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Album

11 mars 2018 - S.A.D.E

Hemelbestormer

A Ring Of Blue Light

LabelVàn Records
stylePost Metal
formatAlbum
paysBelgique
sortiemars 2018
La note de
S.A.D.E
7.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

On le sait depuis quelques années maintenant, mais il est toujours bon de le répéter : en terme de musiques lentes et lourdes, la scène belge est clairement l'une des plus vibrantes du moment. Assertion confirmée une nouvelle fois avec le deuxième album de Hemelbestormer, A Ring Of Blue Light. Formé en 2012, ce quatuor s'était déjà fait remarquer à la sortie de Aether en 2016, dévoilant un post-metal instrumental riche tant dans sa composition que dans sa palette émotionnelle.

Et deux ans plus tard, débarque ce que l'on pourrait considérer être la suite du voyage. En effet, dès la pochette, on sent la continuité directe avec Aether : de nouveau, une montagne massive se détache sur une voûte celeste étoilée, ornée (la montagne) du cercle de lumière bleue dont il est question dans le titre. Quant à la musique, c'est encore la carte de la continuité que nous propose Hemelbestormer : A Ring Of Blue Light reprend les grands arcs stylistiques de Aether, à savoir une hybridation entre doom, postcore et postrock, le tout complété occasionnellement par des incursions dans d'autres styles (un peu de drone, quelques sensations Black Metal, notamment). L'essentiel de l'album repose sur une armature de riffs bien épais et consistants, déroulés sur de longues plages narratives où se met en place une progression discrète : dès le premier titre, Eight Billion Stars, on découvre cette manière de composer, avec un riff central qui s'enrichit de nappes et d'une base rythmique variée au fil des mesures, ouvrant un champ émotionnel large, où s'enchevêtrent colère, mélancolie et soulagement. Et ce qui est vraiment bluffant, c'est qu'on ne se rend compte qu'après coup avoir été traversé par toutes ces émotions : Hemelbestormer parvient à garder en permanence une forme de retenue qui rend le voyage imperceptible sur le moment mais grandiose une fois arrivé au bout.

Bien évidemment, tout ce travail minutieux sur les atmosphères et les ambiances aux nuances subtiles nécessite un son de qualité ; celui de A Ring Of Blue Light est exemplaire. Les guitares peuvent aussi bien être lourdes et menaçantes, comme sur le dronisant Clusters, que lumineuses et apaisantes, à l'image de l'intro très (post)rock de Towards the Nebula. Côté rythmique, la basse est ronde comme il faut, tantôt douce, tant plus rugueuse, tandis que la batterie est elle aussi bien mixée, avec un léger bémol sur les cymbales qui auraient pu mériter de scintiller un peu plus sur certains passages. Et que dire des arrangements ? Ils sont partout : nappes, grésillements, bidouillages synthétiques, les Belges ont recours à une multitude d'éléments discrets pour enrichir leur musique. Hemelbestormer se classe donc quelque part entre un Ufomammut et The Ocean : du premier, le groupe a saisi la puissance sonore et le sens de l'habillage sonore, et du second, on retrouve une certaine froideur un peu cérébrale mais néanmoins capable de véhiculer de l'affect.

Le seul vrai défaut de A Ring Of Blue Light est sa durée. Pris indépendamment, chaque titre est solide, tient la route et nous transporte sans effort. En revanche, l'écoute intégrale de l'album tire un peu longueur, on amputerait volontiers quelques mesures ça et là pour arriver plus vite au bout. On est bien sûr loin de l'écoeurement quand on a terminé la galette, tout est vraiment bien fait sur l'album, mais on sent bien qu'il gagnerait en impact en étant un tout petit peu plus dense et ramassé.

Hemelbestormer nous égare un peu avant la fin de voyage. Et c'en est dommage, parce qu'à aucun moment la qualité musicale ne manque à l'appel. Il s'agit juste d'un problème d'équilibrage, qui en plus variera d'un auditeur à l'autre, selon son endurance. A Ring Of Blue Light est donc un album solide et captivant, un poil trop long, mais toujours intéressant.


Tracklist de A Ring Of Blue Light :
01.Eight Billion Stars
02.Clusters
03.Towards The Nebula
04.Blue Light
05.The Serpent Bearer