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Notre sélection du Brutal Assault 2018

lundi 23 juillet 2018
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

A quelques semaines de la 23e édition du festival tchèque Brutal Assault, on a vous a concocté une sélection d'une dizaine de groupes qui ne sont pas forcément les groupes les plus attendus, au contraire de Cannibal Corpse, Danzig ou Behemoth, mais qui méritent d'être mis en lumière. 

Pour rappel, cette nouvelle édition du Brutal Assault se tiendra du 8 au 11 août à la Forteresse de Josefov à Jaromer (République Tchèque) avec un warm-up prévu le 07 août pour lequel joueront notamment Suicidal Tendencies et Root.

 


 

ALUK TODOLO
(10.08)

Hugo : Résumer la musique des Français d'Aluk Todolo n'est pas chose aisée. Je pourrais m'y essayer, en vous disant qu'on retrouve à la fois des inspirations Black Metal et Krautrock. Il est également évident que des groupes comme MagmaBlut Aus Nord ou Sonic Youth sont connus du trio. Mais comme spécifié sur la page bandcamp du groupe, Aluk Todolo joue "exclusivement" de "l'occult rock".
Ce qu'il faut souligner, c'est que mettre des étiquettes sur la musique du combo n'a, finalement, que peu d'importance. Laissons-nous bercer par cette esthétique sombre et mystérieuse, ces compositions progressives et psychédéliques, et ce show live qui promet d'être d'une rare intensité, éclairé par la seule lumière d'une ampoule.
C'est assurément l'un des concerts que j'attends le plus, surtout après l'excellent dernier album du groupe (Voix, paru en 2016), ce qui me rend très curieux du rendu du concert, surtout dans une telle configuration de festival.

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EXHORDER
(09.08)

Nostalmaniac : Alors que dernière reformation d'Exhorder avait tourné court à la suite du décès de son bassiste Frankie Sparcello en 2011, l'annonce du retour des Américains faisait l'effet d'une très bonne surprise. D'autant plus avec la confirmation d'une série de dates sur le Vieux Continent ! Il faut bien dire que si la bande à l'inamovible Kyle Thomas a beau ne s'être jamais extirpée du statut d'outsider du Thrash US au début des 90's et encore moins de proto-Pantera, ses deux albums ne sont pas tombés aux oubliettes. Paru en 1990 et produit par Scott Burns (reponsable du son des premiers Cannibal Corpse, Death et Deicide), « Slaughter in the Vatican » est une collection de huit morceaux imparables aux riffs incisifs et à la double pédale ravageuse qui se suivent à une cadence infernale. Une véritable leçon de rapidité avec ce coté groovy qui a fait d'Exhorder un pionnier très vite imité. Ce coté groovy et sudiste qui sera plus présent dans leur son avec l'album suivant, « The Law » en 1992. Comme vous l'aurez compris, plus de 25 ans après, le groupe a de grosses munitions et sera attendu de pied ferme sur le sol tchèque.

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GRAVE PLEASURES
(09.08)

Hugo : Grave Pleasures fait partie de ces groupes que j'attends au tournant en concert, d'autant plus après la sortie d'un disque monstrueux l'an dernier (chroniqué par Dolorès). Né sur les cendres de Beastmilk, et porté par un de mes chanteurs préférés (Mat McNerney), le groupe Post-Punk est très attaché aux atmosphères sombres, occultes, tout comme aux refrains résolument catchy.
Comble du bonheur, les derniers sets du groupe semblent occulter Dreamcrash, premier album de la formation après le split de Beastmilk, disque controversé et clairement moins emballant. Ne reste alors qu'à danser et chanter sur les hits de Climax et Motherblood, comme cette femme dansant dans un cimetière dans le clip de Joy Through Death. Un bon résumé de ce que devrait être le concert, en somme.

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INTEGRITY
(11.08)

Traleuh : Si l'affiche du Brutal Assault ne se distingue pas nécessairement par sa facette Hardcore, les organisateurs ont toujours su y apporter quelques pointures du genre. Et après Hatebreed et Terror l'année dernière, on retrouve cette année Nasty mais également Integrity, bien plus rare dans nos contrées, dont sa singularité mérite qu'on s'y attarde. Initié à la fin des années 80's, le groupe va très vite se distinguer de la masse par une approche plus sombre et dramatique du genre, ainsi qu'une vraie influence de la scène metal de l'époque. Si le mélange n'a en soi rien de bien neuf, le Crossover étant à l'époque bien établi, le son va progressivement se diriger vers quelque chose de plus unique, intégrant des influences Sludge Metal, Death Metal voire Black Metal, Dwid Hellion, le frontman du groupe, étant très client de ce dernier genre. Affinant leur mixture au fil des sorties, le groupe connaîtra une montée fulgurante jusqu'au gigantesque Season in the Size of Days paru en 1997, qui restera selon moi leur meilleur disque. Malgré cette formidable ascension, le passage à la décennie 2000 sera lui beaucoup plus compliqué, la faute notamment à plusieurs séparations, problèmes internes, ainsi que des choix artistiques somme toute assez discutables. Mais leur retour en l'an de grâce 2010 avec le diablement efficace The Blackest Curse aura remis la bête dans la course et ne fera par la suite qu'enchaîner les tueries jusqu'à son formidable Howling, For The Nightmare Shall Consume, qui s'écoute toujours par ici.

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LAIBACH
(09.08)

Hugo :  Laibach n'est pas qu'un groupe, et assurément pas un groupe comme les autres, du fait de sa riche histoire. Pour résumer, certains les connaissent pour leurs reprises de certains hits, transformant des morceaux comme "Life is Life" ou "Final Countdown" en hymnes Martial Industrial. D'autres auront remarqué que le groupe est également intimement lié au collectif d'artistes NSK (pour Neue Slowenische Kunst), inspiré par le dadaïsme, tournant en dérision les codes esthétiques des totalitarismes.
Mais Laibach c'est bien plus encore, car c'est avant tout un groupe qui s'est imposé comme un pionnier des musiques industrielles les plus expérimentales, et ce depuis les années 1980. Si on ne sait pas bien si le groupe axera son set autour de ses reprises de tubes pop et d'un album comme Spectre (hypothèse la plus probable), ou autour du plus sombre et oppressant Also Sprach Zarathustra, la présence des Slovènes à l'affiche reste un évènement.
Laibach c'est donc tout ça, et surtout un OVNI qu'il ne faudra pas manquer lors de cette édition du Brutal Assault.

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MESSIAH
(11.08)

Nostalmaniac : Du Thrash metal noirci et agressif de ses débuts aux flirts avec un death metal lourd mais aussi mélodique (j'oublie volontairement « Underground » paru cette maudite année 1994), la carrière de Messiah n'est pas facile à résumer, mais le groupe helvète a su rapidement acquérir un statut culte dans la scène underground européenne à travers un son unique, volontairement raw et evil mais aussi les vocaux terrifiants de Tschösi et une ambiance sinistre qui en fait des pionniers du Thrash/Death Metal et la réponse européenne à Possessed qui sévit alors outre-atlantique. L'enthousiasme qu'a suscité l'annonce de leur reformation en début d'année n'est donc pas du tout étonnant. Un retour sur le devant de la scène qui de plus passe en exclusivité par le Brutal Assault le 11 août prochain. Historique et inmanquable donc, qu'on soit nostalgique ou simple curieux. On peut imaginer que le groupe ira piocher allègrement dans ses premiers méfaits, dont mes préférés que sont « Hymn to Abramelin » (1986) et « Extreme Cold Weather » (1987). Une bonne excuse pour s'y (re)plonger, non ?

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MORTIIS
(09.08)

Traleuh : Parmi les performances les plus idiosyncratiques du festival – et donc fatalement les plus attendues par votre serviteur – les noms de Wardruna ou encore de Laibach seront sûrement les premiers à raisonner dans les esprits. Pourtant, le véritable petit événement de cette édition, et, de surcroît, cette année, restera selon moi l'annonce de Mortiis, qui interprétera donc sa mythique Era I (de Født til å herske à Keiser av en dimensjon ukjent). Au-delà du retour d'une époque particulière, son ambiance, ses ambitions artistiques, c'est bel et bien toute une scène que pourrait débloquer Mortiis sur les rails de la performance scénique, cette même scène qu'il enfanta vingt-cinq ans plus tôt : le bien-nommé dungeon synth. On peut déjà mentionner le néerlandais Old Tower, génial fils spirituel de Mortiis, qui a suivi les traces de papa en s'offrant une prestation à l'occasion de la dernière édition du Roadburn. Mais loin de m'en contenter, j'attends déjà fébrilement les ThangorodrimVindkaldr et autre Fief, noms déjà bien installés dans cette nouvelle vague Dungeon Synth, particulièrement variée et intéressante. Recrudescence ou non, la performance de Mortiis restera en tout cas un moment particulier et profondément intimiste, dont il serait fort regrettable de se priver.

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OBSCURE SPHINX
(08.08 - 09.08)

Traleuh : Deux albums, deux coups de maître. C'est avec Void Mother et Epitaphs qu'Obscure Sphinx aura exposé à la scène son univers, son ton, sa patte. Deux diamants noirs, d'apparence impénétrables, mais cachant un formidable torrent d'émotions. Deux merveilles d'un mélange de genre unique, empruntant aussi bien à la noirceur du Sludge qu'à la facette atmosphérique du Post-Rock. En deux disques, Obscure Sphinx sera ainsi passé de secret le mieux gardé de Pologne à une véritable petite attraction, aussi bien en studio que sur le plan de la performance live. Car si les Polonais brillent sur disque, c'est bien sur scène que leur talent se fait le plus éclatant, grâce notamment à leur fantastique frontwoman, Wielebna, passant sans peine de vocaux intimistes à des hurlements furieux, le tout enrobé d'un jeune de scène proprement habité. Là encore une (double) performance à ne manquer sous aucun prétexte, à part peut-être lors des séances de rattrapage prévues pour septembre et octobre prochain, en compagnie d'Amenra. Rien que ça.

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RATOS DE PORAO
(08.08)

Nostalmaniac : De Sepultura à Nervosa, Ratos de Porão a indéniablement influencé une flopée de musiciens de la scène extrême en Amérique latine. Une énergie punk/hardcore empruntée à Discharge, des paroles contestaires et une bonne dose d'agressivité sont les ingrédients de leur premier album devenu légendaire, « Crucificados pelo Sistema » en 1984. Plus qu'un crachat acide de jeunes enragés, c'est un défouloir d'à peine 19 minutes sans aucune concession sur fond d'inégalité sociale et d'oppressions. Près de 35 ans après et une dizaine d'albums plus tard, les Brésiliens ne semblent rien avoir perdu de leur fougue et de leurs revendications. Moins connu en Europe, leur passage au Brutal Assault rassemblera à coup sûr les amateurs de crossover, de hardcore et de punk.

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TORMENTOR
(08.08)

Nostalmaniac : Grandement popularisé par Dissection et sa superbe reprise d'Elisabeth Bathory en 1996, Tormentor fait partie des légendes Black Metal de l'Est. Atypique et extrêmement original pour l'époque malgré l'influence évidente de Bathory, on retrouve au chant un certain... Attila Csihar (Mayhem) dont la technique vocale est déjà terriblement impressionnante et unique sur les premières démos. A cause du régime communiste en place dans les 80's en Hongrie, Tormentor resta un secret bien gardé jusqu'à la chute du rideau de fer. D'abord paru en tant que démo en 1989 puis réédité en album chez Nocturnal Art Productions en 1995, « Anno Domini » serait sans aucun doute bien placé dans un top 20 de mes albums Black Metal tellement il ne sonne comme aucun autre album du genre et a du influencé énormément de formations. Autant dire que l'annonce d'une incarnation live avec Attila m'a laissé beaucoup de frissons. Rendez-vous donc le 08 août pour une soirée qui s'annonce, je l'espère, inoubliable au sein de la forteresse tchèque.

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WRATHPRAYER
(10.08)

Nostalmaniac : Signés chez Nuclear War Now! Productions (Blasphemy, Bestial Raids, etc), les Chiliens de Wrathprayer ont sorti en 2012 un premier long format écrasant, « The Sun of Moloch », sur les traces du chef d'oeuvre « Seven Chalices » de Teitanblood. Un Death/Black sale et abrasif qui fascine par son intensité démoniaque et ses guitares massives. De passage en Europe, les organisateurs du Brutal Assault ont eu la bonne idée de convaincre le combo sud-américain (qui partage des membres avec Oraculum, également présent à l'affiche) qui n'a pas l'habitude de venir souvent en Europe et dont le dernier effort (un split avec Force of Darkness paru en décembre 2017) démontre un savoir-faire intact. À ne pas manquer, donc...

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La Kal Stage est la petite scène indoor du Brutal Assault qui ouvre sa programmation à des artistes internationaux indus/ambient/noise et power electronics.

KAL STAGE
 

APOPTOSE

Hugo : Apoptose est une entité mystérieuse opérant dans un style Dark Ambient, signature du prestigieux label allemand Tesco Organisation. Clairement influencé par des disques comme Hliðskjálf de Burzum, le groupe est également adepte de sonorités plus électroniques, modernes, voire de musiques Folk.
Apoptose fait partie de ces groupes qui prennent leur temps, qui prennent le temps nécessaires pour tisser de véritables ambiances solennelles. Le set promet d'être introspectif au possible, et embaumera la KAL d'une atmosphère ritualiste teintée de paganisme, faisant légèrement écho à Wardruna jouant le samedi. Beaucoup d'adjectifs pour désigner un moment qui risque surtout d'être hors du temps, à apprécier autour d'un verre d'absinthe, d'autant que le concert devrait coïncider avec la sortie du nouvel album du groupe.

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LAMIA VOX

Nostalmaniac : Cette année les programmateurs de la Keep Ambient Lodge stage ont décidé de mettre à l'honneur des artistes féminines de la scène ambient/noise, dont Alina Antonova. Et effectivement c'est une scène qui compte énormément de talents féminins. De son nom de scène Lamia Vox, elle est sans aucun doute une des têtes d'affiche de la KAL. L'artiste originaire de Saint-Pétersbourg propose un dark ambient incantatoire et quasi-méditatif, comme le prouve son excellent album « Sigillum Diaboli » de 2013 que je conseille vraiment de découvrir et dans lequel on retrouve aussi des sons plus tribaux et même martial indus pour un résultat absolument hypnotique, ensorcelant... Dangereusement ensorcelant sur fond de rituels et d'occultisme. Voilà qui mérite d'être découvert en live.

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Pour en savoir plus sur le festival : http://brutalassault.cz/en/