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vendredi 31 août 2018

Brutal Assault 2018 - Jour 4

Fortress Josefov - Jaromer

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Nostalmaniac : Les journées sont longues et elles passent si vite. Nous voilà déjà au quatrième et dernier jour du festival! Pas question de se reposer toutefois car le programme du jour n'est pas pour autant moins chargé pour l'équipe HU avec Angelmaker, Northlane, Plini, Integrity, Origin, Unleashed, Messiah, Nocturnus AD, Abysmal Grief, Goblin, Wardruna et bien plus encore. 

Ma journée commence néanmoins à la K.A.L. où doit se dérouler une conférence/discussion avec Mike Browning de Nocturnus et Remo Broggi de Messiah sur l'underground dans les 80's. Malheureusement, Mike Browning n'étant pas encore sur place, il est remplacé par le manager de Messiah pour ce qui se transformera en interview du groupe. Pas inintéressant surtout quand Broggi glisse quelques anecdotes comme celle sur Glen Benton de Deicide qui pensait que ce n'était pas une bonne idée de tourner avec un groupe qui s'appelle Messiah. "Glen Benton n'est pas le diable qu'on pourrait croire", glissera Broggi souriant. 

Hugo : Parlons aussi bouffe, et bonne bouffe car le festival est également réputé pour son côté veggie-friendly. S'il ne s'agit pas non plus d'un Obscene Extreme, la "Veg street" n'a rien à envier à d'autres festivals européens (d'autres stands vg se trouvant cependant ailleurs, plus cachés, comme ce magnifique kebab avec tortilla faite maison). Aussi, un large choix est donc proposé, avec de la nourriture du monde entier (Italie, Inde, Sri Lanka, République Tchèque...). Les prix sont plus qu'abordables (environ 5 euros pour un burger, par exemple), et l'on peut ainsi varier les repas sans trop de scrupules, et surtout sans mauvaises surprises. Les produits sont frais, certains aliments que les vegan connaissent bien sont assez présents (le seitan...), et l'attente jamais bien longue. 

Pour ceux qui ne sont donc pas omnivores comme moi, c'est un véritable plaisir de manger autre chose que des frites en festival. Certes, je grossis le trait, les festivals multipliant les offres à ce niveau... Mais force est de constater que ici, et en l'espace de 4 jours, on multiplie les repas sans jamais manger la même chose, et toujours avec un plaisir certain. De la qualité, des produits frais et cuisinés, et surtout une bonne dose de plaisir.

Place maintenant à ce que nous avons vu en live...
 

JOUR 4
 

Angelmaker
Metalshop
11:40

Florent Pouah que c'est gras et vilain. Le deathcore (encore que certains parlent de « slam » pour Angelmaker, très sincèrement, la nuance m'échappe) d'Angelmaker de grand matin, c'est un défi, et même si les plans plus techniques du combo m'impressionnent autant que sur album, j'ai bien du mal à rentrer dedans. Les Canadiens disposent de deux vocalistes et on se demande un peu à quoi cela sert à part faire encore plus de bruit ; le fait d'être sur une si grande scène et si tôt dans la journée n'aide pas. On remue la tête machinalement, le public semble à fond ; nul doute qu'en club, Angelmaker détruit tout. Là, c'était un peu compliqué.

 

Northlane
Metalshop
12:55

Florent : J'avais eu ma dose de fragilité l'année passée avec The Amity Affliction, me revoilà fidèle au post avec Northlane ! Les Australiens ont acquis une belle réputation dans la scène core et ne l'ont clairement pas volée : leur musique pleine d'émotions, de leads mélodiques et de breakdowns prévisibles mais efficaces occupe clairement le haut du panier du genre. Ca manque un peu de refrains putassiers et de choeurs, ça manque du tube ultime Colourwave, mais pour le reste Northlane fait carton plein. Le public mange dans la main du vocaliste très looké Marcus Bridge, qui semble parfois un peu à la peine avec ses parties de chant clair mais déborde d'énergie. L'attitude très décontractée des gars après le set est également à souligner : distribution de picks et de setlists, quelques mots échangés avec des fans acharnés – Northlane ne se la joue pas, malgré un côté poseur inévitable dans ce milieu. Un moment sympa.

Plini
Jägermeister
13:35

Florent : Le moment le plus à part du festival. Plini, c'est clairement l'OVNI de ce Brutal Assault 2018 : le guitariste australien, vrai virtuose, compose une musique instrumentale jazzy, progressive, moderne et surtout très aérienne et positive, bien loin de la moindre forme de metal extrême. Pourtant, les curieux sont nombreux pour prendre leur dose de sucre et l'Australien ne tarde pas à s'en étonner : « What the fuck is that, Brutal Assault ? », nous demande-t-il, incrédule. « Vous êtes tous très effrayants... mais en même temps, j'ai l'impression que vous m'aimez bien ». Succès garanti et ovation.

Musicalement, la bande, lookée comme une classe de haute école en sciences, est irréprochable de A à Z et Plini lui-même est évidemment au centre de tous les regards, même si on est loin du guitar-hero aux soli à rallonge : on baigne plutôt dans des compositions bien ficelées, portées par la guitare mais jamais prétexte à la démonstration. « We're gonna brutally assault you with very happy music », blaguait le guitariste en début de set. « Imaginez que vous tenez... un brutal milkshake, ou quelque chose comme ça... ». Belle définition du concert, très positif, de Plini. Le BA est inspiré de nous proposer ce genre de moments...

 


Integrity
Metalshop
14:15

Nostalmaniac  : Je ne pense pas être le seul que Integrity a réconcilié avec le hardcore, du moins avec la vision réduite qu’on peut avoir à cause de certains groupes. Pour ceux qui ne le savent pas, Integrity est le pionnier du metalcore, ce qui peut évidemment faire sourire quand on voit comment le mouvement s’est transformé aujourd’hui mais le projet d’un hardcore métallisé était bien sérieux au départ et les Américains ont le devoir de le rappeler avec force. Surtout qu’ils peuvent se vanter d’une fanbase hyper fidèle, aux USA comme sur le Vieux Continent, et c’est donc sans surprise que la bande à Dwid Hellion est accueillie avec énormément d’enthousiasme. Pas de chichis au moment d’entrer sur scène, Integrity est là pour cogner et réveiller les instincts primaires. La setlist, bien que trop courte, est vraiment bonne avec même une reprise de l’obscur projet Punk/Black de Hellion (qu’on sait très amateur de Black Metal) Vermapyre , le cracra “Sons of Satan” qui ne dénote pas avec son feeling punk old school. En plus des incontournables de l'EP « Humanity Is the Devil » et du premier album « Those Who Fear Tomorrow », on a droit à un “Rise” monumental issu du non moins excellent « Seasons in the Size of Days » et qui me donne des convulsions tellement c’est une incitation à la violence. Hellion a toujours cette même voix éraillée mais vindicative et pleine de conviction mais il en impose surtout par sa présence. Il n’hésite d’ailleurs pas à se mettre à la hauteur des premiers rangs et partager le micro. Leur hardcore sombre et metallisé est aussi propice à des passages plus mélodiques, voire très émouvants. Il ne faudrait toutefois pas oublier qu’Integrity a aussi retrouvé l’an dernier un second souffle salvateur avec son dernier album qui revient à ses fondamentaux et une attitude sans compromis qui n’est vraiment pas un leurre. Le groupe pue l’intégrité. Malgré un son pas toujours au poil, il y a de quoi être impressionné. A 47 ans, Hellion a toujours le feu sacré, et il sait s’entourer d’excellents musiciens. Bref, la classe absolue… A l’issue du concert, un gars du crew distribuera des patchs du groupe aux premiers rangs et ça aussi, c’est très classe. 

 


Origin
Jägermeister
15:00

Nostalmaniac : Sans être un gros fan de death technique, Origin est un nom qui en impose et j’étais plutôt curieux de voir ça en live. Cependant, mauvaise pioche, le groupe américain est arrivé en Europe sans une partie de son matos apparemment perdu dans un aéroport mais surtout sans son bassiste Mike Flores! Et du death technique sans basse, c’est embarrassant. Trèèèèèèèès embarrassant. Paul Ryan aura beau s’en amuser en faisant monter sur scène un “air bassiste” hyper motivé qui restera le temps de quelques morceaux, je dois reconnaître que c’est très vite lassant et même agaçant avec ce bourdonnement de guitare incessant. On peut saluer le groupe de jouer coûte que coûte mais niveau intérêt, outre la bonne anecdote, on repassera... Dommage.

 


Unleashed
Metalshop
15:45

Nostalmaniac Les Suédois font preuve d’une admirable longévité dans le circuit avec une discographie qui ne cesse de s’étoffer (leur treizième album sortira en octobre prochain) et un lineup qui n’a pas beaucoup changé depuis leur première démo en 1990. Ce n’est sans doute pas le groupe de Death suédois qui me fascine le plus mais j’ai toujours eu énormément d’admiration pour leurs premiers efforts studios, eux qui ont toujours cultivé leur différence par rapport aux adeptes de Tomas Skogsberg et du HM-2. Si le côté viking et mythologie nordique peut laisser indifférent de nos jours par son omniprésence, il faut se rendre compte que c’était vraiment nouveau et original dans le Death Metal des 90’s acquis aux thématiques et visuels plus gore. Unleashed n’y a jamais cédé et associera définitivement sa musique à l’histoire et la culture Viking. Peut-être à l’excès… Quoi qu’il soit je suis content de voir Unleashed même si leur discographie récente n’est pas transcendante : sur scène, ça enchaîne plutôt bien façon rouleau compresseur et Johnny Hedlund est un bon frontman qui sait comment exciter un public. La très bonne surprise sera la setlist qui laisse une large place à leur premier opus de 1991, « Where No Life Dwells », avec pas moins de quatre titres ("Dead Forever", "Into Glory Ride", "The Dark One" et "Before the Creation of Time" en fin de set). Une incroyable lourdeur, de la rapidité, de l’intensité et juste ce qu’il faut de mélodies, c’est ce que Unleashed délivre de mieux. C’est une vieille recette, certes, mais elle marche tellement bien, et joué avec autant de sincérité c’est difficile pour moi de ne pas accrocher. 

 


Arkhon Infaustus
Metalgate
16:30

Hugo : Très curieux de découvrir la nouvelle mouture live de Arkhon Infaustus, groupe reformé en 2016, je me dirige donc vers la Metalgate où les Français jouent relativement tôt (16h30). Très honnêtement, au vu de l’horaire et après le dernier EP du groupe qui ne m’a pas vraiment conquis (« Passing the Nekromanteion », paru l’année passée), je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre de cette prestation. Force est de constater que, très rapidement, tous mes doutes furent balayés face à la puissance du set. Aucun morceau du dernier EP ne sera joué, et la setlist sera essentiellement axée autour de titres des excellents Hell Injection (2001) et Orthodoxyn (dernier album studio du groupe, 2007). Et quelle efficacité ! Celui qui est aussi le leader des cultes Osculum Infame et Bekhira, à savoir Deviant, se révèle être un excellent frontman. Sa voix est imposante, et très clairement à la hauteur du son de la rythmique, écrasante. Le concert n’est pas purement monolithique, et un jeu de question/réponse s’installe entre le chant du leader et celui de ses musiciens. Tout en lumières blanches et rouges, l’ambiance est infernale, et l’on se retrouve happés du début à la fin. Un set qui a fait du bien, et qui donne vraiment envie de revoir le groupe en salle.

 


Messiah
Jägermeister
16:35

NostalmaniacDifficile pour moi de rater le retour sur les planches de Messiah, reformé en début d'année. Le groupe suisse n’est pas comme ces groupes de la NWOBHM qui ont sorti un single et qui reviennent comme si c’était des légendes. Aucun rapport avec la NWOBHM bien sûr mais la renommée de Messiah ne repose pas sur du vent. Messiah, très présent dans les fanzines UG comme Slayer Mag, a eu un vrai rôle dans les fondations du metal extrême. Leur manière de jouer et leur son était si atypique pour les 80’s, une sorte de thrash/death extrêmement obscur et tourmenté. Et puis, il y a vraiment quelque chose d’étrange qui émane de la discographie du groupe helvète qui a sûrement fasciné de nombreux futurs musiciens. Le groupe a toujours cette aura particulière et même si je me méfie des reformations, le décorum fait un bon premier effet avec le backdrop de l’album « Choir of Horrors » et son Christ sinistrement figé. Ma plus grande crainte concernait le chant et je suis agréablement surpris par Andy Kaina, très en forme. Je préfère le chant beaucoup plus atypique et malsain de Tschösi mais dans son registre qu’on peut rapprocher d’un Schuldiner, c'est convaincant. Quant à la setlist, elle touche à toutes les périodes de Messiah en oubliant (ouf…) l’affreux « Underground » et j’ai surtout un coup de coeur pour les extraits de « Hymn to Abramelin » que Brögi, guitariste d’origine, semble heureux de rejouer. C’est d’ailleurs lui, avec le vocaliste, qui attire le plus l’attention en se mettant beaucoup en avant sans être jamais trop poseur, lui qui avait l'air très sympa et humble pendant la conférence du matin à la KAL, mais juste fier de revenir sur scène 30 ans après (si on oublie la mini-reformation de 2003). Et il y a de quoi même si je trouve que c’est loin d’être aussi fou et intense que sur album (les gars ne sont plus des ados...) je ne passe pas du tout un mauvais moment grâce aux enchaînements des morceaux qui fonctionnent plutôt bien. L'album « Extreme Cold Weather » sera résumé à son morceau-titre qui sert d’apothéose… glaciale ! A revoir absolument...
 


Dog Eat Dog
Metalshop
17:25

Florent Dans cette édition du BA au final parsemée de découvertes et globalement de détente pour moi plutôt que d'intensité, l'éclate aura été mon guide. M'éclater à la KAL, m'éclater avec les potes, m'éclater le bide en m'empiffrant jusqu'à n'en plus pouvoir à tous les stands possibles. Et Dog Eat Dog, c'est l'éclate : nostalgie 90ies quand tu nous tiens ! Tout ce que vous trouviez génial (ou atroce) dans ces bonnes vieilles années 90, Dog Eat Dog, vrai papa de Limp Bizkit, le synthétise : samples de rappeurs old school, saxophone à la con (ce Rocky skate-punk), look improbable, paroles adolescentes mais immédiatement mémorables (No Fronts)... Et là où, justement, un Limp Bizkit m'a toujours foutu la gerbe, je ressens une vraie envie et un vrai enthousiasme chez ces mecs là depuis 30 ans mais pleins de pêche, même si là aussi, on a affaire à un vrai ovni sur l'affiche. Les tubes Who's the king (ce saxo!!!), Expect the Unexpected et son côté Beastie Boys : je passe un super moment, pinte à la main et soleil dans la face. Ce qui serait insupportable sur un festival complet passe parfaitement entre deux concerts de black metal...

 

 

Nocturnus AD
Jägermeister
18:15

Nostalmaniac Contre vents et marées, Nocturnus (AD) est toujours là. Un nom qui évoque fatalement pour moi les meilleures années du label Earache et une période terriblement excitante pour le Death Metal. Mike Browning est une sorte de parrain du genre tant son héritage important. Co-fondateur de Morbid Angel et membre d’Incubus, il est indissociable de Nocturnus qui fera sensation dès la sortie de son premier album en 1990 en osant incorporer un synthétiseur. Un élément qui rendra leur son unique et novateur. Près de trois décennies plus tard,  j’ai donc des frissons à voir Browning en chair et en os derrière son kit de batterie, heureux comme un gosse. Le public a répondu présent et ça fait plaisir tant c’est mérité pour le batteur/vocaliste resté dans l’ombre. C’est quand même en pleine lumière qu’il revient en Europe et sur une main stage d’un festival important un peu comme ce fut le cas au Hellfest en 2014 sous l'Altar dont j’avais eu des échos très positifs. Les choses sérieuses commencent sans grand prologue avec le thrashy et hyper catchy “Lake of Fire” issu du premier album culte  « The Key » qui met tout le monde d’accord. Ses musiciens gèrent parfaitement, et même le jeune claviériste, qui avait l’air très intimidé et fébrile au début, va prendre de l’assurance tellement le public est encourageant. En plus de ses classiques, la bande à Browning nous offre des exclusivités qui sont deux extraits de leur prochain album à paraître prochainement chez Profound Lore Records : “The Antechamber" et "Aeon of the Ancient Ones" (déjà dévoilé dans sa version démo). Franchement, ce sont des extraits prometteurs avec la touche old school de Nocturnus qui fait plaisir mais j’avoue être de base totalement vendu à leur concept. J’adore les vocaux de Browning, j’adore les riffs et en live ça dépasse tout simplement mes espérances, alors quand il annonce qu’ils vont reprendre “Chapel of Ghouls” de Morbid Angel (non sans glisser un tacle verbal à ses anciens collègues applaudi par Ross Dolan d’Immolation qui assiste au concert sur le côté), je suis hyper heureux et reprend avec ferveur la fameuse ligne de chant redoutable “Demons attack with hate!”. Un grand moment de nostalgie, mais surtout un concert quasi irréprochable. 
 

 

Abysmal Grief
Oriental
19:45

Raleigh Candélabres aux bougies rouges, bâtons d'encens incandescents, crânes, croix et statues de la Vierge profanées, Abysmal Grief donne le ton avant même de faire son entrée. L'ambiance surchargée de la scène va de pair avec la musique qui est sur le point d'être jouée.
Silence général, les membres arrivent. Necrohytus, le front-man, en costume, haut de forme et lunettes de soleil rondes, effectue une petite révérence à l'intention du public. Classique. Posant ses accessoires et plaçant correctement le micro, il prend une grande inspiration. C'est ainsi qu'il annonce le début des festivités par un grandiloquent ''Welcome to your grave !''. Véritable usine à tubes, le groupe montre toute l'étendue de son talent en faisant un sans-faute, avec au menu Hearse, Borgo Pass ou encore Ruthless Profaners.
Le set est tellement prenant et excellent que le temps passe à une vitesse folle, si bien qu'à la fin je me demande si le concert ne se termine pas prématurément. Mais non, 45 minutes viennent bien de s'engloutir dans le vortex impie des italiens d'Abysmal Grief.
Difficile à dire qui a pris le plus de plaisir entre le groupe et le public à la fin de la prestation. Mais en tout cas, ça aurait été volontiers que j'aurais assisté à un set deux fois plus long de cette formation qui mérite clairement à être plus connu. Seul bémol, un concert qui a commencé trop tôt dans la journée au lieu de se dérouler intégralement dans la nuit. Car quand on est Abysmal Grief, on joue le cliché à fond.

 


Goblin
Oriental
21:00

Nostalmaniac : L'annonce de Goblin au Brutal Assault m'a fait frissonner. Ou devrais-je écrire Claudio Simonetti's Goblin car l'entité est plus disputée que jamais avec d'anciens membres qui en réclament la légitimité. A tort ou à raison, je m’en moque un peu. Il faut dire que Goblin ne peut qu'être un nom très convoité, car il suffit à réveiller pour beaucoup la nostalgie des films d'horreur des 70's/80's et surtout ceux de Dario Argento (Suspiria, Dawn of the Dead, Creepers, etc). Je sais que j’avais râlé sur l’Oriental l’an dernier -  trop vite remplie avec effet entonnoir - mais si on prend la peine de venir à l’avance, y'a pas de raison de râler. C’est donc ce que j’ai fait et je suis au premier rang pour assister à ce grand moment du festival. L’Oriental est d'ailleurs vite noire de monde pour accueillir le compositeur italien et son groupe qui vont débuter avec "Mater Lacrimarum" tiré de la bande-son du film Mother of Tears et sur lequel on retrouve la voix de Dani Filth de Cradle of Filth. Pas le titre que je connais le plus mais il est parfait pour lancer le show et chauffer le public. Pour le reste, Goblin va bien sûr piocher dans de nombreuses bande sons connues ou moins connues dont Suspiria, Buio Omega, Zombi (Dawn of the Dead), Profondo Rosso, etc en profitant d'un écran qui nous permet de nous plonger dans l'ambiance de ces films parfois oubliés mais toujours présents dans l'imaginaire collectif. L'atmosphère n'est pas pour autant horrifique, surtout que Claudio Simonetti, aux airs de papy gâteau, est plutôt à l'aise pour communiquer avec le public et ne s'en prive pas pour introduire les morceaux et les resituer dans le temps. Il glissera aussi quelques facéties en utilisant par exemple l'effet voix robotisé sur l'extrait de Phenomena. C'est aussi un showman pour faire monter la pression sur le cultissime Suspiria en faisant participer le public sans toutefois complétement voler la vedette à ses musiciens, dont la plantureuse bassiste Cecilia Nappo qui m'impressionne beaucoup par son jeu. Les nombreuses acclamations sont à la hauteur de la prestation du groupe : monumentale! Un plaisir infini pour les yeux et les oreilles qui passe bien trop vite, malgré les rappels. Preuve de l'humour de Simonetti, il feindra de jouer "Jump" de Van Halen avant de quitter la scène une dernière fois. C'est tout simplement le meilleur concert auquel j'ai assisté du festival avec celui de Bölzer. Bravo!

FlorentClaudio Simonetti's Goblin, ou comment Nostalmaniac gagna un pari. Celui que mon concert de la semaine, à moi, si déçu de l'affiche, serait celui d'un groupe que je ne connaissais pas. La curiosité (et une journée pauvre en highlights) m'a en effet poussé à accompagner le plus grand nombre devant cette Oriental Stage si exiguë, mais tellement agréable – probablement la plus sympathique scène du festival – pour y vivre d'abord le grand concert d'Abysmal Grief (que je connaissais tout de même un peu), puis pour y découvrir ce Goblin intriguant.

Double confession : en plus d'être pour le coup ignare sur le plan musical, je le suis également sur le plan cinématographique puisque je n'ai jamais vu le moindre film dont Simonetti s'est chargé de la bande originale. Le tour de force du compositeur/claviériste est donc encore plus impressionnant... car j'ai été transporté de la première à la dernière note dans un univers dont j'ignorais tout et qui s'est pourtant dessiné sous mes yeux. Entre solennité et frissons (le duo Tenebre/Phenomena, grandiose, le thème si envoûtant de Suspiria), moments plus directs et aux entournures clairement metal comme Mater Lachrymarum où se pose le chant de Dani Filth (association logique à mes yeux, et je regarderai désormais le back-catalogue de Cradle Of Filth et ses références filmiques d'un autre oeil) et même des passages complètement groovy qui rappellent l'influence des bandes-son des années 80 sur toute la vague synthwave-darkwave (Perturbator joue un peu plus tard et... James Kent était spectateur attentif du concert!)... Goblin a donné une leçon de classe à l'italienne, musicalement comme humainement, Claudio Simonetti étant acclamé à plusieurs reprises et son groupe étant loin de servir de faire-valoir. De très loin le plus grand concert du festival et l'un des plus grands concerts que j'ai pu vivre. Rien que ça.


Wardruna
Metalshop
23:15

Raleigh : Et voilà qu'arrive enfin l'occasion pour moi de voir Wardruna. N'étant plus ''qu'une'' formation live désormais, j'ai toujours eu peur de ne pas pouvoir les voir avant qu'Einar Selvik décide de mettre définitivement un terme au projet afin de mieux se concentrer sur d'autres. À l'image d'Emperor et son Anthems to the Welkin At Dusk l'année dernière, c'est en partie pour Wardruna que je suis venu. Ma place étant trouvée au milieu de la foule compacte, il ne me reste plus qu'à attendre le début du set, avec un Danzig plus capable de tenir ses propres titres pour me faire patienter.
Bien évidemment, c'est Tyr et le son profond de ses cors qui démarrent le concert. Quinze ans depuis que la formation a été créée, et Einar Selvik n'a rien perdu de sa voix, ce qu'il prouvera tout au long des six morceaux joués, partagés également entre Ragnarok et Yggdrasil.
Visuellement, sobriété plus qu'extravagance domine. Des éclairages mettant en valeur les éléments actifs de la formation, laissant les autres dans le noir jusqu'à ce que vienne leur tour. Des flashs blancs intelligemment utilisés, venant projeter les ombres des membres du groupe à différents endroits sur la toile en fond de scène, le tout au même rythme saccadé de la musique. Des colonnes de lumières rouges et dorées retombant lentement sur la scène par dizaines comme une pluie fantastique, la vision est enchanteresse pendant toute sa durée.
Après cinq titres, Einar prend le micro non pour chanter, mais pour s'adresser au public, le remerciant de son accueil, puis annonce le dernier morceau qui sera joué ce soir. ''This is a music about death, about losing someone, about letting go and getting on. This is Helvegen.'' Ovation générale de la foule. Et en même temps, quel meilleur morceau pour clore cette incroyable prestation ? Fin de la performance, les yeux toujours fermés, il me faut digérer ce qui vient de se passer. Bien que je n'ai pas réussi à rentrer dans l'intégralité du set, je ne peux pas renier la majesté ni la magie de l'instant qui vient de s'achever. Terminer le festival sur ce concert est parfait, c'est tout ce que je demandais. Impossible pour moi de rester voir Perturbator. Wardruna quitte la scène, et moi le site, plus satisfait que jamais.

Hugo : Il est tard, c’est le dernier soir, et tous les festivaliers s’agglutinent devant la mainstage où jouera Wardruna. Parler de concert attendu est un euphémisme, d’autant plus pour ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de voir le groupe en concert. Et que dire… si ce n’est que je fus bouche-bée tout le long du show, parfait du début à la fin. Un concert d’1h10 sans aucun temps mort, où l’on se sent comme pris dans une transe indéfectible qui, me concernant, ne sera pas brisée par les quelques uns parlant trop fort autour. Toutes les compositions sont interprétées avec une justesse hallucinante, et les chants si envoûtants, éthérés. Aussi, le duo Einar / Lindy fonctionne à merveille, et cette dernière hypnotise l’ensemble de la foule quand les lumières sont projetées sur elles, son ombre géante sur le backdrop. Quel jeu de lumières, soit dit en passant ! Sur certains titres, on a vraiment l’impression d’assister comme à un jeu d’ombres chinoises. D’un côté les membres du groupes et, derrière, leurs ombres changeantes. Comme si la musique serait une passerelle entre le son et le non-palpable, la terre et le ciel. Alors quand résonne « Helvegen », dernier titre joué ce soir-là, en hommage à tous ceux qui sont partis, cette idée devient claire. Wardruna, c’est le pont entre notre monde et celui des forces qui nous dépassent. Si j’en crois les frissons qui me cueillirent ce soir-là, il devient évident que la réputation des Norvégiens est méritée. Un groupe intègre, sincère, que j’applaudis grandement.

Florent : Quel paradoxe. Alors que, comme je le confessais plus haut, c'est bien l'inattendu qui m'aura conquis cette année, le concert que j'attendais le plus, celui de Wardruna, sera ma déception de la semaine et probablement de l'année. Non pas qu'Einar Selvik et son groupe aient proposé un mauvais concert, loin de là : on est ici dans la perfection à l'état brut, une musique sortie tout droit du passé, interprétée à la perfection par des artistes au-dessus du lot. Wardruna donne l'impression d'être plus qu'un groupe, d'être une entité, et je conçois parfaitement que certains ressortent émotionnellement vidés d'un tel concert. Mon problème est justement là : j'espérais que ce soit mon cas... et je ne suis rentré dedans à aucun moment.

La faute non pas aux Norvégiens eux-mêmes, mais bien au cadre qui ne s'y prête pas. Entre les gens qui bavardent, rient, les lumières, les tests de stroboscope de Perturbator à gauche, je me frustre tout seul comme un grand. Raido me met des frissons, mais je finis par abandonner : ça ne marchera pas. Certains groupes ne sont pas faits pour le cadre d'un festival et j'ai peur que ce soit le cas...mais j'ai bien peur aussi que Wardruna soit devenu trop grand trop vite pour espérer les revoir dans un contexte plus intimiste.

 


Perturbator
Jägermeister
00:30

Florent : J'espérais vivre une bonne fête en clôture de ce Brutal Assault avec la musique dansante de Perturbator et malgré la déception consécutive au concert de Wardruna, difficile de bouder mon plaisir à l'idée de revoir James Kent (et ce même si je comprends mes camarades qui jugent l'enchaînement... peu opportun). En 2017, le concert de Perturbator à Dour avait été mon highlight de l'année et une fois encore, je finirai par me déhancher comme un possédé sur les rythmes darkwave/synthwave du désormais duo, Kent étant accompagné d'un batteur pour un rendu convaincant. 
Cependant, même si je reste fan de la direction prise par Kent sur album avec un EP très sombre et lourd, je reste sceptique sur le rendu live, l'arrivée sur Birth of a New Model surtout manquant peut-être un peu de pêche... mais permettant une montée en puissance idéale avec cette succession de tubes qui déboule juste derrière. Comme prévu, ce sont les extraits de l'incroyable Dangerous Days (ce Future Club!!!) qui m'enjaillent le plus, mais les titres s'enchaînent avec une fluidité épatante. Trop, peut-être : la faute à Danzig qui a prolongé son concert? La faute à mon envie de danser jusqu'au bout de la nuit? Le concert me paraît un peu court, voire un peu abruptement terminé. Human Are Such Easy Prey et sa montée en puissance géniale auraient dû m'achever ; elle me laisse au final en manque. Tant mieux : j'en redemande...


Aura Noir
Metalgate
00:50

Nostalmaniac Très fan sur album, j’avais hâte d’enfin découvrir Aura Noir sur scène et de voir ce que ça donne. Le dernier album ne m’a ni convaincu, ni déplu mais c’est pour le back catalogue que je suis le plus motivé. Un album comme « The Merciless » est pour moi un chef d’oeuvre de black/thrash, une sorte de synthèse parfaite entre Celtic Frost et Darkthrone. La setlist ne va pas me décevoir avec des titres comme "Condor", "Deep Tracts of Hell" et surtout un "Black Metal Jaw" ultime. Quelques soucis techniques en cours de set mais rien qui perturbe les Norvégiens baignés dans les lumières vertes, ni ne gâche un très bon concert trop vite emballé mais mémorable. Juste comme un goût de trop peu...
C'est ainsi que se termine mon festival, l'enchaînement avec la lourdeur d'Esoteric est compliqué et Wiegedood, que j'ai déjà vu, ne me passionne toujours pas.

 


Conclusion

Hugo En ce qui me concerne, le Brutal Assault fut mon premier vrai festival Metal à grande échelle, ainsi qu'à l'étranger. Habitué cependant aux festivals de manière plus générale, un aspect (sûrement le plus important), frappe instantanément à l'arrivée : l'organisation. Celle-ci, et ce durant les 4 jours, fut irréprochable.
On pourrait toujours trouver à redire, si vraiment on le voulait, mais force est de constater que l'organisation est d'un professionnalisme impressionnant. Quasiment aucune queue ni retard, une multitude de services à disposition (bars spéciaux, nourriture, merch, cinéma, KAL...), et surtout un système cashless que tous les gros festivals devraient adopter. Notons également la reprogrammation expresse le lendemain de Grave Pleasures et Obscure Sphinx après la coupure d'électricité. Peu de festivals peuvent se vanter d'en faire autant. 
Alors que dire de plus ? Le festival bénéficie d'un cadre unique, la forteresse de Josefov étant pleine de charme, et regorgeant de secrets. On a vraiment l'impression, en découvrant le site, de partir à l'aventure au travers des différents lieux et couloirs.
Ajoutez alors à ce cadre unique une organisation béton, une programmation extrêmement variée, ainsi que des prix (très) accessibles et une sensation de bien-être constant, et on y est. Un festival à taille humaine, où l'on ne se marche jamais vraiment dessus (hormis pendant certains concerts comme Behemoth), et l'on obtient un mélange détonnant qui donne une seule envie : y retourner. 
Le Brutal Assault bat des records, et réussit alors à être enthousiasmant du début à la fin. Sans aucun doute, un rendez-vous qui s'impose pour tous les fans de musiques extrêmes.

Nostalmaniac : Pour cette seconde édition que je fais à la suite, je retrouve tout ce que j’ai aimé l’an dernier. Une programmation assez variée et intéressante avec son lot de surprises et de curiosités qu'on n'imagine pas retrouver dans ce genre de festival (Laibach, Wardruna), des petits plus comme le ciné et l'expo mais également une ambiance toujours bonne en plus de ne jamais me sentir oppressé. Le passage à 130 groupes me laisse un peu sceptique, le running order devenant plus serré que jamais mais c’est tout le problème d’être très éclectique. La programmation de la K.A.L. était très intéressante cette année. 

Coté son, il y a une grande amélioration par rapport à l’an dernier, notamment à la Metalgate qui souffrait de quelques soucis.

Le site s'est un peu agrandi avec le Bastion X et je suis curieux de connaître les prochaines améliorations mais je suis convaincu que cette formule est la meilleure. Loin de la folie des grandeurs d'autres fests européens et par ses choix de programmation, le festival tire son épingle du jeu. Quoi qu'il en soit, le Brutal Assault a une âme et mérite vraiment la peine d’être vécu le plus intensément possible. A l'année prochaine ? Sans doute !

Le festival a déjà annoncé pour son édition 2019 (du 7 au 10 août) A Pale Horse Named Death, Anaal Nathrakh, Gutalax, Meshuggah, Napalm Death et Testament !

 

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Crédits :
Textes par l'équipe Horns Up.
Photos : Tomáš Rozkovec