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Album

17 mai 2018 - Rodolphe

Godsmack

When Legends Rise

LabelBMG
styleHard-Rock
formatAlbum
paysEtats-Unis
sortieavril 2018
La note de
Rodolphe
5.5/10


Rodolphe

Ancien de Spirit Of Metal. Passionné de Grunge, de Post-Grunge et de Metal Alternatif.

On peut considérer qu'à partir du moment où la compilation Good Times, Bad Times... Ten Years of Godsmack a été délivrée, la carrière solo de Sully Erna a toujours eu un plus grand intérêt musical que les deux albums de Godsmack qui ont suivi (The Oracle, 1000HP), dont les morceaux oscillaient entre le potable et le dispensable. Sous certains aspects, The Oracle présentait toutefois l'intérêt d'avoir été enregistré au même studio (Serenity West Studioset la même année que le chef-d'oeuvre de tribal rock qu'était Avalon, ce qui explique les points communs entre les deux travaux, certains morceaux de The Oracle (What If?, The Departedrejoignant ceux du projet de Sully Erna, et inversement. Mais voilà, au bout de deux décennies d'activité (sans pause), les rejetons d'Alice In Chains semblent n'avoir plus rien à prouver à un public qui leur est déjà acquis, depuis les sorties à succès du début des années 2000. La preuve : à la publication de 1000HP en 2014, le maire de Boston a décidé que dans sa ville, le 6 août serait le jour dédié à Godsmack, le "Godsmack Day", un peu comme un groupe que l'on récompenserait à la fin de sa carrière... Néanmoins, en dehors de la qualité - contestable - de ce septième disque, When Legends Rise marque une évolution, de loin la plus importante de leur histoire.

Là où Godsmack se fatiguait à faire traîner en longueur les titres de 1000HP et à s'habituer à ce surplace artistique - excepté quelques bonnes idées telles que Generation Day ou Locked & Loaded -, cet album penche pour une musique directe et sans détours. Le groupe choisit de s'écarter du metal alternatif étouffant sur lequel il a bâti sa réputation pour s'ouvrir à un hard-rock typé FM (Bulletproof, Let It Out), marqué par un contenu lyrique positif et extrêmement plus léger que par le passé, comme en témoigne "I pray I'm okay for now", extrait de Someday. Ce qu'il est intéressant de relever, c'est que malgré une production très clean et la présence assumée de morceaux quasi-radiophoniques, on peut entrevoir des bribes de son passé sur le pont étonnament très metal de When Legends Rise, construit autour de riffs agressifs et des tambours de Shannon Larkin. Mais la piste la plus fidèle au Godsmack des trois premiers albums (pour ne pas dire la seule !), reste Just One Time sur laquelle on ressent des émotions peut-être un peu plus sombres au niveau des couplets, et où le maître Tony Rombola nous assène un court solo dans le style de Straight Out of Line. Toutefois, il est évident qu'au regard de ce que les fans du groupe attendaient de cet album, il s'agit d'un bien piètre lot de consolation, car When Legends Rise emprunte une direction tout autre... Ceux qui reprochaient déjà au single Bulletproof d'être trop porté sur le mélodique seront à coup sûr désorientés, et prendront la corde.

Pourtant, l'entrée en matière était loin d'être inintéressante, avec un enchaînement de deux titres en dessous des trois minutes, When Legends Rise et Bulletproof, qui véhiculaient une certaine forme d'urgence, en cohérence avec la volonté de Godsmack d'épurer au maximum sa musique et de miser sur l'efficacité plutôt que sur les ambiances. Seulement, la plupart des morceaux de la tracklist sont génériques et possèdent un son passe-partout, c'est-à-dire avec très peu d'identité. C'est le cas d'Eye of the Storm qui démarre par un "let's go" d'assez mauvais goût, avant de mettre sur la table des riffs à la sauce Nickelback, passablement inspirés. Si les choeurs n'innondent pas l'album, ils participent à le rendre encore plus accessible qu'il ne l'est, en faisant basculer des chansons comme Unforgettable du côté pop-rock. En effet, les voix d'enfants du Gilbert H. Hood and West Running Brook Choir permettent d'insufler une dynamique "positive" au titre, un peu dans le style d'un Shinedown, mais dans le fond, cet ajout de choeurs sert à remplir les creux et à "remplacer" Sully Erna, en perte totale d'aura. Malgré tout, le passage à la guitare acoustique entre 2:13 et 2:22 est bien placé. Il fait partie des rares moments de When Legends Rise, avec Under Your Scars, la ballade symphonique, où Godsmack retrouve la passion qui l'animait à ses débuts, et crée quelque chose de plus grand que des titres centrés à 100 % sur les "chorus".

En vérité, il n'y a pas grand chose à dire sur cet album, si ce n'est que les chansons qui le composent ne vont pas chercher très loin. On peut reconnaître à When Legends Rise quelques refrains accrocheurs, mais rien qui ne soit à la hauteur de l'énorme potentiel de Godsmack. Avoir opté pour le jeune Eric Ron à la production qui a davantage travaillé avec des artistes -core (Blessthefall, New Years Day) que metal alternatif était une mauvaise idée...

 

Tracklist :

  1. When Legends Rise (2:52)
  2. Bulletproof (2:57)
  3. Unforgettable (3:28)
  4. Every Part of Me (3:20)
  5. Take It to the Edge (3:15)
  6. Under Your Scars (3:51)
  7. Someday (4:44)
  8. Just One Time (3:09)
  9. Say My Name (3:38)
  10. Let It Out (3:41)
  11. Eye of the Storm (3:21)