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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Stonegard

From Dusk Till Doom

LabelIndie Recording
styleMetal nuancé
formatAlbum
paysNorvège
sortieseptembre 2008
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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Si vous pouvez écouter ce deuxième album de Stonegard c'est grâce à la persévérance du groupe qui après avoir sorti ses deux albums dans la confidentialité de leur pays d'origine : la Norvège a parcouru pas mal de chemin jusqu'à arriver dans les papiers de Indie Recordings. A partir de là, ils ont décidé (et ont eu les moyens) de ressortir ce deuxième album avec un son grossi et plus adapté à leurs ambitions ainsi qu'une nouvelle pochette fort réussie. Mais alors le ramage est il à la hauteur du plumage ? Puisque sous le soleil rien de nouveau, qu'est ce que Stonegard propose de si exceptionnel que cela méritât une réédition ?

Neuf titres, et une durée d'environ trente-cinq minutes, voilà l'ossature de From Dusk Till Doom. D'ailleurs le titre de cet album est aussi une réussite, j'aime la poésie et le désespoir qui se dégage de ces mots. Les Norvégiens se réclament du métal moderne, à la croisée de plusieurs mondes et plusieurs humeurs, entre énergie et progressivité, alternant les ambiances et les styles. Si l'on veut poser des limites à la musique de Stonegard le nom de Tool est souvent évoqué, et on retrouve leur côté ambiance travaillée dans Crooked Feathers. C'est surtout le côté doux, contenu et que l'on sent prêt à exploser qui est exploité. La comparaison devient presque gênante avec Rescue car la ressemblance est tellement frappante que l'on s'approche de l'inspiration plagiaire. On pourra trouver ça étrange puisque ce titre sort du lot par son manque d'homogénéité avec le reste : trop typée Tool, trop à part du reste (sauf de Blade qui reprend un peu le même principe). Une démonstration de leur savoir-faire.

Démonstration qui couvre tous les titres de l'album, les Norvégiens ont essayé de maintenir un cocktail de plusieurs choses : de la mélodie avec un chant clair sur la majorité des chansons, de la brutalité avec des rythmes très enlevés se rapprochant du Métal extrême (Helios Curse déborde un peu sur le black avec des cris et ses quasi blasts), des parties plus faciles qui rentrent bien dans la tête comme le refrain de S&C ou les riffs de The Last Good Page, de la technique un peu tordue avec le rythme Toolien de Blade, quelques ambiances. Bref un panaché de ce qui se fait de mieux dans le monde du métal actuel. Et pourtant, malgré ses nombreuses qualités intrinsèques, je n'arrive pas à vraiment me connecter à l'album, j'ai cette désagréable impression que tout part dans tous les sens et qu'on ne découvre pas un vrai fil conducteur, qu'on tire un peu toujours vers le même point : parties mélodiques puis parties rapides. Le tout dirigé par la voix très particulière de Torgrim Torve qui casse volontairement le cadre en appliquant une voix claire sur des parties que l'on verrait plus extrêmes. Un pari assez risqué qui a fini par me lasser, car au delà de l'audace musicale on peine un peu parfois à accrocher à ce grand écart aux allures quelques fois dissonantes.

Cette idée de furie mélodique est un concept difficilement exploitable, et même si on écoute Stonegard comme un groupe qui sort ouvertement du lot par ces côtés originaux, on ne les valorise pas toujours à cause du fouillis musical dans lequel on se trouve. Restent quand même cette énergie brute, et ces musiciens qui ont composé avec leur spécificité. On pourrait presque dire qu'ils ont bâti leur album autour de leurs envies et talents différents et uniques plutôt qu'à rechercher la cohérence. Donc sans que personne ne tire la couverture à lui (la présence des instruments est plutôt homogène), ils ont créé. Surprenante attitude.

En plus, je fais la fine bouche puisque le groupe a cessé d'exister pour causes de dissensions internes. Donc ce disque est en quelque sorte un testament studio. Je pense que Stonegard n'aura pas eu le temps et l'occasion de percer hors de son pays. Ils sont un peu condamnés à rester « grands dans leur pays » pour utiliser l'expression consacrée qui veut surtout dire qu'ailleurs leur musique n'a pas vraiment convaincu. A écouter pour l'histoire, mais From Dusk till Doomne restera pas en tête de gondole pour moi.

1. From Dusk Till Doom
2. The Last Good Page
3. Morpheon
4. Crooked Feathers
5. Helios, Cursed
6. Rescue
7. S&C
8. Blade
9. Locust