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Album

31 janvier 2018 - Dolorès

Katla

Móðurástin

LabelProphecy
styleRock / Atmosphérique / Metal
formatAlbum
paysIslande
sortieoctobre 2017
La note de
Dolorès
8/10


Dolorès

Non.

Bien que le nom de ce groupe ne vous dise probablement rien du tout, il est tout de même possible qu’il ne vous soit pas si inconnu. Tout d’abord, si vous avez visité l’Islande, vous avez peut-être entendu parler de ce fameux volcan Katla, dont les habitants du pays redoutent l’éruption malgré la glace qui le recouvre actuellement. Il s’agit également du nom du nouveau projet de Guðmundur Óli Pálmason, Gummi pour les intimes, ex-acolyte de la tête pensante de Sólstafir. En effet, après son départ (plutôt forcé) en 2015 du groupe, le musicien souhaitait s’approprier un nouvel exutoire pour sa musique et a fait appel à Einar Thorberg Guðmundsson pour former le duo nommé Katla.

C’est ainsi que deux ans après, en octobre 2017, nous est parvenu Móðurástin, première création de ce projet sous le label Prophecy. Si, malheureusement, la sortie de l’album n’a pas eu le même impact qu’une éruption volcanique, il faut tout de même avouer qu’il avait une carrure suffisante pour créer un bel engouement. Comment se fait-il que Katla n’ait pas plus percé que cela ces derniers mois ?

Allons droit au but : pour tous les déçus des dernières sorties de Sólstafir, dont je fais partie, Katla est un vent explosif de fraîcheur qui fait grand bien aux tripes. C’est bien composé, ça reste en tête, et ça ne tombe jamais dans la facilité pour autant. Au niveau des influences, ça oscille réellement entre Rock atmosphérique, à tendance parfois électronique (« Aska ») parfois pop (« Nátthagi »), et une composition plus Black ou Post-Black (« Hreggur », « Kul »), avec quelques pulsions néoclassiques données par le piano et le violoncelle (« Móðurástin »). Katla semble, dit comme cela, s’étendre dans trop de directions à la fois, mais en réalité l’ensemble fonctionne totalement.

Mais ne vous attendez pas à écouter un album de Metal. Je ne voulais pas continuer plus longtemps la comparaison mais force est d’avouer que le style se rapproche fortement de celui de Sólstafir, dans ses récentes sorties, depuis Svartir Sandar dirons-nous. Katla propose une musique bien plus variée, qui pioche beaucoup plus dans les extrêmes, mais les structures et le chant ne sont pas totalement étrangers à l’ancien groupe de Gummi.

J’ai une immense préférence pour le titre final, « Dulsmál ». Une intro à sample, dramatique à souhait, un refrain qui résume à lui seul ce que je décèle comme étant le principal atout de la voix : sa sincérité et sa simplicité, dans une intonation presque voluptueuse ici. Cette progression tout en crescendo, de pistes qui s’ajoutent les unes aux autres pour former une harmonie chaotique, c’est exactement ce que j’attends d’une pièce finale pour ce genre d’album, et ça fonctionne à tous les coups.

Gummi insiste beaucoup sur son inspiration presque exclusivement puisée dans la nature islandaise, mais je dois avouer que si je la ressens comme chez beaucoup de groupes islandais, Katla m’apparaît beaucoup plus moderne sur bien des points. L’atmosphère y est moins lancinante et vaporeuse que chez Sólstafir, Sigur Rós, ou la plupart des groupes à tendance atmosphérique/post-rock du nord de l’Europe. Katla a ce côté mécanique, un peu brusque, ces structures aux rythmiques marquées, ce qui fait son originalité.

Sans être une adoratrice de cet album, je dois avouer que l’ensemble m’a grandement surprise et que j’en retiens beaucoup de points positifs. Après une écoute assez intensive de Móðurástin, j’en conclus qu’une suite serait la bienvenue, notamment car il reste sans doute de nombreuses pistes aux influences diverses à mettre en scène sous le nom de Katla. Le seul point que je redoute serait la redondance du chant qui, s’il est parfois mémorable, reste souvent monotone, dans la même veine, la même intonation et la même structure de lignes de chant. Il est tout de même loin d’être en retrait, alors un peu plus de prise de risque à ce niveau serait un véritable plus. En attendant et pour le reste, chapeau.


1. Aska
2. Nátthagi
3. Hvila
4. Hreggur
5. Kul
6. Móðurástin
7. Dulsmál