pour suivre le show plutôt que de quitter les lieux. En quelques mots, Svetlanas, c’est ce que la dissidence russe a de plus pur. A l’instar des célèbres Pussy Riot, Svetlanas est interdit de concert dans son pays d’origine. Dans sa version studio, on notera la présence à la basse de Nick Oliveri (ex-Kyuss), malheureusement non-présent sur place.
On retrouve la formation moscovite dans la désormais fameuse X-Cage du camping. La cage de MMA porte les stigmates du concert de Black Knives, un pan de mur ayant été particulièrement endommagé par les assauts répétés des festivaliers. Tout comme la veille, la configuration de la scène permet un grand nombre d’excentricité, allant du circle pit autour de la cage au stage-dive après avoir escaladé cette dernière. Si le public s’en donne à cœur joie, dans la cage, il en va de même avec une Olga pas calmée pour un kopek de la veille. La chanteuse attire tous les regards et prend un malin plaisir à défier la foule à travers les murs grillagés. Un set efficace, simple et frontal, mis parfaitement en abyme par la configuration des lieux. Définitivement, l’expérience de cette scène en cage gagne des points d’année en année et il sera à l’avenir un évènement sans nul doute très attendu des festivaliers.
Setlist :
Jump
Loose Control
Pussification
Tell me why
Put Your Middle Fingers Up
Tear Me Down
Spit On Your Mother's ?
Fucking Retard
Vodka'n'Roll
This Is Moscow
Pyromaniac
Don't Do It
Manowar
MALEVOLENCE
MAIN STAGE
17:00
Vous l’avez lu en préambule de cet article, ce live-report sera le dernier après 10 ans à couvrir la scène. Alors quand, sur la dernière ligne droite, à quelques paragraphes du point final, il s’agit de parler de Malevolence, groupe que je porte hautement en estime, on se sent presque obligé de ranger l’objectivité au placard. Sans détour, c’était l’immense branlée. La formation du nord de l’Angleterre a explosé véritablement lors de la sortie de son second opus, Self Supremacy et après quelques tournées en première partie de Nasty et Obey The Brave, on commence enfin à voir Malevolence tourner en tête d’affiche. Un succès mérité, que l’on peut en grande partie imputer au sens de composition de Konan Hall, distillant des grosses parties sludge et groovy au milieu de son beatdown hardcore.
Pour ce qui est de leur prestation à l’Xtreme Fest, c’est assez simple : un pit de coreux, très ouvert, propice aux larges mouvements de foules. C’est ainsi que le public a pu se donner à cœur joie aux side-to-side, moulinets de bras et autres two-step. Un défouloir géant à l’image de Slave to Satisfaction. On regrettera presque l’absence de guests pourtant facile à mettre en place (en l’occurrence, Andrew de Comeback Kid, jouant quelques heures plus tard, qui était apparu en studio sur Severed Ties). Comme au MFest ou au Ressurection Fest, Malevolence frappe fort et gagne des points. Il suffit de voir le nombre de tee-shirts du groupe porté par les festivaliers pour voir que le potentiel est grand. A voir, revoir et consommer sans modération, à plus forte raison lorsque l’on trouve ensuite les membres du groupe au sein du public quelques heures plus tard, affables et abordables. Simples et humbles.
Setlist :
Intro
Serpent's Chokehold
Slave to Satisfaction
Severed Ties
Wasted Breath
Trial by Fire
In the Face of Death
Self Supremacy
RISK IT
MAIN STAGE
18:30
Dur de passer après la tornade infligée par les anglais de Malevolence, mais loin de faire de la figuration, Risk It n’a pas démérité. En effet, les allemands de Dresde ont offert quelques beaux moments au public. Leur style musical renvoie d’ailleurs à Terror qui se produisait pas plus tard que la veille sur la même scène, un hardcore pêchu et propice aux beaux mouvements dans le pit. Et en effet, Risk It s’est révélée être une redoutable machine à lancer des riffs two-step, produisant une salade de guibole dans le pit. La formation défend ici son opus Cross To Bear sorti il y a déjà deux ans comme avec la doublette de titre Trapped / Boiling Point. Pas le concert de la journée mais un moment plaisant.
Setlist :
Cross To Bear
Distorted Thoughts
Ejected
Set On Fire
Getting Low
Restless
Finish Your Business
Disappear
Trapped
Boiling Point
The Only Thing
Can´t Take It Away
Reasons & Doubts
Balance Of Power
Barking Dog
Who´s Foolin´ Who?
GET THE SHOT
MAIN STAGE
20:00
Les Canadiens de Get The Shot avaient déjà retourné la Warzone du Hellfest en juin, et ainsi démontré aux frenchies leur puissance de feu. Nous étions prévenus, il n’y aura pas de tir de semonce. La formation a par ailleurs une grosse connexion locale via leur distribution par le label toulousain Useless Pride Records et leurs multiples passages sur la scène du Saint des Seins. Ni une ni deux, le groupe à peine sur scène nous livre Purgation, titre d’ouverture de leur dernier album, Infinite Punishment. La foule, déjà bien garnie se retrouve alors transformée en masse humaine grouillante. Les riffs incisifs que le groupe propose font effet immédiatement et si la musique ne suffisait pas, JP, chanteur du groupe ne se fera pas prier pour escalader les crash-barrières et venir au contact avec son public.
Un contact qui se fera de plus en plus intense, le vocaliste slamant en chantant ou se faisant porter par la foule tout en restant debout et stable. S’exprimant en français (avec un fort accent québécois), ce dernier, particulièrement charismatique n’hésitera pas à se lancer dans quelques discours rappelant que leurs pits doivent rester des places sans jugement, sans racisme, et sans toute forme d’exclusion. On retiendra les titres « Hellbringer » et « Cold Hearted », petites pépites de puissance et d’énergie, sur lesquels le public s’en donnera à cœur joie (on a vu du monde slamer sur des … requins gonflables). Assurément l’une des prestations les plus marquantes, profondes et humbles de cette édition.
Setlist :
Purgation
Faith Reaper
Hellbringer
Erase The Scum
Demon Stomp
Absolute Sacrifice
Rotting Idols
Blackened Sun
Lynch The Lord
Cold Hearted
Ainsi s’achève l’Xtreme Fest 6ème édition, des impératifs m'empechant de rester pour les shows de Converge ou Comeback Kid. Au final, un excellent cru, avec des éléments qui ont fonctionné à la perfection (le warm up, la X-Cage, ...). Le festival expérimente, et désormais délivré de la dette de sa seconde édition, on peut s'attendre à une très ambitieuse 7ème édition. L'avenir nous le dira !
Un grand merci à Vincent et Delphine pour la logistique et l’accueil.
Le salut à tous nos collègues presse, photographes, bénévoles et festivaliers.
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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Photos par Baptistin Pradeau, équipe Horns Up.